[le site de Fabienne Swiatly ]

La trace bleue

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affamée / tu cherches de la farine / dans les côtes du vieux moulin / à quatre pattes / tu grattes avec ta langue / tu souffles dans les fentes / tu goûtes les planches âpres / le visage de plus en plus enfariné / l'histoire devenant ronde / le corps entier s'allonge sur le sol / retrouvant le passage 

lačna /  iščem moko / v rebrih starega mlina / po vseh štirih / praskam  z jezikom / piham v razpoke / okušam hrapave deske / obraz je vse bolj prašen / zgodba postane okrogla / s celim telesom ležem na pod / najdem prehod

La nuit remue ; et les mots nous tiennent debout jusqu'au soir. Des voix très différentes qui s'écoutent se disent, se contre disent aussi. Avec Mateja Bizjak nous lisons, elle en slovène, moi en  en français, son texte Alice aux mille bras.  Ici des photos des autres lecteurs de la Nuit.

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Les bonnes intentions ne font pas les bonnes inventions. C'était mercredi soir, place Saint Sulpice avant l'ouverture du marché de la poésie. Dans les cabanes dites des poètes, on se sent bien seul à devoir affirmer la poésie, la littérature dans le désordre de ceux qui viennent là avec peintures  légères, chaises pliantes, bouts de films, bouts de nappe, bouts de textes, de quoi boire et surtout de quoi élever la voix pour attirer vers soi ceux qui trainent là par hasard ou pour de bon. On croise des auteurs qui ont hésité à investir le lieu et que l'on sent soulagés d'avoir dit non. On est triste dans sa cabane pourtant le livre que l'on montre est beau mais la peur de le tâcher avec les verres au-dessus penchés. La poésie a  le droit de boire, certes, mais il faudrait d'abord l'entendre. Décalage dans ce fourre-tout. Confusion des genres, je perds la voix, je perds l'envie. J'ai honte un peu d'être là, à ne rien savoir faire dans ce désordre triste et vain. Puis je pense à demain quand j'entendrai le texte d'Arnaud Maïsetti qui ainsi commence : Et je me tiens debout, je n’ai pas besoin d’autres armes que mes jambes bien plantées sur le sol droit et horizontal ;

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Lumière terne dans la pièce où j'écris pourtant le ciel est changeant. Attire l'orage. J'écris avec le bruit des travaux dans la rue et la station service où régulièrement des conducteurs s'engueulent. J'écris et cela n'avance pas. Quand je sens trop de mou dans ma phrase, je viens me réveiller sur le site d'un tel ou un tel. Découvre celui d'un homme sans réseaux, Jean-Baptiste Monat et cette phrase de lui qui me va : attendre sous la pluie de feu qu'une dent pousse. Il habite Lyon et sera sur la scène Poétique de la Part-Dieu le 16 juin et moi, je serai à Paris au Marché de la poésie pour présenter le livre Sublime Obscène dans une des nombreuses petites cabanes qui sont mises à disposition des poètes, à qui l'on demande de plus en plus de faire spectacle. Donc je n'entendrai pas la voix de JB Monat, mais peut-être qu'aujourd'hui, regardons-nous avec la même mollesse ce ciel qui ne vient pas. En attendant le miracle du vivant, il est l'heure de retourner à ce qui ne s'écrit pas.

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Invitée à une rencontre littéraire par l'association Des auteurs aux lecteurs, je passe un week-end à Marseille, ville qui m'attire et m'intimide. La violence du soleil, des bruits, du Mistral viennent dialoguer tout en contraste avec ma peau fragile et mes yeux clairs. Clichés contre clichés, à Marseille, je me sens foncièrement une fille de l'est. Deux jours dans la ville qui éveille de nombreuses questions en moi. J'aime sa force érotique. Exceptionnellement je ne tourne pas mon regard vers la mer, mais dans les quartiers au nord de la Canebière. Envie de prendre des photos. Je bannis la couleur de mes réglages, le ciel y imposerait trop de bleu, ce bleu du ciel que j'ai de plus en plus de mal à supporter dans les images numériques. Va-et-vient d'abord sur la Canebière. Je cherche à cerner la foule. Isoler une photo n'apporte pas un rendu intéressant, c'est le nombre qui fait l'intérêt. Trouver un montage sur un format A3 ou plus grand. J'aime ici ce visage tourné vers moi, qui suggère une histoire.  Dans le quartier qui longe le cours Julien, je prends en photos le haut des maisons, des rues. Je tiens l'appareil à bout de bras, ce qui me vaudra un mal de dos assez tenace pendant la nuit et quelques déceptions quand j'importerai les images sur mon ordinateur. Tant pis. J'en garde quelques unes pour mémoire, je devrais  retourner  à Marseille en septembre. Tenter une nouvelle fois la foule et les bouts de bras. 

