[le site de Fabienne Swiatly ]

Le métallisé des eaux profondes, le bleu glacé des torrents.

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Tinqueux- architecture de ville nouvelle qui vient s'adosser à Reims. Habitations plus qu'habitants. Longueurs de rues qui ne parviennent pas à se définir un centre. Rond-points qui malgré l'arrondi  prolongent la ligne droite. Dans la trouée d'un ensemble d'immeubles, les deux tours de la cathédrale. Déjà la gare Champagne-Ardennes qui donnait l'impression de s'arrêter en plein champs et c'était vrai. Le ciel qui prend toute sans ampleur dans la plaine puis la surprise d'une remontée de vignes. Etrange sensation que de se retrouver en un tel lieu. Et pourtant le Centre culturel qui offre d'abord un public d'enfants : c'est déjà bien d'écrire de la poésie. Puis le soir, ceux qui semblent venir de nulle part tant la géographie des lieux restent un mystère pour moi, et qui écoutent, interrogent ce que je suis venir lire avec le peu de voix qui me reste. Stimmlos encore une fois et pourtant bien là. Et l'on m'a invitée à écrire pour un joyeux et vital manifeste : le droit à être dans la lune !

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Dans le cadre des Petites Fugues, j'ai rendez-vous avec un groupe de jeunes en insertion professionnelle et sociale à l'Epide de Belfort. Sous la tutelle du ministère de la Défense, près d'une centaine de jeunes volontaires viennent suivre des formations dans ce centre. Internat et uniformes obligatoires. Ils sont libres de quitter le programme à tout moment. Devant l'austère bâtiment et les uniformes qui donnent un air de détention au lieu, j'ai quelques hésitations, mais le dynamisme et la générosité de l'équipe, à tous les niveaux de la hiérarchie, m'obligent à changer de regard. Un groupe de volontaires a étudié Boire. Ils me lisent des extraits de leurs propres textes. L'échange est sympathique. Certains propos sur mon écriture me touchent par leur subtilité. A un moment, nous évoquons leurs envies, leurs rêves. L'un d'eux, un grand gaillard aux allures de garde du corps, me dit qu'il ne réalisera jamais son rêve, d'ailleurs un adulte le lui a dit. Je m'étonne et lui demande quel est son rêve ? Aller sur la lune ! Dans un premier temps, je réponds que personne n'a le droit de dire qu'il n'ira jamais sur la lune ou juste à côté. Que personne n'en sait rien. Puis je me souviens que dans mon sac, il y a le Manifeste du droit à être dans Lune. Comme un cadeau au présent. Ce recueil édité par le centre culturel de Tinqueux regroupe des textes d'écrivains, philosophes illustrés par le travail de plasticiens et photographes. Je lui montre la couverture d'un joyeux rose vif et  l'invite à en lire le titre à voix haute. Puis, je lis à tous un extrait que j'ai écrit et qui se termine ainsi : J'ai emprunté les droits de l'homme pour les intérêts de la femme / J'ai étendu mes espérances sur le fil des grands jours / J'ai dit nous et quelqu'un ma répondu / J'ai visé la lune, elle a de jolies fesses. Il y eu du silence, des rires, puis nous avons partagé un goûter. Dans la voiture, je me suis demandée quel intérêt, nous avions à assigner les jeunes à un avenir aussi étroit. Petit. Sans rêve. Un avenir dont nous-même ne voudrions pas. Heureusement la vie a bien plus d'imagination que nous. 

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Ma résidence au Centre de Créations de Tinqueux/Reims a débuté. J'ai choisi de travailler sur le thème du caillou. Petit objet, omniprésent, que l'on choisit dans la masse pour le faire ricocher sur une rivière, le lancer au loin, le regarder de plus près, le glisser dans une poche parce qu'il a une vague forme de visage ou, comme dans la tradition juive, le déposer sur une tombe que l'on vient de visiter. La pierre dit : je suis venu. Caillou, objet insignifiant, qui révèle parfois un fossile, une pépite, un cœur en quartz. Il suffit de regarder de plus près. Pendant cette résidence où je vais travailler avec des primaires et des lycéens en bac pro, je proposerai des lectures, des temps d'écriture et des prises de photo sur ce thème. En attendant, dans la chambre de l'hôtel, j'expérimente l'aspect photographique. Pas facile de se prendre soi-même en photo. Je dois tendre la main, tordre le buste... A l'arrivée, cette photo où ma main me semble monstrueuse. Un animal étranger à ma personne. Moi, qui ai mis des années à me réconcilier avec mes mains, car longtemps j'ai eu, de tradition familiale, deux mains gauches (pas vraiment pratiques), me voilà avec une bête qui se tord autour d'un caillou des plus banals. Un caillou ramassé vers la cathédrale alors que passait devant moi un homme tirant deux chiens de traineau, avec sur sa tête une étrange chapka de fourrure. Il semblait chercher désespérément une terre polaire, alors que j'auscultais le sol à la quête d'un caillou. Posture assez inhabituelle aussi. A chacun sa terre inconnue. En tout cas souvenez-vous, caillou, hibou, genou, chou, joujou, pou, bijou prennent un x au pluriel. Et un caillou qui se révolte se transforme rapidement en pavé provoquant parfois une guerre des pierres. L'arme des plus démunis.

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Je suis en résidence au Centre culturel, Centre de Créations pour l'Enfance de Tinqueux-Reims (Michel Fréard à l'origine du lieu, tenait beaucoup au s de création). Depuis quelques mois, c'est Mateja Bizjak qui dirige l'endroit. Et c'est un lieu vraiment stimulant. Comme y sont proposés des ateliers (terre, musique, arts plastiques...) principalement pour les enfants, mais aussi pour adultes, que l'on peut y voir des expos imaginées par le Frac, des expos créées in situ, entendre des poètes et en lire (c'est une maison de la Poésie) et qu'on y accueille régulièrement maternelles, primaires et lycées, il règne ici une effervescence sympathique, proche de l'esprit Education populaire. Le Centre de Créations offre des prestations grand public sans rogner sur l'exigence. Le grand public a un cerveau plus large qu'une bouteille de Coca, n'en déplaise aux mercenaires de TF1. Valérie Rouzeau, poète, a pendant une dizaine d'années décrété la Décarêmélisation de la poésie (et toc !) au coeur de la revue Dans la lune, ici on prend les enfants au sérieux. Personnellement, j'y trouve un espace de travail où je peux mêler mes écrits aux arts plastiques, à la photo et aux aiguilles de sapins (ben oui, c'est bientôt Noël). C'est un lieu généreux où l'on veut croire à la nécessité de la création et du partage, où le cynisme n'est plus la seule réponse à l'état de crise du monde. On oublie d'ailleurs, trop souvent de préciser que crise vient du mot grec Krisis, moment clé, moment où ça doit se décider. Le monde est en crise, tant mieux, le tout libéral est un modèle économique qui ne fonctionne plus. Les nantis ont les poches tellement pleines qu'il ne parviennent plus à avancer, donc à penser. Face à leur obésité, nous sommes bien obligés de reprendre les commandes. Le monde est en crise et au Centre de Tinqueux, parfois avec des bouts de ficelles (colorées !), on parvient à inventer de l'ailleurs, du différent et à choisir l'espoir comme moteur de vie.

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