[le site de Fabienne Swiatly ]

C'est une trace venue s'installer en moi pour en faire de l'écriture.

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Depuis quelques jours je travaille à un texte pour un ami sculpteur. Texte qui doit accompagner  des photos de sculptures érotiques.
Travail d’écriture où je butte sur l’hégémonie du mot corps. Difficulté à trouver d’autres mots pour désigner cette partie matérielle de l'être animé, dixit le dictionnaire Robert.
Le lexique anatomique m’offre un éventail infini de mots pour désigner le moindre muscle, le moindre os, la moindre subtilité de notre enveloppe charnelle : buste, bassin, ventre, bras, jambes… Mais quasi rien pour décrire le tout. Ce tout qui nous  tient. Seulement ce mot si bref et polyvalent : corps.
Pourtant tout se déroule à l’intérieur : notre vie organique, psychologique, sexuelle,  y loge  même notre âme, ou vie, ou souffle, ou esprit... le mot âme, lui,  a de nombreux synonymes qui informent sur les  convictions du narrateur. Mais ce sac de peau qui nous contient ne connait que lui. Et si encore, il tenait à nous ce mot, je pourrais me sentir moins démunie mais il se vend à bien d’autres nécessités : corps médical, corps de lettre, corps de ferme, corps du délit, corps étranger, corps électoral, corps diplomatique, corps de ballet...
Comment faire exister la richesse érotique dans mon texte avec ce seul mot ? Je ne peux les détacher de la pensée, les séparer de la chair, les éloigner de leur ça, les évider de leur désir. L’adjectif et la métaphore sont des alliés peu fiables surtout avec l'érotisme
J'ai beau questionner mon Thésaurus, il me donne seulement à comprendre que je ferais mieux de parler de corps morts plutôt que de corps vivants. Le cadavre, lui, a de nombreuses variantes : défunt, disparu, macchabée, dépouille, carcasse, charogne, ange ou encore démon.
Mais qui aimerait faire une sculpture de corps définitivement morts. Des moribonds peut-être, mais des corps morts ? @lundi13juillet2009

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Associations d’idées

Une plainte d’amour. Se souvenir, se mouvoir, se toucher. Adopter des attitudes. Se dévêtir, se faire face, déraper sur le corps de l’Autre. Chercher ce qui est perdu, la proximité. Ne savoir que faire pour se plaire. Courir vers les murs, s’y jeter, s’y heurter. S’effondrer et se relever. Reproduire ce qu’on a vu. S’en tenir à des modèles. Vouloir devenir un. Être dépris. S’enlacer. He is gone. Avec les yeux fermés. Aller l’un vers l’autre. Se sentir. Danser. Vouloir blesser. Protéger. Mettre de côté les obstacles. Donner aux gens de l’espace. Aimer.

Café Müller – Pina Bausch in Histoires de théâtre dansé par Raimund Hoghe – ed. L’Arche

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C’est un vendredi de juin. Juin 2009. Je sors d’une réunion de travail pour sélectionner les lauréats d'un concours de nouvelles (Quelles nouvelles ?). La discussion était intéressante. Le concours accepte de primer des  textes qui ne font pas consensus (quel mot difficile à écrire en toute simplicité). La journée est belle, dans une heure, je prends un train pour  Chambéry. Randonnée dans le massif de Belledonne prévue pour le week-end.  La vie est légère. C’est l’été. Pleinement l’été. Oui Michaël Jackson est mort, oui Frédérick Mitterand est ministre de la Culture, oui à Calais des hommes sont arrivés dans l’entonnoir du mythe européen et ils en crèvent comme des chiens. Oui. Mais ce serait mentir de dire que je ne parviens pas être heureuse ce jour-là. Vivante en tout cas.
Et,
Mais,
A l’arrêt de bus où je patiente, trois hommes en tenue Sécurité TCL, Transport en commun de Lyon, encadrent une femme. La trentaine. Trois autres personnes s’y ajoutent, celles-là en tenue Police Municipale, puis viennent se joindre à elles trois Policiers, voiture qui se gare avec arrogance en contre sens. Coup de volant viril. Ils portent des armes. Neuf uniformes assermentés. Neuf personnes dont certaines armées, encadrent un 27 juin 2009 vers 15h une femme d’une trentaine d’années, non armée, en tenue estivale.
C’est ce que je vois.
J’interroge un TCL : elle doit être dangereuse ? Lui avec du dépit dans la voix : elle a de nombreux PV non payés à son actif. Je m’étonne du dispositif. Il répond, oui, je sais mais on doit prévenir la police. On est obligé.
Donc, pour notre sécurité (discours officiel), il faut neuf personnes dont certaines armées pour neutraliser une femme d’une trentaine d’années qui ne paient pas ses PV. Sa dangerosité est telle qu’il faut mobiliser neuf personnes pour faire cesser ses agissements mafieux. Une délinquante de haut niveau interceptée à un arrêt de bus. Parce que les grands bandits, les grands arnaqueurs, les profiteurs du Cac 40, des délocalisations, des placements véreux, des abus de pouvoirs, des je tape dans la caisse… prennent, bien entendu, les transports en commun… Alors neuf personnes, c'est bien le minimum.
En tout cas, c'est un flagrant délit. Et ça c’est bon à prendre, un flagrant délit. Bon pour les statistiques du Ministre de l'intérieur.
J'ai peur, mais pas de cette femme. Non vraiment pas.

