[le site de Fabienne Swiatly ]

C'est l'ecchymose, douleur qui s'efface.

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Dernière semaine de résidence à Bédarieux. Froid vif qui confine dans le gite qui n'est pas vraiment un chez soi. Et cette question qui me taraude : qu'est ce qui fait une résidence réussie ? Le plaisir des participants, la qualité des textes rédigés, l'augmentation du taux de fréquentation de la médiathèque, le sourire des élus, les textes que j'ai réussi à rédiger pendant cette période ? A vrai dire, j'écris peu pendant mes résidences. Trop envahie par les textes des participants. Souvent, j'écris mieux après, chez moi. Ainsi le texte de Saint-Claude a été maturé (ça se dit ? ) pendant les six mois de résidence, mais l'écriture s'est  faite pendant les mois de juin et juillet qui ont suivi. Et ce texte ci-dessous que j'ai commencé à rédiger, ici, dans le Campotel sur l'étroit d'une table d'écolier :
" Et j’entre, et je m’installe, et je dis bonjour et je tente un regard collectif et j’explique ma présence, et je lis un passage de Stimmlos, Boire, Gagner sa vie, Le mot avalé... je lis, je raconte, je propose l’aventure d’écrire. C’est si peu et c’est beaucoup.
Des feuilles pliées en quatre à l’écriture ramassée, l’arrondi qui boucle la ligne droite, le raturé qui redessine le paragraphe, le désordre des phrases avec des notes et des flèches pour retrouver la logique de lecture, l’avancée cadrée des lettres d’imprimerie, les gribouillis et les dessins pour se concentrer, l’orthographe précise jusqu’à l’avarice du vocabulaire texto, rarement la feuille froissée ou déchirée… et je griffonne sur le carnet ou les feuilles A4 pliées en deux un ressenti de l’instant, je me sens dans le même repli silencieux qu’eux.
Des bouts de vie au métronome du quotidien, du corps que l’on décrit avec rudesse, des bouts d’enfance que l’on recompose au présent, de soi qui hésite, qui s’étonne, qui se finit, qui s’étale, qui s’interroge, qui s’arque boute, qui s’amuse, qui composent, qui se décomposent…
Et qu’ils vont toujours au plus près de ce que j’osais espérer.
Et je suis l’écrivain, l’écrivaine de l’atelier, celle qui propose, qui doute, qui enchante, qui réduit et je me sens là et parfois moins, j’écoute le son du groupe, j’encourage, je m’extrais, je réapparais, j’ai peur parfois, mais ça ils ne le savent pas et c’est tant mieux. Je suis ici avec eux pour l’aventure d’écrire ensemble.
Bédarieux centre du monde et nous au milieu…
"
 

