[le site de Fabienne Swiatly ]

La fumée bleutée d'une Gitane ou d'une Gauloise, les cigarettes que je ne fume plus.

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Bête à pleurer Rien dans la tête Bonne à rien Bouche bée Bonne grosse bête Ça ne fait pas rire Tête vide Vide ordure Tu veux que je beugle ou quoi ? Je suis bête et pourtant la peur J'ai peur de traverser la route Ce que je peux être bête Mais bête Bête à pleurer Bête à manger du foin En fait je ne sais rien J'ai peur de traverser la route C'est idiot mais est-ce vraiment bête ? La route me fait peur La route peut m'emmener La route peut me déverser J'ai la peur idiote J'ai peur de là tout de suite Je suis pire qu'une bête car je sais ma peur Je sais que je suis bête alors je me tais Je me tais  Je ferme ma bouche. C'est fait Mon père aussi bête de somme Bête du fond Le grand fond Je viens de là Du fond de la terre Où les hommes bêtes Enterrés après avoir creusé. Bête de somme Bête en somme.
 
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Que des jeunes femmes trouvent valorisant de se promener en petite tenue devant un jury de voyeurs, en espérant pouvoir porter bientôt couronne et robe de soirée, n'a rien d'étonnant vu les jouets que l'on offre aux fillettes depuis des décennies. Ce qui est plus troublant est l'ardeur des journalistes a vouloir nous convaincre qu'elles sont intelligentes. Alors on peut entendre un déballage de diplômes et de références universitaires. Si jamais il y a une vendeuse, une coiffeuse ou pire une agricultrice parmi elles, qu'elle se couvre vite la tête d'un voile, car elle risque d'être repérée comme la sotte du lot. Car on le sait bien seules les études sont les garants d'une vraie intelligence. Pour preuve : Jean-François Copé est diplômé de Sciences Po et de l'Ena, quant à François Fillon, il peut s'honorer d'une maitrise de droit et d'un DEA de droit public. Allez les Miss, encore un petite effort et vous serez aussi crédibles qu'un homme politique. 

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Fut un temps où l'écriture et la lecture étaient, pour moi, des activités qui se suivaient l'une l'autre : lire le journal, avancer le chantier d'écriture, lire le courrier, reprendre le chantier d'écriture, lire un livre, regarder le journal télévisé, écrire dans les carnets (qui m’accompagnaient aussi dans mes déplacements), relire le chantier d'écriture, lire un livre avant de m'endormir. Depuis quelques années, c'est souvent tout en même temps ou presque. Sur l'écran plusieurs pages, fichiers, onglets ouverts en même temps et des traces écrites que je laisse en divers lieux : sur mon site, ma page facebook, les articles sur Remue.net, les publications de Publie.net et bien d'autres sites. L'écriture souvent associée à la photo. Occuper le terrain avec d'autres écrivains pour que littérature ne soit pas qu'une question de marque de liseuse ou de tablette, mais bien une affaire de contenu, de propos, de revendication, de réflexions qui permettent d'exister et de mieux comprendre le monde. Pour que celui qui tape le mot esprit sur Google se voit offrir autre chose que le site et les lieux de vente d'une marque de vêtement. Ces nouveaux modes de diffusion et d'échanges suscitent de nombreuses peurs qui viennent s'agglomérer autour d'une question qui, à mon avis, n'est pas la bonne : le livre survivra-t-il au numérique ? Car je suis certaine de leur cohabitation. Il serait préférable de s'interroger sur la mission des passeurs (bibliothécaires, libraires, enseignants,  artistes etc) face à cette littérature contemporaine qui semblent nous échapper à ne pas vouloir se cantonner dans l'espace rassurant du livre papier. Il se trame de belles choses sur la toile, c'est parfois un peu désordre, c'est parfois chronophage, c'est parfois déconcertant, mais c'est souvent passionnant : et vous invite à écouter le propos de Lionel Pujol, bibliothécaire sur la médiaton numérique. Une histoire de pêche et de restaurant. 

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Fin de la résidence où il fut bon de s'exiler derrière les remparts d'une chartreuse. Travail collectif qui parfois vous donne une belle énergie mais la nécessité aussi de s'éloigner un peu. Retourner dans la chambre, marcher loin des hauts-murs, se rapprocher du Rhône, lire Après beaucoup d'années de Philippe Jaccottet avec qui j'arrive enfin à entrer en raisonnance (oui il faudrait écrire résonance mais l'orthographe là me convient). C'était la semaine passée, déjà le lieu accueille d'autres résidents et c'est bien, même si on se sent comme l'enfant découvrant que sa mère aime aussi ses autres enfants. Il faut retrouver l'autre chantier : Un enfant assorti à ma robe. Peut-être qu'il manque le temps d'une rêverie mais c'était hier et demain nous attend. Le présent ne nous retient pas et se nourrit de lui-même, on peut essayer de le garder à la surface de l'écran mais il n'est qu'une mélancolique illusion. 