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Depuis quelques mois, mes doigts sont en état de sécheresse extrême. Ils s'échauffent, se gonflent, rougissent... Au marché de la poésie, je ne parvenais plus à feuilleter un seul livre au risque d'y laisser une trace saignante et disgracieuse. J'ai fini par consulter un médecin qui  a diagnostiqué une allergie au papier. C'est malin ! Je vois déjà François Bon ricaner et me refourguer sa liseuse de l'an passé : l'électronique ma vieille ! L'électronique ! Ayant quelques livres papiers à finir (bien une vingtaine de retard), je suis obligée d'enfiler des gants de coton. Mettre une distance entre moi et les causes de mon allergie. Littérature à pendre avec des gants. Ce n'est pas pratique mais cela donne un genre. Par contre, le pad de mon ordinateur est totalement insensible au charme des gants de coton, et il me faut les retirer pour m'en servir. Déjà qu'il y avait les lunettes... 

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Samedi, Nuit Remue à l’Espace Cerise. Je lis pour la première fois Ligne de partage des os. L’aspect technique de ma lecture - j’ai rajouté une bande son réalisée par Laurence Cernon que je dois gérer  moi-même en direct (pas de régisseur) - m’inquiète un peu. Et aussi lire ce texte pour la première fois. Poésie sur l’avortement, je n’y vais pas avec le dos de la cuillère, ni le creux des émotions. Je suis contente d’être programmée en début de soirée. Plus disponible ensuite pour écouter les autres.
A la fin de ma lecture, j'écoute les commentaires de ceux qui ont aimé. Mais je voudrais surtout connaître l’avis de ceux qui se taisent. Pas facile de s’approcher et demander. Envie de savoir et de ne pas savoir. Mais la technique a bien fonctionné, c’est déjà ça.
Puis j’écoute avec fascination (ce n’est pas le bon mot, mais émotion m’encombre trop). En tout cas j’ai écouté de tout mon corps, de tous mes nerfs la lecture de Claude Favre, accompagnée par le guitariste Yann Féry. Elle donne son texte, sa voix et son corps sans filet. Elle lit comme l’on marche sur une crête de montagne lorsqu’on est pris de vertige : ne pas s’arrêter, regarder droit devant, avancer pour ne pas tomber, rester concentré sur la marche.
Ses textes vont chercher la phrase à la limite d’un cri rentré. Dire jusqu’à l’hésitation de l’écriture car un mot ne peut contenir le monde à lui tout seul, il faut le frotter à d’autres mots. Et cette intonation qui m’intrigue que je ne sais pas nommer, et c’est Laurent Grisel qui s'adressant à elle, me donnera un début de réponse : les consonnes. C’est bon d’entendre des consonnes.
Oui il y a ce travail et cette diction qui met en avant les consonnes, qui n’étire pas la voyelle. La phrase qui vient s’appuyer sur le plus bref de la langue et des sons. Et Claude de sourire aux propos de Laurent : enfin quelqu’un qui me parle de grammaire… D’autres lectures après.  D’autres bons moments dans la soirée que l’on pourra bientôt entendre sur Remue.net, mais cet instant-là, le plus fort pour moi. Espérer que Claude pourra être entendue ailleurs. Souvent.
Puis le lendemain, la croisant sur le marché de la Poésie, elle évoque des lectures à venir, des textes publiés. Propositions qu'elle semble accepter sans crainte car c’est une méfiante. Alors je guetterai dans ces mails et  préviendrai. En attendant à lire sur Remue.net ici.