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Trois classes différentes depuis mon arrivée à Bédarieux. Arts graphiques pour deux d'entre elles et lutherie. Les ateliers se déroulent à la médiathèque, on y est au calme, entourés de livres et surtout ailleurs qu'en classe. Et le mot roman qui s'affiche en lettres géantes sur le mur, derrière les rayonnages. Juste en face de moi. Impressionnant. Après une heure de lecture de mes textes,  de commentaires et de réponses aux questions, je tente de les embarquer sur un territoire d'écriture inhabituel pour eux. Leur faire comprendre que ce n'est pas les mêmes enjeux qu'un cours de français, sans dénigrer pour autant les enseignants qui acceptent d'accueillir un auteur malgré le programme. Qui acceptent de me faire une place. Emporter des groupes de 15 vers un lieu que je ne connais pas, comme je ne connais pas toujours l'avenir de mes textes. Seulement cette certitude que l'écriture va nous faire voyager. Nous aider à décrypter un petit bout du monde. De notre monde. 
La surprise à la pause, quand une autre classe vient continuer la conversation de la veille. Un garçon  me raconte avoir lu son  texte à ses parents qui doutent qu'il en fut l'auteur. Une autre qui veut me donner à lire ses textes poétiques. Celui-là qui évoque l'indifférence de ses parents. Je me sens des deux côtés. Je n'ai rien oublié de l'adolescence mais je suis  aussi une mère. Je sais l'adolescence qui fascine ou fatigue. Notre impatience devant cette période de la jeunesse. Notre envie de mettre des réponses parce que leur vocabulaire hésite. Trop chargé d'émotion. Répondre avec de l'ouverture. Aider à penser différemment. Rester à ma place.
Deux ateliers dans une même journée, ce n'est pas simple mais j'aime aussi intervenir avec la fatigue de mon corps. Travailler avec mes doutes. Mes questionnements.  Bégayer mon savoir-faire.
Pour des histoires de clé, je traîne seule dans la médiathèque un bon moment, alors  je parcours les rayonnages. J'extrais un livre jeunesse de Sarah Cohen-Scali, une biographie de Rimbaud - à partir de 12 ans. Je lis les premières pages. Voilà bien longtemps que je n'ai pas lu un livre jeunesse. L'écriture est simple mais juste.
Un livre qui tente juste de me raconter une histoire. Je le glisse dans mon sac sans demander l'autorisation à personne, puisqu'il n'y a personne. Je le rendrai. Je vais le lire ce soir, le sommeil difficile à trouver dans mon nouveau lieu. Ce soir, j'aurai 12 ans. Un instant. Un bref instant et je  vais me raconter des histoires.

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L'importance des textes que je lis. L'importance de ma voix. L'importance du nombre d'élèves - le compliqué au delà de 15. L'importance de la confiance donnée et reçue. L'importance de suggérer, convaincre mais ne pas imposer. L'importance de la place donnée par le ou les enseignants qui accueillent. L'importance de venir avec l'énergie qui porte à écrire soi-même des textes. L'importance de ce présent où la littérature vient ancrer des histoires contemporaines. Eux des élèves, des jeunes, des lycéens, des fils et filles ... Eux avec la littérature. Eux avec ce que je crois savoir de l'écriture. Avancer avec volonté sur l'espace tremblant de la création. Alors des textes qui s'écrivent, qui  se disent, qui me, qui nous secouent. Oui cela fait sens. Cela fait du sens. Démarrage des ateliers d'écriture à Bédarieux. 

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Je suis là. J’attends, je regarde, je ne fais rien. Mon corps ne bouge pas, ma tête ne bouge pas, mes jambes ne bougent pas. Mon bras dirige cette clope jusqu’à ma bouche. Les gens s’étonnent. Je regarde sans regarder. Tout se passe en moi. Ma tête en perpétuel mouvement. M’asseoir et prendre le temps de presque rien.
Parfois être à deux en silence ou s’expliquer le bordel dans nos têtes. Cerveau qui mêle, s’emmêle, se tord dans tous les sens mais s’en sort… Pas besoin de grand chose. Juste me mettre dans la bulle qui protège. M’enfermer dans un monde où je me sens philosophe. M’évader.    Élodie - Lycée professionnel de Bédarieux