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Quatre jours que je suis à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon. Je prends mes marques, je ne me perds plus dans les nombreux couloirs, jardins et allées du cloître. J'apprivoise la cellule où je loge. J'apprivoise aussi les présences réelles ou fantasmées qui hantent mon sommeil. Six cents moines enterrés - tout de même - ici dans un des jardins. J'ai l'humeur au travail et surtout, je ressens une impossibilité grandissante à quitter les murs du cloître sauf pour acheter de quoi manger ou de quoi boire. D'habitude, en résidence, j'aime marcher dans les environs, découvrir les lieux, les photographier, me perdre dans les rues, regarder les gens. Mais, ici, les murs me retiennent. Franchir le portail c'est retrouver le rythme du monde commerçant et je n'en ai pas envie. Et c'est une bonne chose pour moi. Je me contente de passer de la salle de répétition à mon bureau, m'attarder dans la salle capitulaire ou l'ancienne prison, parcourir les livres de la librairie ou de la bibliothèque, retourner à la salle de répétition. L'idéal serait de parvenir aussi à me couper d'internet. M'obliger à encore plus de concentration. Quand je ne parviens pas à avancer dans mon texte, je sors pour photographier mon reflet dans les fenêtres, les portes vitrées. M'inscrire dans le lieu. Je me sens bien.

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Il a 14 ans et me dit : nous on a de la chance, on sait tout sur la sexualité. Je m'étonne, il continue, ben ouais avec internet on voit tout. Dans la classe, les autres élèves acquiescent plus ou moins ouvertement. Voir tout. Comme si le sexe était une question du voir et du tout. Et qu'a-t-il vu ? A trois clics près : des pratiques filmées comme elles étaient vraies, des femmes soumises au désir d'hommes désincarnés, des hommes qui bandent à volonté, des femmes violées se transformer en chaudasses comme ils disent, des pratiques zoophiles, scatologiques ... en une absence totale d'imagination. Devant l'écran, il ou elle aura pu se masturber frénétiquement devant des images nombreuses, répétitives et très vite écœurantes. Des scènes éloignées de la réalité sexuelle surtout ainsi disponibles en quantité affligeante. Avec qui ont-ils pu en discuter ensuite ? Que fera-t-il face à une fille qui dit non. Que fera-t-elle face à un homme qui ne parvient pas avoir une érection. Que pourront-ils inventer ensemble les yeux bourrés d'images réductrices malgré leur nombre. Plus d'éducation sexuelle à l'école (ou très rarement), parents silencieux, émissions éducatives absentes... Jeune, j'ai eu accès à des livres pornographiques mais c'était rare et la parole qui circulait entre nous, lycéens, étaient souvent encadrés par des adultes (infirmières, animateurs de groupe de paroles, même le curé du lycée nous parlait de sexualité). On ne peut pas mettre au même niveau l'accès à un livre ou un texte pornographique et cette possibilité de regarder sans fin (j'allais écrire sans faim) du porno dès le plus jeune âge. Il ne s'agit pas de nier la sexualité des enfants ou de s'effaroucher de leurs pratiques masturbatoires, mais le commerce de la pornographique renvoie à des échanges pauvres et majoritairement avilissantes pour les femmes. Après le tout voir, peut-être pourrait-on essayer le : en parler un peu ! 

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C'était samedi 13 octobre dans la tournerie Buffaud à Maisod. Il y a Charles, il y a Roland. Charles est poète, son nom est Pennequin. Roland est artisan tourneur, son nom est Buffaud. Dans l'atelier les deux hommes se rencontrent - deux belles statures. Le public n'est pas encore là, ils font connaissance, parcourent les lieux. Atelier, outils, livres, textes... Ils sont très respectueux l'un de l'autre. Quand le public arrive après quelques heures de marche sur les sentiers jurassiens, l'un lit ses textes, l'autre l'accompagne en soufflant dans différents appeaux (Roland tourne les parties en bois pour un fabricant) ou encore il allume ses machines pour créer un fond sonore. L'un dit, lit, scande pendant que l'autre souffle, tourne.  C'est étonnamment juste comme rencontre. Puis le groupe s'en va, on retrouve Charles Pennequin dans les jardins du château de Maisod où Lamartine séjourna. ... j'écrase les mots / tout ce qu'y a dans ma tête / je le sors et je le ratatine par terre, dit-le poète. La rencontre eût lieu grâce aux entêtés et aux entêtements de Saute-frontière