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Hier à la Scène poétique de Lyon, Armand Dupuy  lit Pollock, un texte en corps à corps avec le peintre disparu. Puis Fred Griot et Yann Féry à la guitare. Une langue qui se parl comme l'écrit et dit Fred. Et c'était un bon moment. De les entendre, l'envie de me mettre au boulot. D'aller creuser ma propre fouille. D'accepter qu'à un certain moment l'écriture semble dessiner inlassablement le même sillon sans que cela avance. Et pourtant cela avance. 

Et je travaille avec Laurence Cernon, une mise en voix et chant de mon texte La ligne de partage des os. Retrouver le plaisir du son comme à l'époque de la radio où je dealais du sable avec des amies. C'était le titre de notre émission Les dealers de sable. L'époque de la radio libre, du créatif, de l'inventif, du n'importe quoi.  Le son parvenait essentiellement de la radio. Pas encore compressé. Parfois gratouillant, vynils si fragiles - ou l'étirement d'une bande magnétique fun peu atiguée. Sur les ondes se mélangeaient les voix rockeuses, libertaires, hardeuses, moralistes, politisées, féministes... Les voix plurielles. Puis le commerce a repris ses droits. Beaucoup de voix se sont tues. J'en redécouvre en des lieux dits de la poésie. Venez en entendre ce samedi rue Montorgueil à Paris. J'en serai. 

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Cambouis d’Antoine Emaz est un livre qui me porte en un période difficile avec l'écriture. Le sentiment de me traîner derrière les mots. De les supplier de dire. Alors ce livre qui me parle, expression que je n’aime pas utiliser d’habitude, mais comment dire autrement d’un livre qui entre en conversation avec ses questionnements les plus intimes. Un livre écrit sans emphase sur le travail d’écriture poétique.
Le livre ne me quitte pas. Je lis, souligne, relis et me dis : c’est ça oui c’est ça. Peu de livres dans la vie qui me collent ainsi : Le plaisir du texte de Roland Barthes, Ecrire de Marguerite Duras, Plume d’Henri Michaux, Frêle bruit de Michel Leiris,  La chasse à l’amour de Violette Leduc… si tout de même; les titres et les auteurs qui reviennent de suite.

Extraits de Cambouis : un poème, c’est de la langue sur une émotion qui rend muet. Il va contre ce mutisme, il est donc bien un exercice de lucidité, d’élucidation. Par les mots, je retrouve un peu prise sur ce qui oppresse. Par les mots, je me décale, je prends un peu de distance, je ne suis plus complètement dedans. On écrit sans doute moins pour ne plus avoir mal que pour comprendre de quoi on souffre exactement. […]

En simplifiant, on pourrait peut-être dire qu’en vers, il y a une saisie verticale du mot, alors qu’elle est horizontale en prose.  […]
La page reste une sorte de réplique à un choc ; elle travaille ce choc ; elle ne l’explique pas plus qu’elle ne l’efface ; elle pose ce choc, autant que possible.  […]

Pourquoi écrivez-vous ?
Parce qu’il faut.

