[le site de Fabienne Swiatly ]

L'obstination du bleu Klein.

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Déplacement - le mot s'est imposé alors que je me rendais à Vénissieux en tramway. Ce nouveau mode de déplacement (justement) m'invitait à entrer dans la ville différemment. Elle semblait s'être rapprochée de Lyon. A ce moment-là, je ne savais pas encore que l'Espace Pandora me proposerait une résidence (elle devrait se dérouler de septembre 2010 à avril 2011, à raison d'une semaine par mois). Je ne savais pas, je regardais la ville et j'avais plaisir à m'y déplacer. Depuis le mot déplacement poursuit son chemin dans ma préparation pour cette résidence. Il y a tous les déplacements physiques que propose la ville et qui peuvent inscrire chacun de manière singulière dans l'environnement : qui est celui qui se déplace ? pourquoi se déplace-t-il et comment ? est-ce forcément rester sur place lorsqu'on ne se déplace pas ? Bien sûr l'idée des déplacements intérieurs offre aussi un champ d'exploration intéressant : décentrer son regard, s'obliger à penser différemment, sans oublier la diversité de la population vénissiane qui vient raconter son lot de déplacements de territoires.

Déplacement, un mot qui met en mouvement le corps et la pensée. D'ailleurs, ce matin comme il faisait beau (vent qui déplace les nuages et fait jouer la lumière), j'ai remonté à pied la ligne de tramway qui longe le quartier des Etats-Unis et débouche sur Vénissieux avec son Asia Market, Carrefour Géant et un désordre d'usines, de cheminées, de voies ferrées et petites maisons qui rappellent l'intense activité industrielle et artisanale de la ville (quelques images  visibles sur ma page Obsession Usine). J'y ai marché près de trois heures, un peu enivrée par la beauté de la lumière et la diversité des perspectives. Le résultat photo m'a déçu - savais-je exactement ce que je tentais de cadrer ? Une belle lumière est une alliée mais il manquait un regard. La résidence me donnera l'occasion d'y retourner. De m'y déplacer. Et de trouver ce que je ne cherche pas encore. 

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21 - Vénissieux. La lumière est là mais je vais trop vite. Dizaines de photos - pas vilaines mais quelque chose est absent. Suis déçue. Je photographie avec trop d'avidité. Mémoriser ce qui est émouvant, ne suffit pas à bâtir un travail photographique. J'ai mis dans la boîte. Y retourner et réfléchir à ce que je veux. Gratter le désir avec obstination. La balade fut agréable malgré tout. L'appareil m'a aidée à voir, à ne pas éparpiller mon regard, à préciser mon questionnement sur la ville de Vénissieux. Photos pour nourrir le carnet de route. 

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Dans l'élan de ma future résidence d'écrivains à Vénissieux, j'ai profité d'un  temps moins fade que ces derniers jours pour prendre des photos. Inspirée par Un livre blanc de Philippe Vasset, j'ai acheté une carte IGN qui précise la ville en d'autres termes que les noms de rue. Je me laisse tenter par le virage de la femme morte, accessible en métro, pas loin de l'usine Renault Trucks et la cité Berliet (d'autres photos sur ma page Obsession Usine). Je me souviens d'une époque où il y avait là une boite  de nuit, Le Truck où j'ai pas mal trainé, surtout pour Robert Lapassade qui avait une des plus belles voix soul blanche que je connaisse. J'ai encore dans ma cédéthèque ses albums avec le groupe Snapping boys ou sous le nom Lapassenkoff. Où était exactement cette boîte ? Je longe des murs, ne reconnait rien, c'était en tout cas à l'époque où j'avais l'âge de me coucher à l'aube et me lever à peine plus tard pour  le boulot. La vie se dépliait la nuit.
Je longe encore des murs recouverts de peintures qui viennent cacher les revendications des ouvriers. Coups de rouleaux rapides sur les slogans (faire place net) mais parfois les mots  s'obstinent. Palimpsestes du gagner plus ou du travailler mieux. Il semblerait tout de même que les murs se soient tus depuis un bon moment, même s'il y a quelques semaines, près de 300 salariés de Renault se sont mis en grève. Aujourd'hui c'est congé. Les portails son fermés, tout est calme. Il y a, pas loin, de coquettes maisons construites, je suppose, à l'époque où l'ouvrier profitait des jours de repos pour  se bâtir un chez soi. Les permis de construire, même si leur création date de 1902, étaient beaucoup plus souples que maintenant et ne favorisaient pas seulement l'irruption des cités malabars avec leur magnifique camaïeu de crépis orange-rose.

