[le site de Fabienne Swiatly ]

C'est l'ecchymose, douleur qui s'efface.

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Il ne faudrait pas se mettre de vilaine humeur pour si peu et pourtant à chaque fois que j'entends me dire arewar à la place d'au revoir quand je quitte un magasin, j'ai envie de reposer mes achats sur le comptoir en exigeant leur remboursement immédiat. L'oral nous offre bien des versions différentes du langage écrit et cela ne me dérange pas, mais arewar je ne supporte pas. L'impression qu'il ne s'agit pas d'une histoire d'accent ou de subversion du langage dominant, mais une paresse intellectuelle. D'ailleurs ce arewar ne s'avance-t-il pas l'air fatigué du fond de la gorge pour glisser négligemment vers la lèvre du bas. Un truc qui tombe. Une expression de politesse qui semble porter un autre message que celle du plaisir de vous revoir bientôt. Un mot qui bave. Celui ou celle qui vous le donne à entendre, semble traversé par des sentiments plus complexes que les simples règles de la politesse. L’inconscient qui met des freins ou pire des glaires dans le ton. Arewar comme l'on aimerait dire va te faire foutre. Alors, je me plais à attendre le moment du bonne journée devenu tout aussi obligatoire mais qui offre moins de prise à l'interprétation. Je sais bien que celui qui me l'offre, ce fiche éperdument du déroulement de ma journée, alors je réponds un à vouzossi, bien articulé, en appuyant sur la liaison entre le vous et le aussi. Dans la traversée du quotidien, on a tous ses petites batailles  !

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Parce qu'il faut parfois y passer :  à l'hôpital, aux examens, au scanner, on ne peut que être surprise d'y trouver un mot émouvant. Dans cet univers propre. Efficace (du moment que l'on possède ordonnance et carte vitale), dans ce mélange de blanc et gris très chic, sièges accueillants et revues pas trop défraichies, dans cet univers où s'affiche les mots radiologie, mammographie, échographie, mammotome, IRM et aussi urgences, dans la salle d'attente avec la télévision en hauteur, sans le son, qui propose BFM et tous les sous-titres qui vous donnent l'état du CAC 40 et addition régulière du nombre de morts, de victimes, de blessés ici ou là, on est surpris de découvrir le mot déshabilloir. On connaissait cabine, vestiaire mais ce mot là dans l'hôpital. Comme de la dentelle. Et pas qu'un seul déshabilloir. Quatre j'ai compté. On ne se défait plus, on ne se prépare plus ... on enfile du déshabillé. Je ne sais pas si le mot est répandu dans le monde médical, je le rencontre pour la première fois et mon dictionnaire ne le connait pas. Donc un mot récent ou alors très vieux. En tout cas, ce mot égaie le lieu. Il me semble soudainement plus humain. Je ne vais pas me foutre à poil. Et l'on pense à ce vêtement désuet qui traversait bien des films de l'époque du noir et blanc : le déshabillé ou aussi la chanson avec la voix de Gréco : déshabillez-moi, oui mais pas trop vite. Le jeune infirmier, qui m'accompagne jusqu'à là, doit se demander pourquoi je lui  souris ainsi, alors que je passe des examens.

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Il est des comités d'entreprise qui ne se contentent pas de gérer les places pour le parc des Mickeys. Celui-là ose accueillir la poésie. D'abord Bastien Mots paumés qui s'invite à l'heure du déjeuner et surprend ceux qui étaient seulement venus manger. Pour moi c'est une première, une lecture-conférence : La poésie ça vous travaille comment ? Comment les poètes travaillent la poésie et comment la poésie raconte le travail. Je dis, je lis, je propose des photos. Presque une heure. Charles Pennequin, Antoine Emaz, Annie Zadek, Guillevic, Christiane Veschambre, Prévert, Jane Sautière, Thierry Metz, François Bon comme compagnons ... Sur les 2500 salariés de StMicroelectronics, ils n'auront été qu'une vingtaine à venir, mais public différent. Pas souvent qu'une majorité d'hommes se réunit autour d'une lecture. Un bon moment malgré mon trac. Une forte envie de renouveler. Les organisateurs rassurés, car au fond la poésie leur faisait peur aussi. C'est à la Maison de la Poésie Rhône-Alpes que l'on doit l'initiative.

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Incident technique qui génère chez l'auteure de ce blog, un fort sentiment d'impuissance et une désagréable mauvaise humeur. Depuis trois jours, impossible d'ajouter des photos sur mon site. Technologie qui se refuse et je suis d'une humeur massacrante - Démunie. Je constate du coup combien mon blog m'est nécessaire qu'il est un vrai support d'écriture, un véritable compagnon de route. Il me permet de rendre visible ce qui souvent échappe aux lecteurs : le chantier. Et combien, il est important pour moi de partager mes photos. De les regarder, de les trier et de les interroger avant de les mettre en ligne.  Heureusement ma webmastrice préférée se penche sur le problème car si je sais gérer seule l'interface du site, en cas de soucis je me sens aussi démunie qu'en soulevant le capot de ma modeste Modus et d'ailleurs un copain plutôt bricolo-mécano eut cette réflexion désarmante alors que ma voiture avait quelques soucis et que je lui dévoilais les entrailles de ma voiture, il s'écria : mais il est où le moteur ? Et de plus en plus souvent nous sommes ainsi démunis face aux nouvelles technologies découvrant que l'appareil que l'on nous conseille de changer n'avait en fait que besoin d'un petit point de soudure ou de changer un simple élément que l'on trouve facilement sur internet. Mais notre ignorance nourrit grassement bien des portefeuilles. Je vais donc m'armer de patience jusqu'à ce que le problème se règle et découvrir du coup, que justement, nous avons désappris la patience, habitués à ce qu'un clic réalise nos désirs immédiats. 