Cambouis – Antoine Emaz,  Seuil-déplacements, 2009

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L'été du livre à Metz - Vendredi 5 juin. J'attends le chaland au stand 110. J'ai le vain espoir d'y croiser un ou une amie de l'époque où je fréquentais par intermittence le lycée Robert Schuman. Personne. Pour passer le temps je note les attitudes de ceux qui s'arrêtent devant ma pile de livres. D'abord deux collégiens qui collectionnent les autographes (au cas où nous serions ou deviendrions célèbres). Puis régulièrement, des gens passent,  feuillettent mon livre, lisent la quatrième de couv', le reposent et me disent merci. Je réponds de rien, ce qui est l'expression la plus adaptée à la situation. Avant de s'éloigner, il jette un regard plus ou moins discret sur mon visage (vérifier à quoi ressemble une écrivain).
Une dame, la cinquantaine active, se souvient d'avoir lu un article sur mon livre dans le Républicain Lorrain. Me sourit et s'en va. Une femme âgée, habillée très chic mais la bouche pleine de chicots me demandent quand François Koltès sera là. Sa pile de livres jouxte la mienne, il sera présent dimanche. Je donne l'information à la dame qui trouve très embêtant son absence. Derrière moi, un auteur d'héroic fantasy passe énormément de temps à discuter avec des jeunes garçons passionnés. Je ne comprends rien à leur conversation. Sur le stand des auteurs auto-édités, beaucoup de monde.
Les ados feuillettent souvent Boire. La couverture très BD attire leur regard. L'absence de dessins à l'intérieur doit  les décevoir car ils ne l'achètent pas. On me prévient que la lecture d'Une femme allemande aura lieu à la Librairie à 17h30. Il est 15h, je m'ennuie ferme. Quelqu'un me demande ce que je pense du livre de François Koltès. Je donne mon avis sur ce livre que j'ai lu et apprécié, il y a quelques mois. Je précise que je ne suis pas François Koltès. Cela ne fait rire personne. Malgré le whisky et le vin blanc bus avec l'incroyable Jean Favier ce midi (il va me décerner le prix Marianne dans quelques heures), je ne somnole pas. J'écris tout de même : au bout d'une heure, tout écrivain qui ne signe pas un livre, s'affaisse de 10 cm. Je m'interroge sur l'omniprésence des livres de Didier Decoin, presque une table pour lui tout seul. Serait-il mort ? Un homme très bronzé, chemise ouverte sur une croix dorée et un médaillon de la Vierge Marie achète mon livre, mais me prend pour une vendeuse. Une dame me salue, elle ressemble incroyablement à Marguerite Duras. Elle me demande si je suis de la famille d'Alfred Swiatly, avocat à la Chambre de Metz. Pour la cinquième fois aujourd'hui, je réponds non à cette question.
La couverture blanche de la Fosse Ours résiste mal aux nombreux attouchements des visiteurs. Une dame me dit qu'elle aurait volontiers acheté mon livre s'il avait été écrit en allemand. Encore une fois, je dis : non, François Koltès ne viendra pas aujourd'hui. Une suite d'hommes cravatés avancent sous le crépitement des appareils photos. Je suppose l'arrivée du maire et ses adjoints. Yasmina Khadra (parrain du festival) les suis timidement). Un bel homme s'approche de moi, me sourit, lit mon nom sur le présentoir, s'excuse et s'éloigne en rougissant. Quelque chose vient de m'échapper. Jacques Fourès de la librairie Géronimo m'annonce qu'il va être temps de se rendre à la lecture. J'aurais vendu un livre et signé deux autographes (à des collégiens) en presque quatre heures. L'auteur d'héroic fantasy discute avec un nouveau groupe de jeunes. Il a l'air content. 

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Je quitte la ville et à cet instant-là, je ne sais rien en dire. Rien à écrire. Comme après un long voyage à l'étranger. On retrouve le lieu des habitudes, les amis posent des questions et ce que l'on dit est d'une banalité affligeante. Mémoire immédiate qui ne sait pas dire ce qui a été ressenti. Ce qui a été transformé. C'est comme s'il me fallait oublier d'abord pour que les images fortes reviennent. Et ça reviendra. L'écriture s'infiltrera dans les différentes strates de la mémoire.

Je pourrai écrire avec et contre la mémoire. La fiction s'installera en moi et je trouverai les mots justes.  Alors ce soir je range les cartons, je trie les photos, je relis les notes. J'accepte qu'il n'y ait rien de particulier à dire de ces cinq mois passés à Saint-Claude.  Rien de particulier pour l'instant, seulement ce temps du partir, du quitter. Ce temps où il faut savoir s'abandonner.