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24 élèves dont je ne sais rien. Une classe. Une classe en bac pro. Vénissieux, lycée professionnel Marc Séguin. Des hommes, des jeunes hommes, des élèves. Et le bruit. Leur bruit. Agitation. Avec moi leur professeur et la documentaliste. Dehors le brouillard. Dedans la classe. Mouvement des bras, des têtes, des bouches, des tables. Le mouvement de la vie ? S’asseoir – faire groupe. Se relever. Parler de moi. Parler de mon travail d’écrivain. Partager. Exister au milieu d’eux. Parfois ils m’écoutent, ils me suivent. Puis leurs yeux me quittent. Pas tous les yeux mais suffisamment pour que le mouvement redevienne agitation. Eux – moi – chacun d’eux. Une classe. Parler à la classe. Parler à chacun. Pas facile. Dire. Me dire. Leur dire. Raconter l’écriture. Raconter l’usine. Raconter le père, la mère, les frères, l’alcool. ça écoute. Ma vie n’est pas la leur, mais ma vie peut rencontrer la leur. Je veux croire au partage. Je crois au partage ! Envie d’en savoir plus. De eux. De la classe. De chacun. Agitation, mouvement, bavardages … où sont-ils ? Placer ma voix. Mon histoire. Moi une femme, écrivain.Écrire j’y crois. Écrire m’a ouvert les yeux, m’a ouvert le monde. Écrire pour échapper à ma condition. Écrire pour exister. Et eux, ils croient en  quoi ? Eux, la classe qui est un tout qui n’est pas chacun. Visages si différents et celui qui dit dans l’agitation : l’usine j’ai pas envie d’y travailler.  ça peut se comprendre. Le père non plus, les frères non plus ne voulaient pas travailler à l’usine. Eux que veulent-ils ? Que peuvent-ils ? Je ne sais pas. L’écriture pour élargir l’horizon.  Pour quitter l’entonnoir des préjugés.

Alors je leur dis Vous êtes mon avenir, mais savent-ils combien je prends cette phrase au sérieux ?


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Je relis Danièle Collobert, Antonin Arthaud, Grisélidis Réal, Violette Leduc et me demande comment faire entrer la nécessaire colère de ces auteurs pour que surgisse leur vouloir dire à eux. Ne pas être un professeur de substitution. Et en même temps, la différence culturelle que je sens comme un territoire à nommer et aussi un obstacle. Le nom de Dieu qui peut surgir dans leur texte, très loin de moi. En faire un sujet ? Et leur histoire familiale qui les ramène à Haïti, Maroc, Tunisie, Algérie, France, Vénissieux, banlieue - puisque c'est devenu un lieu commun. Un autre sujet  qui risque de  les enfermer toujours dans la même histoire. Je me sens dans un étrange entre deux  : m'emparer de ou abandonner. Demain, je les retrouve avec M. qui a écrit : J’ai la dalle et je me demande ce que je fous là à écrire. Depuis ce matin, je suis heureux, j’ai envie de m’envoler vers une victoire. Regardez où je suis, car ce n'est pas là où il faut être. 

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Jusqu'où Gerland ? Jusqu'au Moulin, là où sous le pont vous verrez des camions abimés par les trajets parcourus. Des camions de femmes qui, la plus part du temps, vivent la dedans par peur des menaces de leur "macros". Elles qui veulent offrir une vie meilleure à leurs enfants, pour  que leurs filles deviennent pas comme elles. Car elles n'ont pas eu cette chance. Leurs camions abimés par des jeunes à coups de pierres, de pavés. Ensuite ces camions sont calcinés à coups d'alcool à brûler. Ces jeunes les brûlent sans trop de raisons, ils les brûlent parce qu'ils croient que la vie se résume à un misérable jeu vidéo américain. Ils veulent les faire bouger, parce que pour ces jeunes, les Prostituées envahissent leur territoires, ils veulent les faire bouger ailleurs. Ces jeunes qui ne connaissent rien à la vie à part le mode d'emploi du quartier. Miftahou -2nd bac pro - lycée Marc Séguin

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Pour clore l'atelier du lycée professionnel Marc Séguin, avec l'enseignant, Samuel Delors, nous avons prévu une sortie avec lecture des textes au Kotopo, espace culturel international. Nous  avons choisi la Croix-Rousse dont  nous aimons l'esprit alternatif et ses ouvertures sur la ville.  Ils auraient préféré le centre commercial de la Part-Dieu. Groupe d'une vingtaine de gaillards qu'il faut tenir dans le métro surtout lorsqu'on croise un groupe de filles. On marche. Il trouve que la Croix-Rousse ça fait pauvre. Leur crainte souvent qu'on les stigmatise comme des pauvres, des exclus. On explique les démarches alternatives, la coopération, les Canuts et notre attachement au quartier... Leurs yeux nous quittent souvent pour regarder celui de l'écran du téléphone. Au Kotopo, lecture de leurs textes et la surprise des organisateurs qu'ils soient capable d'écrire des choses aussi fortes. Puis il est l'heure de repartir, je reste pour ranger les lieux. De la fatigue, du doute, les tenir en groupe n'est pas facile. Oui, je suis fatiguée. Quelque chose de serré dans la gorge. Denis m'offre un verre de vin. Peur de ne pas en avoir fait assez. L'envie de réparer le monde à moi tout seule. C'est idiot. Ouvrir quelques portes, c'est tout, et on ne peut obliger personne à y passer. Je ressasse la phrase de Yanis qui parle souvent la bouche en fermeture :  je voudrais que l'amour rencontre ma vie. Lui, non plus, n'imaginait pas écrire une phrase pareille. D'ailleurs, il faut cesser d'imaginer leur avenir, mais leur donner l'occasion de s'en inventer un. Le vin m'a fait du bien. 

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Laurent Gbagbo ne veut pas laisser sa place, il ne veut pas quitter son palace. Ouattara a été élu, Laurent Gbagbo ne veut pas lâcher l’affaire. Ouattara veut lui aussi le palace. La feuille me dit : j’ai envie de faire pipi mais le scotch m’en empêche.  Hind.

Je m'appelle Jason, j'ai 7 ans, ma mère travaille dans les tissus, mon père travaille dans les choses dures. Ma main, ici en classe, écrit des poésies, des phrases et des écritures. Dans ma poche, j'ai un carnet magique. Classe CE2 - école Jean-Moulin, Vénissieux. 

 

 

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