Tinqueux- architecture de ville nouvelle qui vient s'adosser à Reims. Habitations plus qu'habitants. Longueurs de rues qui ne parviennent pas à se définir un centre. Rond-points qui malgré l'arrondi prolongent la ligne droite. Dans la trouée d'un ensemble d'immeubles, les deux tours de la cathédrale. Déjà la gare Champagne-Ardennes qui donnait l'impression de s'arrêter en plein champs et c'était vrai. Le ciel qui prend toute sans ampleur dans la plaine puis la surprise d'une remontée de vignes. Etrange sensation que de se retrouver en un tel lieu. Et pourtant le Centre culturel qui offre d'abord un public d'enfants : c'est déjà bien d'écrire de la poésie. Puis le soir, ceux qui semblent venir de nulle part tant la géographie des lieux restent un mystère pour moi, et qui écoutent, interrogent ce que je suis venir lire avec le peu de voix qui me reste. Stimmlos encore une fois et pourtant bien là. Et l'on m'a invitée à écrire pour un joyeux et vital manifeste : le droit à être dans la lune !
J'ai rencontré Mateja Bizjak Petit au Centre Artistique de Tinqueux - elle y a entendu ma lecture de Stimmlos / Sans voix. Elle en traduit actuellement une partie en Slovène pour une anthologie de poètes femmes françaises (Je me demande dans quel sens il faut aligner ces trois mots pour faire identité ?) Ce texte interroge ma relation à la langue allemande (la langue de ma mère qui est venue vivre en France après la deuxième guerre mondiale) - la langue des perdants à cette époque. Cette relation à la langue allemande devrait résonner de manière singulière en Slovénie, pays qui a connu l'occupation allemande et autrichienne. Mateja a choisi de garder les passages écrits en allemand, tel que. Dans un mail, elle m'explique que femme allemande se dit Nemka en slovène (les deux mots reviennent souvent dans mon texte) - Nem signifie aussi muet. Le hasard des traductions qui donne encore une autre ampleur à mon propos. Depuis quelques semaines je retrouve donc avec plaisir ce texte que je vais lire Samedi 13 mars au NTH8 en compagnie du violoncelliste Marc Lauras. @dernièremiseàjouvrendredi12mars2010etlireaussiLacentralesurObsessionUsine