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C'est un livre que j'aurais dû lire plus tôt, j'en avais découvert des passages sur le site afférent. Mais voilà, il faut être prêt (j'aurais pu écrire près) pour recevoir ce point de vue sur la mutation du livre (comme contenant de l'écriture) vers le territoire web. Un territoire que je pratique pourtant depuis longtemps. Quelques années que je navigue sur la toile, l'internet, le web et je participais même, en 1985, à un groupe de travail autour du Minitel. Il est vrai que j'ai eu souvent le sentiment d'un territoire investi de manière autoritaire par des hommes (à quelques exceptions près comme ma camarade Isabelle Aveline, créatrice de Zazieweb - mais justement elle est passée où ?). Donc François Bon a écrit Après le livre et j'en trouve le propos  formidable, il nous réveille la mémoire, remet les livres dans les bons rayons et déplie avec gourmandise les possibles du numérique, nous dit combien déjà il y a du passé (de la nostalgie) dans l'aventure (se souvenir des premières consoles Atari !). Et l'évidence que nous vivons une époque aussi excitante et déstabilisante qu'à l'apparition des imprimeries ; et si l'outil transforme nos habitudes, c'est avant tout un regard sur le monde qui y circule. Avec la nécessité d'une grande vigilance face aux forces dominantes qui phagocytent le territoire et font circuler leurs seules valeurs. Occuper le terrain avec inventivité avant que les places vacantes ne se fassent rares. Mon intérêt aussi pour l'analyse du géographe  Boris Beaude dans son livre :  Internet, changer l'espace, changer la société.

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 "... je suis celle qui donne une place dans son ventre mais peut tout conclure par un X définitif, je suis celle qui arrache les yeux à ceux qui ne veulent pas te voir, je suis un avé maria qui s’écrase sur un mur d’intolérance, je suis wonder women qui attend avachie sur un banc d’hôpital ... " Traduire un tel passage en langue des signes n'est pas évident. Avec Anthony Guyon, comédien, metteur en scène et sourd, je découvre combien la langue est faite d'implicite - tu vois ce que je veux dire ? et bien non, Anthony ne voit pas toujours ce que je veux dire et il me faut alors approfondir, détailler, défendre mon propos. C'est une rude leçon de modestie, car toute facilité d'écriture est immédiatement détectée. Mise à nue. Vitesse des doigts sur le clavier et ajustement des paragraphes sur l'écran nous donnent l'impression fausse de tenir le texte. On se contente. Je découvre aussi que la lecture est difficile pour les sourds, j'étais persuadée du contraire ignorant que notre langue et nos signes sont des traductions de sons et de mots que l'on a entendus depuis notre prime enfance.. J'apprends. J'aime ensuite voir Anthony et Géraldine Berger, sur le plateau,  interpréter en signes ou inventer des mots-images en Virtual Visual (VV) ce que j'ai écrit. Alors c'est à mon tour de demander des précisions, de valider ou pas. J'ai parfois la surprise à travers leur interprétation de découvrir le sous-entendu de mon propre texte. En fin de journée, j'ai  la forte envie de m'exprimer à mon tour en LSF, de faire taire le bruit en moi. Mettre les mots à distance.

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Chef d’œuvre est un mot que j'ai du mal à lire ou plus simplement à comprendre. Il semble placer là-haut, quelque chose que moi, agnostique littéraire, je préfère situer à hauteur humaine - à côté de moi, éventuellement juste devant. Quand le journal Libération décrète que le livre de Christine Angot est un chef d’œuvre, je suis sidérée par la pauvreté du propos. Que j'aime ou pas ce livre, le qualificatif veut m'empêcher de penser. Il ne s''adresse plus à moi d'égale à égale alors que nous vivons dans le même présent. Il ne me laisse aucune place.Pour me défendre, j'imagine que comme dans les jeux d’enfants, celui qui dit c'est celui qui est. Car celui qui désigne le chef d’œuvre cherche simplement à se situer dans l'aura de l’œuvre désignée. Pourquoi pas. Chacun son égo. Sauf que sacraliser ainsi la littérature, c'est la poser sur un fragile piédestal. C'est en faire un objet muet et un tantinet obèse. Certain livres m'ont ouvert des chemins, nourri ma réflexion, étreint mon émotion sans que je les considère comme des chefs d’œuvre et encore moins, les imposerais-je comme tels aux autres. Ils sont avant tout des compagnons de route. D'ailleurs les musées sont remplies de chefs d’œuvre que l'on prend en photos à la va-vite ou que l'on ramène chez soi reproduits sur un mug ou un t-shirt. Oubliant que chef d’œuvre ou pas sans un regard impliqué de l'autre, il n'y a pas plus d'art mais de la simple décoration. 