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On a prévu un pique-nique au bord de l'eau. Le soleil est au rendez-vous. On a réuni la famille et préparé les salades. C'est une journée comme dans les livres de Philippe Delerm. On a trouvé une place à l'ombre et étalé les serviettes. Des bières fraiches et des fraises que l'on mange nature. On joue mal au badminton mais on rit. Puis il y a le tour en pédalo et la tournée de glaces. Il y a ceux qui trouvent l'eau trop froide et ceux qui se jettent sans un frisson, la glace des petits qui coule sur la peau, la crème solaire qui sent le monoï, les photos que l'on prend avec le portable. Bien sûr, il y a aussi celle avec du chagrin encore dans les yeux, celui qui ne sait pas comment s'assoir confortablement, celle qui a du mal à oublier son téléphone, celui qui baille le regard perdu sur la montagne qui cerne le lac. C'est une bonne journée tout de même. Le soir, on rentre dans le ralenti des embouteillages, le visage un peu rouge du trop de soleil et les cheveux qui sentent l'eau glacée. On dépose les uns et les autres, le cœur un peu serré. On se sent comme dans cette chanson de Gainsbourg chantée par Birkin : fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve

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Ateliers à Bron, préparation d'une résidence à Vénissieux... je suis amenée à prendre souvent les transports en commun qui portent bien leur nom, celui du déplacement collectif. Et ce constat que les étrangers vivent à l'extérieur de Lyon. Plus le tram ou le bus s'éloigne du centre, plus je vois monter des noirs, des Maghrébins, des Turques. Ce n'est pas la couleur qui me fait dire qu'ils sont étrangers mais le langage qui s'échange avec un voisin ou par le téléphone. Mes questionnements à ce moment-là s'inscrivent dans bien des lieux communs de notre époque : le port du voile, l'intégration, l'apprentissage de la langue... Je me sens un peu ailleurs, je ne fais que passer.  Et aussi pendant le trajet, une scène qui ramène au fait divers, une femme très excitée qui s'énerve contre le chauffeur qui ne veut pas s'arrêter à sa demande. Un peu de peur que cela ne dégénère. Je suis dans le vif du sujet. Ce sont les mots que j'ai écrits sur mon carnet. A Bron, au centre d'hébergement Hélène Boucher, je rejoins Joseph le Rwandais, Nicolay le Russo-arménien et Fakhera l'Afghane dans la  salle de Forum Réfugiés, atelier d'écriture. Et ce texte produit ensemble et qui me ramène à mon bus et à ma distance : Je voudrais dire que la France est un pays magnifique / Je voudrais dire ce que je ne sais pas / Je voudrais dire que je suis loin de moi-même / C'est dur à dire les gens autour de toi qui te regardent toujours comme une étrangère / C'est dur à dire que je me suis perdue dans un pays inconnu / Parfois juste à côté, c'est loin.

