[le site de Fabienne Swiatly ]

C'est une trace venue s'installer en moi pour en faire de l'écriture.

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PaysageNu

6 - Inscrit sur le carnet noir : lister pour neutraliser le mot usine. Et depuis des listes sur les lieux qui ont marqué : Port de bouc - Fos-sur-mer - Bolloré papier à Thonon - Le Tricastin - Vielle la Gironde - Elf Atochem - Cimenterie de Rombas (je retiens plus facilement le nom de la ville accolée que celui de l'entrepreneur). Souvenirs aussi des usines vues dans les films ou documentaires (l'usine Wonder avec l'ouvrière qui ne veut pas y retourner après la grève). Liste aussi des métiers qui me viennent à l'esprit : ajusteur, soudeur, électricien, chauffeur, fraiseur, ouvrier spécialisé, monteur...

Ingénieur et directeur qui ne parviennent pas à entrer dans la liste. En dehors de l'usine. Secrétaire non plus. Alors la question s'impose : de quelles usines je veux parler ? De quelles fonctions ? M'éloigner de l'usine familiale ?

Ouvrir mon champs de réflexion, alors une autre liste s'impose : quels lieux de travail peuvent de nos jours se rapprocher de l'idée d'une usine. Les hypermarchés ne sont-ils pas des usines à commerce ?

Tout l'intérêt des listes est de se confronter à ce que notre mémoire a gardé (a décidé de garder). Puis se rapprocher de son sujet et découvrir une nouvelle motivation à son écrit.

Nourrie des textes de Georges Perec et des Notes de chevet de Sei Shonagon, j'ai toujours trouvé reposant et très instructif, de faire des listes : des noms de rue de ma ville natale aux derniers instants vécus avec ceux qui sont morts.

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trouvé dans catégorie : Les ateliers d'écriture

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L'étape atelier

Le véritable intérêt des ateliers d'écriture consiste à faire lire autrement et mieux. Avec plus d'exigence - quelle que soit la motivation des participants et leur relation à la lecture. Souvenir fort d'un groupe de femmes, en formation pour les métiers du soin à la personne (comme l'on dit maintenant) et qui ont découvert dans l'atelier les textes d'Annie Ernaux et Marguerite Duras. Elles ont découvert que dans les livres, il y avait des mondes qui les concernaient elles aussi. Que c'étaient un monde accessible.

Ce jour-là j'aurais pu vendre plusieurs de leurs livres si j'en avais eu avec moi. Ne jamais oublier que la littérature s'apprivoise. Que c'est notre principale mission en animant l'atelier. Amener à une écriture vivante même quand avec des textes anciens.

Apprendre le métier d'écrivain c'est une autre histoire. Si les ateliers ont joué dans le parcours d'un auteur c'est parce que l'écriture était déjà à la bonne place.

On peut emmener les participants à poser un autre regard sur les façons d'écrire, les aider à trouver une façon de se saisir du monde. A s'autoriser des nouvelles formes d'écriture - à s'émanciper des exigences scolaire (oui surtout cela). Mais apprendre le travail d'écrivain, je n'y crois pas.

Car l'écrivain s'y colle tous les jours - même lorsqu'il n'a pas encore démarrer un chantier précis. Et c'est la confrontation quotidienne au fait d'écrire qui le fait avancer,le fait trouver. Donne de l'énergie à son travail. L'écrivain doit travailler sa matière - comme n'importe quel artiste - avec obsession. Et ce travail est viscéralement lié à sa pratique de la lecture.

Dans l'atelier on joue, on découvre, on ose. On peut avoir une "révélation" - le mot est un peu fort mais il y a de ça. On peut comprendre quelque chose à l'écriture qui était dissimulée par un ramassis d'idées préconçues sur le génie et le talent. Le métier d'écrivain est un apprentissage. L'atelier peut-être une étape pour quelques rares auteurs. Seulement une étape.

 

 

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Premier jour de mise en ligne - Le bleu n'est pas une couleur qui m'est intime. Mais cela s'est imposé ainsi, même si je me méfie du joli que le mot bleu peut laisser entendre. Le trait bleu sur la feuille, nostalgie de l'écriture à l'encre… et bien non.
Une trace bleue c'est plus violent. Comme la veine que l'on voit battre sous la peau et prendre du relief. L'appel au rasoir et c'est du rouge qui jaillit.
C'est l'ecchymose. La trace laissée par les coups sur la peau et sous la peau. La douleur (qui s'efface).
Les bleus de l'enfance parce que jouer est dangereux. Coups de pédale du vélo, murs à gravir, frères batailleurs. Parce que grandir est dangereux et les claques parties trop vite.

