Hier à la Scène poétique de Lyon, Armand Dupuy lit Pollock, un texte en corps à corps avec le peintre disparu. Puis Fred Griot et Yann Féry à la guitare. Une langue qui se parl comme l'écrit et dit Fred. Et c'était un bon moment. De les entendre, l'envie de me mettre au boulot. D'aller creuser ma propre fouille. D'accepter qu'à un certain moment l'écriture semble dessiner inlassablement le même sillon sans que cela avance. Et pourtant cela avance.
Et je travaille avec Laurence Cernon, une mise en voix et chant de mon texte La ligne de partage des os. Retrouver le plaisir du son comme à l'époque de la radio où je dealais du sable avec des amies. C'était le titre de notre émission Les dealers de sable. L'époque de la radio libre, du créatif, de l'inventif, du n'importe quoi. Le son parvenait essentiellement de la radio. Pas encore compressé. Parfois gratouillant, vynils si fragiles - ou l'étirement d'une bande magnétique fun peu atiguée. Sur les ondes se mélangeaient les voix rockeuses, libertaires, hardeuses, moralistes, politisées, féministes... Les voix plurielles. Puis le commerce a repris ses droits. Beaucoup de voix se sont tues. J'en redécouvre en des lieux dits de la poésie. Venez en entendre ce samedi rue Montorgueil à Paris. J'en serai.
Pour les lectures publiques de mon texte Ligne de partage des os, j'ai demandé à Laurence Cernon (la voix des Mad'leine Jack) et animatrice pendant plusieurs années de l'Orchestre des lecteurs, d'apporter une deuxième voix. Un ailleurs, pour ce texte très lourd si on l'ancre uniquement dans le présent de l'événement : un avortement. Je voulais, par le biais d'une autre voix, plus chantée - garder un pied dans le vivant. Rappeler l'avant, l'après et l'en dehors. Depuis on se retrouve de temps à autre pour répéter, improviser, pour trouver le juste équilibre qui nous fait rester dans une lecture et non pas un spectacle. Garder l'idée de Tentatives Sonores. Patrick Dubost de la Scène poétique de Lyon, nous offre une occasion de rendre publique ce travail. Ce sera le mercredi 16 décembre à 18h30, médiathèque de la Part-Dieu à Lyon. J'ai un joli trac et Laurence aussi. @lundi27juillet2009
Lumière terne dans la pièce où j'écris pourtant le ciel est changeant. Attire l'orage. J'écris avec le bruit des travaux dans la rue et la station service où régulièrement des conducteurs s'engueulent. J'écris et cela n'avance pas. Quand je sens trop de mou dans ma phrase, je viens me réveiller sur le site d'un tel ou un tel. Découvre celui d'un homme sans réseaux, Jean-Baptiste Monat et cette phrase de lui qui me va : attendre sous la pluie de feu qu'une dent pousse. Il habite Lyon et sera sur la scène Poétique de la Part-Dieu le 16 juin et moi, je serai à Paris au Marché de la poésie pour présenter le livre Sublime Obscène dans une des nombreuses petites cabanes qui sont mises à disposition des poètes, à qui l'on demande de plus en plus de faire spectacle. Donc je n'entendrai pas la voix de JB Monat, mais peut-être qu'aujourd'hui, regardons-nous avec la même mollesse ce ciel qui ne vient pas. En attendant le miracle du vivant, il est l'heure de retourner à ce qui ne s'écrit pas.