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Nature morte. J'ai pensé cela en regardant la table que tu venais de quitter sans finir ton assiette. J'ai regardé ce qui restait devant moi. Tu avais envie d'être ailleurs, de te vivre ailleurs, c'est normal tu es si jeune. Je suis restée devant ton absence et j'ai pensé, on dirait une nature morte et j'ai été chercher l'appareil photo. Saisir cela : la banalité d'un repas du soir, même s'il y avait la volonté de cuisiner. Crevettes, nouilles chinoises, sauce citronnée. C'était bon. Mais tu avais autre chose à faire et... Pourquoi les mots de nature morte me sont-ils venus ?  Ce qui désigne en peinture, il me semble, des mets ou des fleurs sur une table comme oubliés, raisin, pommes, verres vides ou presque, un animal tué parfois... du périssable. Et mon incompréhension souvent devant de tels tableaux.  La photo saisit vite un telle composition, mais  un peintre doit se confronter longtemps à cette vision. Exercice d'observation ? Mortification ?  Nature morte. J'ai pris la photo. J'ai saisi cette nature morte et je l'ai mise en ligne, puis j'ai pensé  que peindre ou photographier une nature morte, c'est être affreusement en vie. Alors c'est quoi qui se meurt ?

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Dans l'élan de ma future résidence d'écrivains à Vénissieux, j'ai profité d'un  temps moins fade que ces derniers jours pour prendre des photos. Inspirée par Un livre blanc de Philippe Vasset, j'ai acheté une carte IGN qui précise la ville en d'autres termes que les noms de rue. Je me laisse tenter par le virage de la femme morte, accessible en métro, pas loin de l'usine Renault Trucks et la cité Berliet (d'autres photos sur ma page Obsession Usine). Je me souviens d'une époque où il y avait là une boite  de nuit, Le Truck où j'ai pas mal trainé, surtout pour Robert Lapassade qui avait une des plus belles voix soul blanche que je connaisse. J'ai encore dans ma cédéthèque ses albums avec le groupe Snapping boys ou sous le nom Lapassenkoff. Où était exactement cette boîte ? Je longe des murs, ne reconnait rien, c'était en tout cas à l'époque où j'avais l'âge de me coucher à l'aube et me lever à peine plus tard pour  le boulot. La vie se dépliait la nuit.
Je longe encore des murs recouverts de peintures qui viennent cacher les revendications des ouvriers. Coups de rouleaux rapides sur les slogans (faire place net) mais parfois les mots  s'obstinent. Palimpsestes du gagner plus ou du travailler mieux. Il semblerait tout de même que les murs se soient tus depuis un bon moment, même s'il y a quelques semaines, près de 300 salariés de Renault se sont mis en grève. Aujourd'hui c'est congé. Les portails son fermés, tout est calme. Il y a, pas loin, de coquettes maisons construites, je suppose, à l'époque où l'ouvrier profitait des jours de repos pour  se bâtir un chez soi. Les permis de construire, même si leur création date de 1902, étaient beaucoup plus souples que maintenant et ne favorisaient pas seulement l'irruption des cités malabars avec leur magnifique camaïeu de crépis orange-rose.

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Biblio

 
Je suis abonnée au blog bibliobsession qui me donne  le vertige quand je le lis. D'abord la capacité à son auteur- bibliothécaire, de lire, digérer et restituer un nombre impressionnant d'informations concernant le travail en réseau à partir des outils informatiques. Un monde qui va vite  et qui parfois reste totalement obscur pour moi, non par manque d'intérêt mais mon disque dur personnel a du mal à graver ce que je n'utilise pas dans l'immédiat. Globalement, j'ai un cerveau surtout réceptif aux émotions. D'où ma difficulté à imprimer des chiffres ou des dates, j'ai essayé de multiples méthodes mnémotechniques, rien ! Comme je pense que les outils doivent rester des outils, j'attends qu'is s'adaptent à moi. Dès l'apparition des premiers ordinateurs (avec disquettes, codes d'accès en trois lignes et  mémoire limitée) j'ai regardé avec scepticisme mes copains (oui, que des hommes) se lancer dans des formations (apprentissage des langages informatiques) bien longues et compliquées qui furent très vite inutiles tant la technique a évolué vite. A l'époque, j'étais déjà convaincue que les outils finiraient par s'adapter à ma personne puisqu'il y aurait quelque chose à me vendre à la clé. Pour en revenir à notre obsédé  de bibliothécaire, je vous invite à consulter son site, pas seulement pour le vertige qu'il procure mais pour la somme d'informations passionnantes qu'il propose. Et ce qu'il nous donne à voir du travail en réseau possible et du nouveau métier des bibliothécaires. De nous questionner (avec ou sans inquiétude) sur notre rapport à l'information et à son mode de partage. Transversalité, rapidité des échanges. S'agit-il d'une mise en abîme des informations (puisque le flux ne s'arrête jamais) ou d'une forme de travail transversal (proche de l'idée du rhizome Deleuzien) riche en partage ? A voir comment internet effraie les dictatures et ravit le monde marchand, la question reste ouverte et passionnante.  Bibliobsession.net en un clic, ici.  