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Dans une dizaine de jours, ma résidence dans le Jura se finit. C'est l'heure de préparer l'exposition qui retrace les ateliers. Affiches, dessins, diaporama et le livre donné à chacun des élèves. Derniers moments passés avec les enseignants.  Et déjà la rencontre avec l'auteure retenue pour  2010, Emmanuelle Pireyre, que j'ai eu du plaisir à rencontrer à la Maison de la Poésie.

Travail terminé avec le doute parfois et les petites bourdes qui ternissent un peu le plaisir, des noms d'élèves oubliés ou un diaporama qui rechigne à fonctionner sur certains ordinateurs. On court après le temps et quelque chose finit par échapper. Mais le plaisir aussi, le livre qui fait sens, les enfants qui disent vouloir être écrivain plus tard (qu'ils ne lisent surtout pas la fin de ce texte),   la jeune fille croisée dans Saint-Claude qui prend le temps de se rapprocher malgré son air timide. Je ne me souvenais plus de son prénom mais qu'elle était en classe de CAP. Je la questionne sur ses cours et c'est elle qui me dit combien elle a aimé l'atelier. Oui vraiment trop bien. Et ça fait plaisir. Nos sourires échangés sur le parking de l'Intermarché. 

Depuis quelques jours aussi, avec ceux de la rédaction de Remue.net, dont une bonne partie sont écrivains, nos échanges concernant les résidences. Un même mot pour résumer des situations très différentes. De la résidence qui offre uniquement un lieu pour écrire et celle qui demande une implication plus importante, voire très importante. Le calcul 30 % pour le projet et 70 % pour l'écriture personnelle qui formalise par contrat ce qu'un écrivain a pourtant du mal à quantifier, pour lui-même :  le temps nécessaire pour écrire un livre. Temps qui ne peut se limiter à celui  passé devant l'ordinateur. Tiraillements parfois avec les organisateurs contraints par les désidératas des financeurs et des partenaires.  

De la somme qui parait importante (1500 euros à 2000 par mois) mais sans aucune cotisation ou garantie d'une somme maintenue si jamais l'auteur invité à la mauvaise idée de se casser une jambe ou d'attraper un mauvais microbe. Le logement comme un supplément alors que le loyer court de toute façon pour le lieu de vie habituel. Et du comment faire pour certains quand il y a des enfants. Alors je nous sens proche de ceux d'une autre époque : tâcherons, journaliers qui allaient de ferme en ferme, d'atelier en atelier, louer leur bras. Recevaient gite,couvert et argent. Et retournaient à la précarité et au mystère. 

Parfois aussi des propos qui se font durs à avaler comme ceux de Dominique Lebrun secrétaire général de la Société des gens de lettres et administrateur de l'Agessa qui dit exactement cela dans une interview à Livre et lire, revue de l'Arald : il n'est plus guère envisageable de vivre de la publication de ses livres. Si vous voulez avoir une création littéraire riche et durable, ayez un métier à côté et écrivez pour votre plaisir (voir article en PDF ci-dessous).

Tout le monde sait que l'écrivain écrit seulement pour le plaisir. A côté, il lui suffit d'avoir un métier qui ne l'absorbe pas trop. Ainsi, il aura du temps libre pour écrire, et aussi pour rencontrer son public dans les librairies, pour animer des ateliers d'écriture, pour signer des livres dans les salons, pour préparer et donner des lectures dans les médiathèques. Pour les résidences qui demandent un temps de présence plus long, il restera les écrivains retraités ou chômeurs. Car il est compliqué de quitter un travail pendant trois mois surtout si on est dans l'enseignement. Et surtout dire  au Pôle emploi (ex.ANPE) que l'on écrit la nuit pour ne pas perdre ses indemnités Assedics si on est au chômage. Et que les comédiens, danseurs, metteurs en scène se méfient, on leur demandera bientôt aussi d'avoir un métier à côté, tout le monde sait bien que l'on joue, danse, chante pour le plaisir.

Bon, assez joué, il est l'heure pour moi de retourner à mon travail le vrai. Le sérieux. Oui mais lequel ? Dernière mise à jour dimanche 24 mai et aussi Obsession Usine ici

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