[le site de Fabienne Swiatly ]

Les bleus de l'enfance parce que jouer peut-être dangereux.

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Une vingtaine de jours que le site est ouvert. J'y pense tout le temps avec pour obsession que cela fasse sens. Et en même temps l'envie d'écrire sans réfléchir. Ne pas revenir sur les textes écrits sauf pour les fautes d'orthographe (ah ! le mot de faute pour qualifier des erreurs) et parfois quelques précisions ajoutées ou petits resserrements de phrases. Et le sentiment d'une multitude de chantiers qui pourraient s'ouvrir ici.

Visite du site des autres. Voir la fréquence des mises à jour. Regarder s'ils sont là. Comme l'on viendrait rendre visite à un ami dans son appartement : je suis passée et tu n'étais pas là. Oui sur certains sites, beaucoup d'absence.

Regardez quel angle d'écriture a été choisi. Préférer que les écrivains parlent d'écriture et de littérature plutôt que de politique ou préférer qu'ils utilisent la littérature pour dire la politique. Un peu fatiguée des commentaires sur tel ou tel événement.

Découvrir des nouveaux auteurs, des nouveaux lieux. Découvrir avec surprise que l'on parle parfois de moi ou de l'un de mes livres.

Un monde qui s'est agrandi autour de l'écrire et du faire écrire.

Puis - se demander si cela ne reste pas trop à la surface - avoir envie de creuser encore mais quoi exactement - quelque chose de la surface justement. Avancer comme sur l'étendu lisse d'un étang gelé. J'écris cela sans savoir exactement ce que je cherche à dire. Creuser encore ou glisser. Glisser sur le lisse du temps jusqu'à y rencontrer un arbre. L'écriture parfois me devance et je dois me lire et me relire pour que surgisse l'idée d'un texte.

Ces mots-là comme note d'aujourd'hui.

Dernière mise à jour vendredi 2 octobre notamment avec les notes - ici

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Un mois d'existence et ce que cela signifie l'obligation (pourquoi ce mot s'impose-t-il) de tenir à jour le site. Faire qu'il existe et donne envie à certains d'y revenir. Un site pour faire venir les autres ? Et continuer à noter, lister, sérier... travail porteur pour moi. La preuve en est mon livre Boire. Lors de la journée Remue.net au café Les Voraces à Lyon, j'ai eu l'occasion de relire la toute première version du livre, une série de phrases publiée par Catherine Jackson dans sa revue Notes. Le titre était : notes pour cesser de boire. Deux - trois pages de phrases brèves :

Elle dit ne pas pouvoir s'endormir si elle ne boit pas.

Sa table de nuit est collante de bière renversée. Elle vomit plusieurs fois par jour.

Je ne l'ai jamais vu saoule.

6 bouteilles de bière dans les sacoches du mini vélo, 4 autres dans le panier accroché au guidon. J'ai peur de tomber.

Je ne sais plus quelle année elle a cessé de boire du jour au lendemain.

Quelques phrases qui s'alignent et pourtant tout le livre est là. Je retrouve d'ailleurs ces mêmes quelques lignes en début des paragraphes qui constituent le livre Boire édité cette année par Ego comme X. A deux ou trois mots près, elle sont identiques d'une version à l'autre. Comme s'il avait suffit ouvrir ces petits bouts de phrases pour que le texte surgisse. Déplier ce que chacune contenait. Chaque phrase de la liste fonctionne comme un marque page de la mémoire. Petits drapeaux que l'on plante dans la terre pour dire : il faudra creuser-là.

J'ai été très contente d'apprendre que Lionel Tran des décapantes éditions TerreNoire utilise dans ses ateliers d'écriture les deux versions du texte pour illustrer l'évolution d'un chantier d'écriture. Surtout qu'écrire une liste peut paraître parfois un peu dérisoire face à l'ampleur d'un livre et pourtant les exemples ne manquent pas dans le rayonnage des libraires, sans parler des livres constitués en entier ou en partie de listes dont je parle régulièrement ici ou là.

Dernière mise à jour : lundi 13 octobre - du côté des usines - ici

 

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trouvé dans catégorie : Les ateliers d'écriture

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Je n'ai lu que trois ou quatre livres de J.M.G Le Clézio, avec le souvenir d'être entraînée dans une rêverie qui rappelle ce moment, du juste avant de l'endormissement. C'est un auteur qui ne m'est pas familier, mais je connais très bien Le livre des fuites - ed Gallimard. Pas son livre le plus lu car il est constitué d'un ensemble de textes assez surprenants dans leur forme.

Si la quatrième de couverture précise que le personnage J.H.H (Jeune Homme Hogan) est vietnamien et que son voyage ou plutôt sa fuite va traverser Le Cambodge, le Japon ou en encore le Mexique, le récit laisse la précision des noms géographiques à distance. Le personnage semble collé à l'asphalte ou à la boue. Il observe un monde qui pourrait être celui de n'importe quel pays. Et le regard qu'il porte sur le monde fait écho à la tentative d'épuisement d'un lieu parisien de Georges Perec sur lequel a déjà rebondi Philippe de jonckheere. Sauf que le personnage semble vouloir s'épuiser en même temps que son environnment.

J'utilise souvent ce livre en atelier.

Ce jeudi encore, avec des élèves d'un lycée professionnel autour du thème : saisir le monde. Pour la première séance, j'avais besoin d'un texte qui scande. Avec des élèves, j'aime débuter avec des textes qui bousculent un peu la rythmique. Des textes qui offrent aussi des mécaniques d'écriture évidentes :

" Il y a beaucoup de bruits sur la terre, vraiment, il y a beaucoup de bruits. Les gens parlent, partout, sans arrêt, et j'entends monter de toutes les fissures, de toutes les rainures, de drôles de grognements, des nasillements, des abois suivis de petits cris d'oiseaux, des soupirs, des reniflements, des rots, des clapotements de langue, et des claquements de dents. C'est une volière immense qui jase et hurle sans se fatiguer, emplissant le dôme du ciel de son gaz. D'un bout à l'autre du monde, dans le ciel, dans le vent, sur l'eau, roulent les échos des paroles vaines. Le bruit s'élève, s'abaisse, déferle en vagues, racle, rampe, éclate en milliards d'explosions qui se succèdent à des millionièmes de seconde d'intervalle (...) Lettres qui fusent, montées brutales des flots de verbes, adjectifs, noms, propositions, chiffres. Flots de bave, de sang, flots d'humeurs et de gaz qui déboulent le barrage rompu..."

Il faut lire ce texte de sorte que l'énergie glisse jusqu'à la page des élèves. Transmettre la sensation d'un texte qui marche, qui s'écrit en se disant. Le livre offre bien d'autre propositions d'écriture qui peuvent nourrir trois ou quatre séances. Installer ainsi un livre, un auteur parmi nous. 

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