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Il est des auteurs qui se décrètent propriétaires de la langue, la vraie langue française. Une langue qui serait immuable comme si elle n'avait jamais été enrichie par des langues étrangères, des langues régionales, des mots d'argot... Une langue qui n’existerait que pour ressusciter dans leurs écrits car eux ils savent. Richard Millet en fait partie et il tient à l'affirmer souvent. Écouté et respecté car il est également éditeur (dont deux Goncourt précisent les interviewers), il décrète ce qui est beau dans la langue et ce qui ne l'est pas. Ce qui ne l'est pas, vient essentiellement de la banlieue. Car même s'il est un grand écrivain, il utilise un vocabulaire généraliste pour désigner l'autre : les noirs, les arabes, les jeunes de banlieue. Lui-même se définit comme étant français de souche, blanc, catholique, hétérosexuel et se sent menacé par l'autre dans cette construction identitaire. J'avais, il y a quelques années lu son livre Lauve le pur, j'y avais trouvé une langue moins exigeante que celle promise par son auteur mais qu'importe ma déception car ce qui m'a poussée à définitivement refermer le livre c'est une phrase presque anodine au premier abord : "en m'asseyant près de la vieille dame (...) dont les années avaient à peine altéré le beau et très français visage." Un visage très français ? j'ai beau tourner cette phrase dans ma tête, j'ai beau questionner l'histoire française, je ne vois pas ce que peut-être un visage très français (caucasien ? ). Comme elle a été écrite par un vrai érudit (français, blanc, catholique, etc), elle n'est pas anodine. Si elle ne suggère pas un visage précis, elle tente subtilement d'effacer tous les autres visages qui constituent la France, ceux qui comme mes grands-parents et parents ont immigré au début du siècle, et ceux d'avant encore. Ceux qui ont permis que sur ma carte d'identité, il y ait écrit nationalité française et que je puisse le vivre sereinement sans avoir à justifier de mon faciès aussi beau soit-il. 

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Quand l'humeur n'est pas au partage, j'aime prendre le chemin accessible dès ma maison. Je le connais bien, une heure de marche environ. Démarrage pentue qui essouffle ma mauvaise humeur. Je sue et je sais qu'il faudra monter le chemin de Rôbe jusqu'à l'ancienne carrière, poursuivre après la coupe de bois avant de retrouver du plat. Je monte, je râle et parfois même je répète à voix haute  : lâche-moi ! mais lâche-moi donc. Il est des fantômes qui s'obstinent, ils s'accrochent à vous et alourdissent la marche. Maintenant je parviens à ajouter : quoique tu fasses, j'avancerai. Puis le terrain devient plus doux et s'ouvre sur des prairies. Ce soir-là, au bord du chemin, je vois une toute jeune colchique. La fleur de la fin de l'été. Déjà. Après la suée, la récompense du paysage et dans la descente, Belledonne et les Bauges se séparent du soleil. Rose orangé dans un ciel presque gris. Je ne dis plus rien. Je me sens légère. Il y a longtemps, j'ai choisi de ne pas mourir tout de suite et dans la descente du chemin, je me dis que j'ai bien fait. 

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Saint-Martin-d'Hères. J'ai traversé une partie de la ville à pied, appareil photo à la main. Elle se donne à voir sans aucune logique urbaine, de coquettes maisons jouxtent des immeubles quelconques, de nombreuses friches exhibent leur architecture éventrée à quelques mètres d'une importante zone commerciale, des espaces chargés en panneaux signalétiques qui soudain s'ouvrent sur des terrains vagues. Je voudrais fixer les recouvrements d'époque, la cohabitation sociale. Photographier la jointure. Il fait très chaud, je fais une  pause à la Maison de la poésie. Nous aimerions bâtir ensemble une résidence d'auteur qui associerait mon travail photo avec des ateliers écriture. Je ne sais pas grand chose encore du passé industriel de la ville. On m'a parlé de la Biscuiterie Brun qui a fermé en 90, le couvent des Minimes qui a subi un incendie en 2007, la présence forte des immigrés portugais, espagnols et algériens, le campus universitaire. J'ai choisi un format 16/9 que je ne peux pas afficher ici, l'interface de mon site ne connaît que le carré. Avec ce format, j'espère garder le ciel à distance, il s'impose trop souvent dans mes photos à mon goût. 

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