Le bleu absent du ciel de Lorraine et qu'il restait le bleu de la tenue de travail des ouvriers, troqué plus tard pour le bleu des Schtroumpfs, parc d'attractions qui donne des emplois aux chômeurs. Et le père qui fait «bleu » quand il oublie d'aller au boulot.
Blau en allemand qui signifie aussi être ivre.
L'obstination du bleu Klein

Fond d'écran de l'ordinateur.

Bleu métallisé des eaux profondes qui réinventent le vert.

La fumée bleutée d'une cigarette - Gitane, Gauloise, paquets bleus - les cigarettes que je ne fume plus. Mais toujours l'envie.

L'encre noire du tatouage qui bleuit avec le temps. Mon tatouage d'avant la mode. La trace, l'empreinte, la cicatrice, le souvenir, le gravé. Une histoire de peau. Dans la peau.

Bleu palpitant.

La trace bleue - pourquoi pas.


 

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Je voudrais - Première tentative sonore. 

 

 

 

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3 - Tôt le matin, je pars faire des photos du port pétrolier de Lavéra - Martigues. Il est à peine huit heure mais l'odeur est insupportable. Lourde, tenace. Je n'ose imaginer ce que cela donnera dans quelques heures avec la chaleur de l'après-midi. Je longe les grillages, intrigue les camionneurs qui me klaxonnent.

Ca ronfle, ça fume, ça dégaze - cela se passe partout et nulle part. Les yeux ont du mal à cerner un décor. La mer qui raconte autre chose que le fouillis de tuyaux, cheminées, cuves, citernes, parkings, bureaux, laboratoires, Algéco...

Et certains viennent pêcher là où l'usine rejette, se débarrasse. Insensibles à l'odeur.

Je pars au bout de deux heures, légèrement nauséeuse. Comment font les hommes qui viennent travailler là ? Chaque jour.

 

2 - Raconter l'usine, c'est raconter les hommes au travail. Les ouvriers, les manoeuvres, les soudeurs, les fraiseurs, les électriciens, les pousseurs de wagons... D'abord les usines de la sidérurgie, ensuite les autres usines. Celles d'Elf Atochem où j'ai travaillé, les centrales nucléaires à l'architecture performante, l'usine à maquereaux de Fécamp, les cimenteries et leurs essoufflements de poussière et les chantiers de montage - usine à ciel ouvert avec les hommes là-haut.

C'est chercher celles qui ont disparu du paysage. De mon paysage. Retrouver leur contour pour cerner leur contenant.

Raconter l'usine, c'est voir à quoi j'ai échappé, sans y avoir échappé vraiment.

 

1- J'aimerais débuter un travail sur le thème des usines. Les usines me fascinent mais que sont-elles devenues ? Où sont-elles ? C'est quoi l'usine, ici en France et ailleurs ?

M'approcher de ce lieu fort de l'enfance. L'ombre géante sur la petite ville. Wendel Sidelor devenue Arcelor Mittal à Amnéville-Gandrange.

L'usine du père, des frères, des grands-pères.

Un travail difficile qui donne l'argent. L'argent rapporté par les hommes.

L'éternité du travail - je le croyais. Comme beaucoup. Si la vie n'était pas facile au moins il y avait l'usine. Puis elles ont été effacées du paysage.

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5 - En 2007, j'étais en résidence à Berlin, invitée par la fondation Genshagen. J'y ai écrit un texte poétique Zurück bleiben pour raconter mon lien avec cette ville. Mon émotion. Et le texte m'a amené jusqu'à mon frère qui était ouvrier-monteur, il partait assez souvent en chantier en Allemagne de l'est. Il aimait l'ambiance de l'autre côté du mur.

J'ai eu plaisir à retrouver ce frère dans l'élan du texte.

