[le site de Fabienne Swiatly ]

La fumée bleutée d'une Gitane ou d'une Gauloise, les cigarettes que je ne fume plus.

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Le soleil a bien voulu quitter les sommets et descendre jusqu'au rez-de-chaussée des maisons, repliées longtemps sur l'hiver. Le froid a du mal à se détacher des murs - gris glacé. Marcher en suivant la lumière, rester sur le trottoir aux promesses de printemps.  Photographier.  Appuyer sur le déclencheur sans avoir vraiment vu. Rater beaucoup de photos. Se rassurer avec le déclic de l'appareil. Être en action. Agir. Marcher.

Monter, descendre des passages en escalier. Croiser des regards curieux. La ville est petite. J'y serre plus souvent des mains qu'à Lyon. Marcher, déclencher le clic. Tâtonner des yeux jusqu'à la lassitude.

Puis sur les hauteurs, alors que l'ombre a rejoint la rue, remarquer le cimetière en contre-bas. Et comme à chaque fois, la même question qui me vient sans que je parvienne à en préciser la cause mais obsédante : où serais-je enterrée à ma mort ?

Cela me renvoie à ma non-appartenance à un lieu, à une terre même si je réside depuis longtemps à Lyon.

L'essentiel de ma famille est enterrée à Amnéville en Lorraine - Le seul endroit où je ne voudrais pas être ensevelie. Donc enterrée ailleurs forcément, oui mais où ? Est-ce cela le nomadisme, ne rien savoir du lieu où le corps sera mis au repos ?

Dans toutes les villes en France et à l'étranger je visite les cimetières. Je lis les noms sur les stèles et les plaques. Je repère les traces de l'histoire, les Arméniens d'Alfortville, les aventuriers mexicains de Barcelonnette, les morts pour la France malgré eux, les fosses communes avec l'absence de date de naissance, les grandes familles qui en imposent jusque dans la hauteur du caveau, les médaillons aux photos décolorées... Et dans les allées marchant lentement me dire à chaque fois  : Je ne suis pas d'ici.

Peut-être faudrait-il aller en Pologne, à Cracowie. Sûrement mon nom de famille sur de nombreuses tombes avec l'orthographe  d'origine : Światły. Mais cela ne changerait rien. En Pologne aussi, je ne suis pas d'ici. Plus d'ici.

Peut-être sont-ce les enfants qui désignent le lieu où... Mes enfants qui arrêteront l'exode pour signifier que la fin est ici. Je ne sais pas. D'ailleurs je ne sais pas pourquoi la question m'obsède. Elle ne m'attriste pas, elle semble contenir une réponse qui pourrait m'aider à comprendre quelque chose des origines. Savoir où je pourrais être enterrée ne signifiant pas que je le voudrais. Juste savoir si le lieu où je m'arrêterai, sera un lieu choisi.

J'ai éloigné la question et repris l'appareil photo. Le cimetière était déjà dans l'ombre, j'ai photographié tout de même. Puis j'ai constaté que de nombreux lycéens l'utilisaient comme raccourci pour rejoindre le centre-ville. Il m'a semblé qu'un cimetière traversé par des jeunes était une bonne chose - oui mais pour qui ?
 
Mis à jour le 1er février 2009

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Fureur de lire  - Genève, la ville où je me sens bien même si l'architecture contemporaine a effacé le visage de la ville, mais la présence du Rhône. Il fait beau ce jour-là, je délaisse la Maison Communale de Plain Palais pour me rendre au cimetière des Rois. Le cimetière des grands hommes comme disent les Genevois. C'est un joli lieu où les tombes se partagent une douce pelouse sur laquelle on peut s'assoir, pique-niquer, profiter de la présence des morts. Aujourd'hui je viens rendre une visite à Grisélidis Réal. Je trouve assez vite sa petite tombe derrière la stèle majestueuse de Borges. Et je reste un bon moment devant sa plaque qui raconte jusqu'au bout l'incroyable vie de l'écrivaine qui est parvenue à se faire enterrer parmi les grands hommes. Celle qui fit scandale parmi les biens pensants de la ville, même après sa mort. Et c'est debout, bien droite que je me tiens devant les mots gravés : écrivain, peintre, prostituée. Je me sens joyeuse d'une si belle insistance à assumer sa vie. Et je me dis que la journée est belle. Que la journée est grande. Fureur de vivre à Genève. @misàjourvendredi2octobre2009-lire aussi les ateliers d'écriture ici

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Passage de l'an à Marseille. Visiter, revisiter la ville dont j'aime que le centre soit encore celui de la mixité sociale. Certainement que le coup de balai de l'immobilier viendra vendre aux plus nantis le pittoresque d'une ville sans les nuisances, mais cela devrait demander un certain temps. En attendant ça grouille, ça bruite, ça achète, ça vend, ça jette, ça s'interpelle, ça marche,  ça déambule, ça klaxonne. Ville qui monte, descend, se resserre surs des avenues aussi étroites que des traverses, pour s'ouvrir, forcément, à un moment ou un autre sur la mer. Dans la ville, j'ai visité le cimetière Saint-Pierre, immense : 65 hectares. Balade avec ses surprises kitsch en forme de pleureuses, de baisers sur mourante, d'angéliques sourires, de regrets éternels gravés dans le marbre, le stuc, la pierre et le plastique. Les cimetières que j'aime parcourir à chaque fois que j'arrive dans un nouveau lieu. Rien de morbide. Des bouts d'histoires côte à côte. Ici l'influence italienne, arménienne, maure et de nombreuses photos avec parfois un défunt. La mort que l'on ose montrer. Dans le carré de la pinède, le plus joli, la tombe d'Antonin Artaud ou du moins celui de sa famille.. Caveau familial. Des rumeurs comme quoi, son corps serait ailleurs. Mais sur les forums, un membre de la famille confirme Artaud est bien là ou ce qu'il en reste. 

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