[le site de Fabienne Swiatly ]

C'est l'ecchymose, douleur qui s'efface.

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trouvé dans catégorie : Les ateliers d'écriture

La part vivante de la bibliothèque

Début juillet, j'ai animé un atelier à Terres d'écritures à Grignan dans la Drôme. Le thème était Eclaircies en fin de journée - écrire la nouvelle. Je suis toujours étonnée d'animer un atelier aussi difficile que celui de la nouvelle qui exige beaucoup de modestie et de travail pour le participant. Avec, pour l'animateur, l'obligation de répondre à l'incontournable question : qu'est-ce qu'une nouvelle ?

Ma réponse varie à chaque atelier. Et sincèrement, je pense que la définition est surtout le souci de l'éditeur ou du libraire.

Ma définition proposée pour cet atelier a été d'imaginer la nouvelle comme une traversée, la rive d'arrivée étant visible de la rive de départ. Et ce n'est que dans un deuxième temps que j'ai cherché dans ma bibliothèque des textes qui répondent à cette définition, si elle en est une.

Elle a le mérite de délimiter un cadre. Et dans tous les cas, elle permet de garder à distance les nouvelles à chute que je n'aime pas trop et que je maîtrise donc mal.

Le grand bonheur de cet atelier a été d'apporter un texte d'Alain Robbe-Grillet : La mauvaise direction tiré du recueil Instantanés publié aux éditions de Minuit. Un recueil de textes courts, le mot nouvelle n'apparaissant pas sur le livre.

Avec le mot nouvelle l'on puise plus souvent dans nos lectures de nouvelles américaines ou anglaises.

Le texte de Robbe-Grillet n'est pas des plus évidents. Un texte descriptif où naît une étrange tension dans l'apparition d'un personnage (sans nom et sans particularité) qui ne fait qu'entrer dans le paysage devenu décor, hésiter et disparaître. Comme sur une scène de théâtre. Au prime abord, c'est un texte où il ne se passe rien, mais sa subtilité est de jouer avec le lecteur qui invente immédiatement une tragédie possible. Et tout se joue dans la description du paysage qui compose un portrait en creux du personnage.

Une belle leçon d'écriture.

Pour amener les participants à une écriture aussi aride, je ne leur présente pas immédiatement le texte de Robbe-Grillet. Je propose un dispositif à plusieurs étapes. Etapes un peu complexes à décrire ici mais qui mettent en évidence les différents temps fort du texte (description méthodique, choix du personnage, ambiance, etc.) Heureusement, les participants me font confiance, car je ne dévoile pas l'objectif tout de suite. Je ne veux pas leur dire mais leur faire ressentir une expérience littéraire.

Et malgré mes craintes - il y a eu un beau moment partagé et une belle adhésion au texte de Robbe-Grillet.

Je ne peux bâtir une proposition d'écriture sans avoir un texte à l'appui. C'est d'ailleurs un vrai plaisir de chercher tel passage ou tel passage, et de réveiller ainsi ma bibliothèque. Le plaisir est encore plus fort quand c'est un texte qui m'incite à inventer une proposition d'écriture. Parfois j'improvise à partir d'un livre lu dans les transports en commun, juste avant de venir à l'atelier.

Cette relation aux textes littéraire est vitale pour moi. Et si chaque animateur d'atelier (le mot animateur est un raccourci qui ne me satisfait pas totalement, mais ne me dérange pas plus que cela non plus) a ses méthodes d'animation. Et si je ne crois pas qu'il faille être écrivain pour animer un atelier, il faut impérativement être un lecteur actif.

D'ailleurs quand des personnes me demandent conseil sur les compétences d'un animateur. Je leur réponds toujours de lui demander ce qu'il lit et quelle est la place de la littérature dans ses ateliers.

En ce qui me concerne que ce soit des lycéens, des malades, des immigrés, des prisonniers, des professeurs, des particuliers, des comédiens... je viens avec la part vivante de ma bibliothèque. Je ne peux pas faire autrement. Je ne vois pas comment faire autrement.

 

 