Extrait :

Quartier est
ça défait
ça démonte
Le ciel quadrillé de rouille

Les immenses poutres des échaffaudages
découpées au chalumeau

Dans les bennes
des morceaux de la ville

Die stadt im entstehen
Die kräne im himmel
Le ciel fait de grues
Mon frère
Il faisait cela
monter des échafaudages
pour les pays de l’est

Pour gagner du fric
Mein bruder
bauarbeiter
im osten

Mon frère il aimait l’Allemagne de l’est
Les casques à pointe et les teutons
il disait comme ça des allemands

Il aimait les filles de là-bas
Die ostmädel
Il les disait faciles
Il avait l’argent facile
Geld für die mädel
Ils se payaient des filles
et tombaient parfois amoureux
c’est mieux que de tomber des échafaudages

Verliebt in die ostmädel

Oben
ganz oben
Auf den
hohen Gerüsten

Mein Bruder da oben

Hoch so hoch

Wer soll das bezahlen
Wer hat so viel geld

Les hivers
La ferraille qui gèle
ne pas toucher sans les gants
sinon la peau brûle
sur le fer froid

Et la trouille parfois

Die Angst
da hoben
c’est haut
avec un verre de trop

Mon frère il a construit
ce qui se déconstruit
maintenant
dans les quartiers est
eisengerüst
mein bruder da oben

Trink brüderlein trink
lass doch die sorgen
zu hause

Eisengerüste abgebaut
démontés
les échafaudages

Bois mon frère bois
Laisse les soucis à la maison

Mon frère
Il ne travaille plus sur les chantiers
zu alt geworden
jetzt steht er da unten

Früher war
es anders

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SalomeDanse

Dix jours que mon site est en ligne et la question d'un ami m'obsède : tu l'écris pour qui ? Et la seule réponse que je trouve : pour être lu. Ce qui est guère différent d'un chantier livre. Sauf qu'avec un livre, on n'est jamais certain qu'il sera publié.

Ill ne s'agit pas de remplacer le livre en écrivant sur le net mais d'offrir aux lecteurs le chantier ouvert de l'écriture. De donner à lire ce qui se cherche, tâtonne et qui, chez moi, existait et existe encore dans les carnets : la prise de notes. Une manière d'écrire différente du journal (d'ailleurs je ne tiens pas de journal). Je n'y arrive pas - un sentiment de dégoût au bout de deux trois semaines m'empêche de le poursuivre. Donc je collectionne un certain nombre de tentatives de journaux.

Et l'envie aussi d'explorer à ma façon un territoire qui permet d'écrire avec des entrées différentes et d'y mêler la voix des lecteurs attentifs voire complices. Pas sous la forme d'un forum qui vire trop vite au Café du commerce, mais de proposer une insertion ici ou là.

Ecrire sur un site offre ce territoire excitant de l'écriture immédiatement accessible tout en prenant le risque de donner à lire ce qui n'est pas achevé. Ce qui n'est pas passé et repassé sur l'établi.

Partager des tentatives. Oui, décidément, tentative est un mot qui me convient car il convoque l'envie de réussir tout en soulignant l'aspect délicat du là - maintenant. Comme pendant les lectures à voix haute qu'il ne faut pas trop préparer au risque de perdre la fragile présence du corps. François Bon en parle très bien sur son site.

Donc un site comme lieu de tentative d'écriture.

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Retiens-moi à l'intérieur - Tentative sonore sur une musique de Frédéric Darricades.

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usinesDJung

7 - Sur le site, il lit surtout mes notes concernant les usines. Il avait écrit un texte dans ce sens, mais une erreur de manip l'a fait disparaître. Il m'a promis de le réécrire, pas l'énergie tout de suite, trop de colère contre l'effacement.

Dans sa vie, de nombreux voyages qu'il me raconte parfois - il en rapporte des carnets de voyage qui mêlent dessins et écriture. Ils sont très beaux.

Il regrette que pendant ses voyages, il n'ait pas photographié les usines, les lieux du travail. Il me parle notamment de la Chine et de l'Ukraine. Je le regrette aussi. Cet élan qui dirige l'objectif vers le beau. Quête de paradis.

Pourtant comme moi il trouve les usines fascinantes, quel autre adjectif utiliser pour raconter le paysage industriel. Beau ne convient pas - fascinant de volonté humaine. La capacité de l'homme à construire cela.

La géniale architecture des cheminées de refroidissement des centrales nucléaires. Frissonnement de peur aussi. Fascination.

Nous essayons aussi de parler des gens qui y travaillent. Lui fils de routier, moi fille d'ouvrier. Nous savons le travail qui met le pain sur la table. Nous vivons mieux que nos parents mais nous respectons le travail qu'ils ont fourni même si nous ne devons pas le magnifier. Ils ont été - le plus souvent - obligé de faire ce boulot.

Pourtant mon frère qui parlait si bien du métier de soudeur, de la soudure. Il faudra que je retrouve le vocabulaire qu'il utilisait.