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Ligne de partage des eaux est un texte poétique que j'ai écrit sans difficulté même s'il vient interroger le vécu d'un avortement (les sales histoires des femmes comme on peut l'entendre parfois). Je n'ai pas non plus de difficulté à le lire mais j'ai demandé à la chanteuse Laurence Cernon de lui apporter une deuxième voix. La mélopée du monde extérieur. Une voix extérieure au cabinet médical, à la décision prise. Ma seule présence risquait d'apporter trop de pathos.  A deux c'est mieux. J'ai travaillé un an sur ce texte, par petites touches. Comme souvent avec l'écriture poétique, j'y reviens de manière irrégulière. Cela permet de me relire  avec une certaine distance et de gommer ce qui chante trop ou se complet dans l'emphase. Antoine Emaz en parle très bien dans son livre Cambouis. Par contre, je n'étais pas certaine de son acceuil. Une lecture à l'occasion de La Nuit Remue m'a permis de vérifier que c'était un texte "partageable". Depuis le Théâtre aux mains nues, théâtre de marionnettes, a proposé de le mettre en scène. Des gens que je ne connais pas ont lu ce texte et ont eu envie de le donner à entendre à d'autres. C'est un cadeau,  comme à chaque fois que d'autres artistes se saisissent de mon travail, une grande émotion et une belle gratification. Un moteur très fort pour continuer à écrire, même si l'agenda et la course à l'argent (celui qui fait respirer le quotidien) laisse peu de temps. S'accrocher. S'entêter. Je lirai ce texte avec laurence,le vendredi 13 novembre à la médiathèque de Bédarieux et le mercredi 16 décembre à La scène poétique de Lyon. En attendant je m'obstine avec les pierres du Causse, marcher, regarder, interroger cette région quand je n'anime pas d'ateliers d'écriture.  

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L'écrivain Arno Bertina inventait, avec les habitants, une ville de Bédarieux centre du monde et je poursuis sur le thème ... et moi au milieu. Premiers ateliers qui s'achèvent, premiers textes et photos qui s'affichent ici. Attendre les réactions, en tout cas de belles rencontres - il me semble. Sentir que l'on participe à créer du lien entre ceux qui habitent ou qui traversent la ville (le temps des études, d'un travail, d'un atelier, d'une lecture...). Et ce sentiment émouvant lorsque je parviens, comme hier, à traverser le mur de la distance. Classe distraite, coupure des vacances qui a émoussé l'enthousiasme de la première rencontre. A ce moment-là, je sens le danger d'une indifférence molle. Polie, mais molle. Alors, il me faut trouver les mots pour secouer. Revenir à la nécessité de l'engagement dans l'écriture littéraire. Secouer l'inertie et ramener à soi et à la feuille, chacun d'eux. Pas facile mais nécessaire. Je dis que j'ai besoin qu'ils me parlent du monde dans lequel nous vivons. Que j'aimerais qu'ils prennent le risque de s'étonner. Nous travaillons l'auto-portrait, et j'ai dû les rassurer souvent. Comme quoi je ne cherche pas à leur arracher un secret, comme dans les nombreuses émissions de télé. Mais quelque chose de leur monde qui viendrait nommer aussi le mien. Quelque chose de sincère en moi qui semblent les motiver. Les têtes se baissent, les mains écrivent et bientôt je pourrai lire ce bout de phrase sur un texte en cours : je suis l'enfant de la routine. Et bien sûr, l'envie de lire la suite... Tout un monde dans ce début de phrase. 

 

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C'était vendredi 27 novembre à Bédarieux. Anne de Boissy se prépare pour la représentation de  Boire. Je prends des photos, je cherche à me rendre utile. J'ai le trac. Ce n'est pas moi qui joue pourtant. J'ai confiance en Anne mais je sais que tout le long de la lecture je vais douter. Je vais être à l'affût du moindre mouvement de spectateur. Vérifier que personne ne gêne la lecture d'Anne.  Guetter la moindre faiblesse de mon texte. Et cette étrange sensation d'engloutir le public dans le pesant de l'alcool.
En attendant, j'occupe mon corps. J'installe les chaises, vérifie les ouvertures de porte, prend des photos sans réfléchir à ce que je cherche à fixer. Pas de mots plus grands que les choses, je rumine les mots de Béatrice Beck. Et puis accepter. Ne plus penser à rien. Laisser faire la comédienne, le texte, le public -  en dehors de moi. 
Le soir-même, il y aura dans la salle des participants des ateliers d'écriture, des lycéens, des enseignants, des connaissances et des inconnus. Le silence sera  intense juste avant les applaudissements, puis  la légèreté viendra avec les commentaires, les échanges, les réflexions qui donnent du sens au travail. Puis on rentre avec Anne au Campotel où on loge, on boit un verre de Faugères, même deux. On se dit que c'était bien. Et ce moment amusant où Anne pour répondre à un de mes propos, cite un passage de mon livre. J'entre en conversation avec moi-même. C'est étrange. La vie est une fiction. Je me sers un troisième verre.