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Spectacle en cours qui sera présenté en avant première à la fête de quartier du Terraillon à Bron où nous proposons des ateliers (écrits, maquettes, théâtre...) qui accompagneront la création. Hier, j'ai assisté à une répétition des Constructeurs, théâtre burlesque comme aime l'exploiter Nicolas Ramond. Nous sommes aux ateliers Frappaz de Villeurbanne, ruche d'artistes au boulot. Il fait beau. Comédiens, metteur en scène tâtonnent pour mettre sur pied un spectacle sans texte. Temps mort, temps fort. Fragile avancée de la création. Dans les ateliers, la costumière coud, le décorateur cloue une cabane, la maquilleuse s'imprègne du spectacle. Je photographie. Travail en cours, work in progress, j'aime assister à ces moments dont il ne faut pas attendre de résultat mais apprécier la recherche. Accepter que cela puisse être ennuyeux, inégal. Nous discutons d'ailleurs de la mode des répétitions ouvertes au public qui ne mettent pas toujours les créateurs à l'aise. Le public qui s'attend à un spectacle. Commentaires précoces qui peuvent déstabiliser. Faut-il donner à voir ce qui se cherche encore ? Souvenirs de certains spectacles qui semblaient inachevés quelques heures avant la première parce que toute l'énergie de la création ne parvient à s'exprimer qu'au moment de la représentation publique. Comme écrivain,  je n'aimerais pas que mes lecteurs se penchent sur mon travail en cours. Déjà que j'ai du mal à rester à distance des commentaires que j'entends pendant les rencontres ou les lectures. Travailler dans la discrétion. Travailler ailleurs.Travailler loin.

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Clouée au sol, au propre comme au figuré, car je n'irai pas à Berlin cette semaine pour cause de nuage islandais, et j'ai dû admettre aussi les causes de la difficulté à poursuivre mon roman : l'ennui. Puis j'ai décidé qu'il était bon que le monde reprenne ses distances et j'ai remisé la centaine de pages en cours et débuté un autre travail qui s'annonce bien, une quinzaine de pages écrites en quelques jours. Deuxième fois en un an que je renonce à finir un texte. Mais comment faire autrement  lorsque l'écriture devient ennuyeuse ? Je peux faire face à la difficulté de certains passages, à un moment de creux mais pas à l'ennui. Car je sais alors que j'ai perdu la trace de mon  sujet. 
Un sujet qui peut-être formel, politique ou émotionnel mais qui doit battre entre les lignes  du texte. Et là, il n'y avait rien, seulement des mots qui s'alignaient mollement. Rassurants à faire chiffre (j'actionne souvent la fonction statistiques pour vérifier qu'au moins le nombre de signes progresse). Donc il est archivé parmi bien d'autres histoires. Je ne pensais pas qu'un autre texte se mettrait aussi vite en route : 
I - La vie du dépliant  
Les chambres sont spacieuses, le jardin vaste, les soins de qualité, l’accueil chaleureux, la salle de bain ergonomique, les équipements adaptés aux besoins. La prestation hôtelière est en adéquation avec la clientèle, une assistance médicale est assurée 24h sur 24h. Il existe une unité protégée pour personnes dépendantes psychiques. En 2002, l’établissement  a obtenu la certification Iso 9001.
Des activités, des rencontres intergénérationnelles et des sorties sont proposées cinq jours par semaine. Un espace beauté offre les compétences d’un coiffeur, d’une pédicure et d’une esthéticienne. Les chambres sont individuelles ou communicantes.  La personne est âgée.
Les mots écrits sur le dépliant suggèrent le calme, la sérénité et une prise en charge humaine du résident. Sur les photos, les soignants sourient, uniquement des femmes en blouses blanches ou roses. La personne âgée sourit aussi. Accompagnement de fin de vie. Le dépliant ne ment pas. Sur place tout est calme. Le visiteur n’aura rien à redire. Il rangera le dépliant dans le vide poche de sa voiture ou dans une chemise cartonnée avec écrit dessus le nom de l’établissement puis il enregistrera le numéro de chambre sur  son portable.