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Signaler d'abord la fin du site historique Zazieweb et je vous invite à lire le texte d'Isabelle Aveline qui en dit long (et bien) sur l'audace nos institutions culturelles. Colère et tristesse en moi mêlées. Lire ici.
Répétition de ma lecture Résider en (Ville) qui aura lieu à la Maison du peuple le samedi 17 octobre à Saint-Claude. Frédéric Folmer et Claude Jordan créent la musique et le sonore (trouve pas d'autre mot) de cette lecture, ce sont deux musiciens professionnels et c'est très agréable de travailler avec des pros. Quoique impressionnée,  je me sens à l'aise pour lire. Cadrée. Nous avançons bien. Sérieusement - même si je ne peux m'empêcher de raconter deux ou trois bêtises, inévitables lorsqu'on doit se concentrer longtemps. J'aime lire à voix haute et c'est la première fois que j'écris un texte uniquement pour une lecture (environ 1h20 de spectacle). On aborde la page, les mots, la construction différemment. J'ai toujours aimé la lecture à voix haute que j'ai pratiquée pendant plusieurs années à la radio et en salle avec le groupe Abus de langage.
Et j'aime passer ainsi, dans une journée de l'écriture de mon roman (lecture à voix basse) à celle d'un texte poétique (lecture à voix haute). De toute façon, je travaille de manière mosaïque. Je ne sais pas faire autrement. Une heure sur un texte, une heure sur l'administratif, une heure pour la vie de famille, retour au texte. Deux heures est mon temps de concentration maximum, il me semble. J'ai appris à apprivoiser ce tempérament. J'ai pu mener ainsi de front ma vie de femme, de mère, d'écrivain et élever plus ou moins sérieusement quatre filles et un chat. Quand je lis Simone de Beauvoir, j'envie sa capacité de travail. Des heures entières à lire, écrire, la tête penchée sur ses feuilles. Bien sûr, elle n'avait pas de filles et de chat. Comment la vie de famille interfère-t-elle dans notre travail de création est une question que j'aimerais développer. En tout cas, je n'ai jamais voulu poser la création et l'enfantement comme une dualité. J'ai eu des enfants et j'écris des livres. C'est possible.@misàjourle19septembre2009 - écouter aussi ma tentative sonore ici dont je viens de découvrir que la lecture est prohibée à partir de la Médiathèque où je suis connectée, le titre contient le mot Obscène. Bien entendu j'ai accès à tous les potins concernant Secret Stories ou les derniers caprices de la dénommée Jennifer.

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On a été en résidence à Saint-Claude dans le Jura. On a écrit un texte. On a préparé une lecture avec des musiciens, trois demi-journées de répétition. Et on restitue. Eclairagiste, technicien-son, vidéaste. Puis les gens s'installent dans la Maison du Peuple. Une centaine de personnes. Pérégrinations organisées par Saute-Frontière. Dans la salle des habitants, des militants, des lecteurs, des amis et des amies, des écrivains : Philippe Vasset, Matthias Zschokke, Alberto Nessi, Jérôme Meyzoz... et ceux que j'oublie parce que ce n'est pas si simple de lire devant eux... les pairs ,et les enseignants qui ont accueilli l'atelier. On lit. On a mis en musique l'histoire d'une résidence. Les musiciens qui donnent une autre épaisseur au texte lu.  Plus d'une heure. Puis c'est fini. Applaudissements. Et quelque chose semble dire que le texte a été reçu. Ce que l'on ressent alors est un mélange de soulagement, de plaisir et un léger doute (toujours). Que cherchait-on ensemble, ce soir là ? Un texte sur une résidence. Une ville. Une rencontre. Un rendre compte. Faire ensemble. Rendre compte d'une résidence.
Le lendemain, déjà, on fait une lecture ailleurs. Un hommage à un participant d'atelier, mort subitement : François Bailly Maitre. On lit des textes qui parlent d'amitié, de parternité, d'alcool et de son chien Samy. On lit. L'instant tremble et les cloches de la cathédrale sonnent quand il n'y a plus rien à dire. Un copain est mort. C'est tout. Puis le manger ensemble sur la place, au soleil. Oui le soleil jurassien même en octobre. Restitution des textes écrits par les élèves, petits et grands. sous le marché couvert. L'émotion du maire, sincère, qui étonne. On parle, on boit un peu, pas trop parce qu'il faut rentrer à Lyon. Puis repartir à Bédarieux. Ville du sud sous la tempête. Ecrivain, écrivaine. Nomade ! Et le "on" pour dire le faire ensemble malgré la solitude de l'écriture.  @misàjourlejeudi22octobre2009 et les ateliers d'écriture ici.

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La musique pendant une lecture ne doit pas être un simple effet, la petite touche couleur qui soulignerait la rigueur de certains textes. La bordure fleurie du cahier de devoir. Quand c'est le cas, le texte y perd souvent de sa force, de sa nécessité. Avec Marc Lauras, violoncelliste et compositeur, la musique me permet de trouver un autre mouvement au texte, de jouer avec ce qu'il a dire. Cela exige une capacité à 'écouter le musicien tout en lisant. Une technique qui se travaille. Pour l''améliorer, je prends ponctuellement des cours de lecture et de chant. J'apprends à maîtriser mon souffle, à trouver dans le public l'énergie de ma voix, à prononcer juste, etc.  Il est dommage, que certains auteurs, à qui on demande de plus en plus souvent de lire,  ne travaillent pas leur  lecture et du coup, ils desservent leur propre texte.  Lire n'est peut-être pas leur métier, mais lorsqu'ils acceptent de se prêter à l'exercice (rémunéré le plus souvent), autant que cela se fasse dans de bonnes conditions. Dans ce sens, lire  les conseils en lecture à voix haute de François Bon sur Tierslivre.net. Des exercices qui peuvent transformer une lecture laborieuse en un heureux moment de partage. 

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