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Après cinq séances d'atelier d'écriture avec la classe des futurs assistants techniques en instrument de musique (Atim - du lycée des métiers de Bédarieux), je visite presque par hasard leur atelier. Treize garçons et deux filles devant leur établi. Je suis émue de les voir si concentrés sur leur travail et aussi qu'ils sachent faire ce que mes mains ne savent pas : fabriquer avec du bois. Fabriquer des guitares. Je prends quelques photos. Je voudrais les questionner, mais trop de bruits. Je trouve dommage de ne pas avoir visité leur atelier avant de proposer le mien, pourtant c'est  une évidence, comment avons-nous pu ne pas y penser ? J'aurais choisi d'autres mots, d'autres entrées pour les emmener en écriture. Créer une passerelle entre mon savoir-faire et le leur :  Je gratte encore, mais pas du papier. Je gratte les cordes acier de ma guitare. Le reste n’a pas d’importance.  

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Vendredi15 janvier, avec Anne Chastrusse, directrice de la médiathèque, nous devions nous décider quels triptyques allaient être publiés dans le livre de la résidence. Choisir c'est perdre. Sur les 80 textes mis en ligne sur le site, nous ne pouvons en garder qu'une trentaine sur le papier. Frustration. On a choisi de sorte à offrir une lecture variée, à l'image des ateliers. On a trié. On a décidé.
Puis de voir tous ces visages que j'ai pris en photo, ces textes écrits et donnés, je sens monter en moi une très forte émotion. Quelque chose de généreux a été partagé et c'est là, entre mes mains sous forme de brouillon. Cela marque aussi la fin d'une aventure humaine. Lecture des textes dimanche à la Tuilerie avec une mise en scène d'Hélène Azéma, puis il me faudra rentrer chez moi. Je suis contente de revenir at home, mais vibre en moi la trace mouvante des rencontres. Tout ce que le livre, le site et les bilans ne raconteront pas : le fragile des rencontres. Le fragile du faire ensemble. Et quelque chose aussi de plusieurs morts cette semaine, le penseur Daniel Bensaïd, le cinéaste Eric Rohmer, le chanteur Mano Solo. Le cimetière de ma mémoire rassemble ses morts. 
 

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Bédarieux, centre du monde... et moi au milieu est sorti... très beau livre, qui doit beaucoup à la pugnacité de la directrice de la médiathèque : Anne Chastrusse. Une sélection de trente textes et photos sur les 80 réalisés pendant ma résidence à Bédarieux. Restitution, lecture vendredi après-midi avec les 4 classes de lycéens et leurs professeurs, puis avec les adultes. La nécessité de réaliser un livre se pose toujours en fin d'atelier. Mais s'il ne vient pas envahir les étagères des libraires, il est la trace nécessaire d'un travail de groupe. Il me (nous) permet aussi de clore l'événement, puis de montrer à d'autres ce qui a été fabriqué. Oui j'aime les mots de l'usine pour raconter, les si bien nommés : ateliers d'écriture. Cette résidence fut l'occasion pour moi d'intégrer  pour la première fois mes photos. Je pense renouveler l'expérience texte et photos (sous une forme différente) avec une classe de 3ème à Givors, si l'école obtient le financement. Ce que je saurai tardivement et pourtant il me faudra bloquer une partie de mon agenda sans certitudes. Exercice difficile (car des projets de la sorte, j'en ai bien une dizaine en attente) et qui me rend parfois colère quand on tord le nez devant les tarifs : ça paye bien, écrivain. Mais faut-il encore que cela paye. 

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