Je suis en résidence au Centre culturel, Centre de Créations pour l'Enfance de Tinqueux-Reims (Michel Fréard à l'origine du lieu, tenait beaucoup au s de création). Depuis quelques mois, c'est Mateja Bizjak qui dirige l'endroit. Et c'est un lieu vraiment stimulant. Comme y sont proposés des ateliers (terre, musique, arts plastiques...) principalement pour les enfants, mais aussi pour adultes, que l'on peut y voir des expos imaginées par le Frac, des expos créées in situ, entendre des poètes et en lire (c'est une maison de la Poésie) et qu'on y accueille régulièrement maternelles, primaires et lycées, il règne ici une effervescence sympathique, proche de l'esprit Education populaire. Le Centre de Créations offre des prestations grand public sans rogner sur l'exigence. Le grand public a un cerveau plus large qu'une bouteille de Coca, n'en déplaise aux mercenaires de TF1. Valérie Rouzeau, poète, a pendant une dizaine d'années décrété la Décarêmélisation de la poésie (et toc !) au coeur de la revue Dans la lune, ici on prend les enfants au sérieux. Personnellement, j'y trouve un espace de travail où je peux mêler mes écrits aux arts plastiques, à la photo et aux aiguilles de sapins (ben oui, c'est bientôt Noël). C'est un lieu généreux où l'on veut croire à la nécessité de la création et du partage, où le cynisme n'est plus la seule réponse à l'état de crise du monde. On oublie d'ailleurs, trop souvent de préciser que crise vient du mot grec Krisis, moment clé, moment où ça doit se décider. Le monde est en crise, tant mieux, le tout libéral est un modèle économique qui ne fonctionne plus. Les nantis ont les poches tellement pleines qu'il ne parviennent plus à avancer, donc à penser. Face à leur obésité, nous sommes bien obligés de reprendre les commandes. Le monde est en crise et au Centre de Tinqueux, parfois avec des bouts de ficelles (colorées !), on parvient à inventer de l'ailleurs, du différent et à choisir l'espoir comme moteur de vie.