" Tu vas être bien là "

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Et l'écriture s'absente. Beaucoup de temps devant l'écran, nuque douloureuse, poignets crispés et les yeux secs. Rien ne s'écrit. Le leurre à s'agiter sur l'ordinateur. Se laisser faire par les gestes et le flux des informations. Un clic sur le dossier photo. Double clic sur Médiapart, rue 89, Remue.net. Re-clic sur les photos, rogner, ajuster, enregistrer, exporter. Ouvrir le dossier des textes récents. Tout est là qui attend en silence que se poursuive l'écriture, mais rien ne vient. Clic corriger, clic aligner, clic éditer.. Le bruit de mes vains mouvements. Je ne sais plus ce que je dois écrire. Ce que je  veux écrire.  Envie de relire le Journal de Charles Juliet ou Ecrire de Marguertie Duras. Affronter sans trop de mouvement ce qui ne vient pas. J'ouvre Les Outils de Leslie Kaplan : Ecrire, chercher à rencontrer le réel, et non la réalité, c'est reconnaître qu'il y a quelque chose qui résiste., qui est et restera impossible à subjectiver. Mes doigts s'agitent sur le clavier à écrire les mots des autres. J'ai peur de cette fausse agitation littéraire à l'intérieur de moi.  Et puis merde, suspendre l'activité et partir faire un tour. Bon qu'à ça, comme disait Samuel Becket.

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Déplacement - le mot s'est imposé alors que je me rendais à Vénissieux en tramway. Ce nouveau mode de déplacement (justement) m'invitait à entrer dans la ville différemment. Elle semblait s'être rapprochée de Lyon. A ce moment-là, je ne savais pas encore que l'Espace Pandora me proposerait une résidence (elle devrait se dérouler de septembre 2010 à avril 2011, à raison d'une semaine par mois). Je ne savais pas, je regardais la ville et j'avais plaisir à m'y déplacer. Depuis le mot déplacement poursuit son chemin dans ma préparation pour cette résidence. Il y a tous les déplacements physiques que propose la ville et qui peuvent inscrire chacun de manière singulière dans l'environnement : qui est celui qui se déplace ? pourquoi se déplace-t-il et comment ? est-ce forcément rester sur place lorsqu'on ne se déplace pas ? Bien sûr l'idée des déplacements intérieurs offre aussi un champ d'exploration intéressant : décentrer son regard, s'obliger à penser différemment, sans oublier la diversité de la population vénissiane qui vient raconter son lot de déplacements de territoires.

Déplacement, un mot qui met en mouvement le corps et la pensée. D'ailleurs, ce matin comme il faisait beau (vent qui déplace les nuages et fait jouer la lumière), j'ai remonté à pied la ligne de tramway qui longe le quartier des Etats-Unis et débouche sur Vénissieux avec son Asia Market, Carrefour Géant et un désordre d'usines, de cheminées, de voies ferrées et petites maisons qui rappellent l'intense activité industrielle et artisanale de la ville (quelques images  visibles sur ma page Obsession Usine). J'y ai marché près de trois heures, un peu enivrée par la beauté de la lumière et la diversité des perspectives. Le résultat photo m'a déçu - savais-je exactement ce que je tentais de cadrer ? Une belle lumière est une alliée mais il manquait un regard. La résidence me donnera l'occasion d'y retourner. De m'y déplacer. Et de trouver ce que je ne cherche pas encore. 

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