Mon ami souligne que l'on ne dit plus trop usine mais site. Quelque chose de plus vague, de plus dispersé. Noyer l'humain dans un lieu indéfini. Un site doit être plus facile à faire disparaître qu'une usine. Le vocabulaire du libéralisme. Ce mot si proche de liberté avec seulement un isme (isthme) entre eux.

Et moi aussi j'ai ouvert mon site.

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pommes

Une vingtaine de jours que le site est ouvert. J'y pense tout le temps avec pour obsession que cela fasse sens. Et en même temps l'envie d'écrire sans réfléchir. Ne pas revenir sur les textes écrits sauf pour les fautes d'orthographe (ah ! le mot de faute pour qualifier des erreurs) et parfois quelques précisions ajoutées ou petits resserrements de phrases. Et le sentiment d'une multitude de chantiers qui pourraient s'ouvrir ici.

Visite du site des autres. Voir la fréquence des mises à jour. Regarder s'ils sont là. Comme l'on viendrait rendre visite à un ami dans son appartement : je suis passée et tu n'étais pas là. Oui sur certains sites, beaucoup d'absence.

Regardez quel angle d'écriture a été choisi. Préférer que les écrivains parlent d'écriture et de littérature plutôt que de politique ou préférer qu'ils utilisent la littérature pour dire la politique. Un peu fatiguée des commentaires sur tel ou tel événement.

Découvrir des nouveaux auteurs, des nouveaux lieux. Découvrir avec surprise que l'on parle parfois de moi ou de l'un de mes livres.

Un monde qui s'est agrandi autour de l'écrire et du faire écrire.

Puis - se demander si cela ne reste pas trop à la surface - avoir envie de creuser encore mais quoi exactement - quelque chose de la surface justement. Avancer comme sur l'étendu lisse d'un étang gelé. J'écris cela sans savoir exactement ce que je cherche à dire. Creuser encore ou glisser. Glisser sur le lisse du temps jusqu'à y rencontrer un arbre. L'écriture parfois me devance et je dois me lire et me relire pour que surgisse l'idée d'un texte.

Ces mots-là comme note d'aujourd'hui.

Dernière mise à jour vendredi 2 octobre notamment avec les notes - ici

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Un mois d'existence et ce que cela signifie l'obligation (pourquoi ce mot s'impose-t-il) de tenir à jour le site. Faire qu'il existe et donne envie à certains d'y revenir. Un site pour faire venir les autres ? Et continuer à noter, lister, sérier... travail porteur pour moi. La preuve en est mon livre Boire. Lors de la journée Remue.net au café Les Voraces à Lyon, j'ai eu l'occasion de relire la toute première version du livre, une série de phrases publiée par Catherine Jackson dans sa revue Notes. Le titre était : notes pour cesser de boire. Deux - trois pages de phrases brèves :

Elle dit ne pas pouvoir s'endormir si elle ne boit pas.

Sa table de nuit est collante de bière renversée. Elle vomit plusieurs fois par jour.

Je ne l'ai jamais vu saoule.

6 bouteilles de bière dans les sacoches du mini vélo, 4 autres dans le panier accroché au guidon. J'ai peur de tomber.

Je ne sais plus quelle année elle a cessé de boire du jour au lendemain.

Quelques phrases qui s'alignent et pourtant tout le livre est là. Je retrouve d'ailleurs ces mêmes quelques lignes en début des paragraphes qui constituent le livre Boire édité cette année par Ego comme X. A deux ou trois mots près, elle sont identiques d'une version à l'autre. Comme s'il avait suffit ouvrir ces petits bouts de phrases pour que le texte surgisse. Déplier ce que chacune contenait. Chaque phrase de la liste fonctionne comme un marque page de la mémoire. Petits drapeaux que l'on plante dans la terre pour dire : il faudra creuser-là.

J'ai été très contente d'apprendre que Lionel Tran des décapantes éditions TerreNoire utilise dans ses ateliers d'écriture les deux versions du texte pour illustrer l'évolution d'un chantier d'écriture. Surtout qu'écrire une liste peut paraître parfois un peu dérisoire face à l'ampleur d'un livre et pourtant les exemples ne manquent pas dans le rayonnage des libraires, sans parler des livres constitués en entier ou en partie de listes dont je parle régulièrement ici ou là.

Dernière mise à jour : lundi 13 octobre - du côté des usines - ici

 

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