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"Ce qui nous manque c'est de la joie" ai-je répondu au pessimisme affiché par un lecteur lors d'une rencontre littéraire. J'étais sincère et pourtant j'ai éprouvé un sentiment étrange à prononcer ce mot de joie. Un mot qui ouvre la bouche en un début de sourire (essayer de le dire en faisant de la gueule et il aura du mal à quitter vos lèvres). Un mot qui semble donner de la lumière. Joie, lumière... un vocabulaire souvent entendu quand je fréquentai l'école du dimanche au temple protestant. Aurai-je quelque crainte à utiliser ce mot parce qu'il n'appartiendrait plus au monde laïque ? L'idée me suffit pour le réutiliser souvent, me le réapproprier. Ne laissons pas l'usage d'un mot, d'une émotion à un quelconque tribun même s'il porte robe longue et tiare. Joie n'est pas loin de jouir. Et en cette période de guerre financière, de spoliation de notre travail, de nos droits et même de notre vocabulaire, nous devons réapprendre à jouir sans attendre qu'un quelconque taux passe de 12 à 13 % ou inversement. Sans joie de vivre (et vlan, j'y vais pas avec le dos de la cuillère) comment réinventer l'avenir, comment s'approprier le présent ? Comment relever la tête ? Comment redonner le rêve du ballon à nos enfants et pas seulement celui du porte-feuille garni ?  Alegria, joy, freude, glaede, gioia, furaha... Y a de la joie - bonjour, bonjour les hirondelles. Et pour voir les hirondelles, il faudra bien lever les yeux. Quitter un peu l'écran. Accepter que cela puisse nous arriver, recevoir de la lumière.

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Lorsque le monde marchand ou politique ressuscite un mot, je suis traversée par une méfiance immédiate. Il en est ainsi du mot courtoisie. En une dizaine de jours, il s'est imposé dans mon quotidien. D'abord sur la voiture dite de courtoisie, prêtée par mon garagiste en attendant de récupérer la mienne. En d'autres lieux du commerce où il me faut parfois faire la queue, j'ai été priée de me tenir à distance en ne franchissant pas la marque au sol qui délimitait une zone de courtoisie, ce qui ne rend pas forcément aimable la personne qui vous reçoit ensuite au guichet,  et hier c'était un plateau de courtoisie qui m'a été offert par une chaîne d'hôtel pour que j'oublie un peu le convenu de la décoration. Si le mot évoque l'amour courtois qui codifiait les relations hommes-femmes à l'époque médiévale (cela ne concernait que les nobles et les chevaliers), le nouvel usage du mot me semble prendre surtout racine dans le vocabulaire "paravent" que manipulent avec plus ou moins de grossièreté les communicants du monde du commerce ou de la politique. Médiéval ou contemporain, la courtoisie nous assigne poliment une place. Il y a du sourire dans ce mot tant que l'on ne dépasse pas les bornes. Sans oublier qu'il existe à Paris une radio du nom de Courtoisie (la radio du pays réel et de la francophonie - sic !) qui soutient les thèses de l'extrême droite, proposant aux étrangers de notre pays de se tenir à une certaine distance - courtoise, bien entendu. J'éprouve le même malaise face à cette courtoisie naissante qu'avec les codes de la galanterie masculine. Car si un homme m'a parfois tenu la porte pour m'inviter à passer devant lui, en signe de respect il me semblait que cela lui permettait surtout d'évaluer la générosité de mon cul. 

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Les supplétifs, on les appelait ainsi les harkis ou encore les Rona (rapatrié d'origine nord africaine). Ce n'était plus des simples français. Ils avaient servi le gouvernement de l'époque et on en laissa plus de 150 000 entre les mains du FLN. Supplétif, celui qui complète, que l'on met à la place de. Il n'était pas des frères, même pas des amis algériens. Seulement, des bras que l'on arme quand c'est nécessaire - pour suppléer - et que l'on désarme dès qu'il s'agit de fuir. Ceux qui furent emmenés perdirent leur nationalité française le temps d'une traversée en bateau et se retrouvèrent isolés et abandonnés dans des campements à Rivesaltes ou dans le Larzac. Sur France Culture un fils de harki raconte comment il a vu, dans un camp, un de ces expatriés obliger ses enfants à participer aux levées des couleurs tous les matins, le drapeau était une serviette, puis un jour il les tua tous à la chevrotine ainsi que leur mère. Pierre Joxe connait-il cette histoire ? Lui qui en 1961 comme Ministre d'Etat aux Affaires algériennes défendit à des officiers d'honneur de rapatrier les soldats algériens qui s'étaient battus à leurs côtés. Il prétendait alors que la France s'en occuperait bien et qu'il était impensable de les abandonner. L'impensable n'empêche pas l'horreur. Mais se lavent-t-ils seulement la bouche ceux qui osent ainsi avec les mots mettre un paravent entre le peuple et la vérité, entre l'histoire et leurs lâchetés ?  
La fabrique de l'histoire - france culture.                                                                                                                                                                                                            

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Comme ils m’écorchent les oreilles les gardiens autoproclamés de la Langue. Ceux qui aiment faire rouler le mot dans leur bouche et l'employer ensuite avec un "lan" qui semble baigner dans une sauce grasse et un "gue" qui suit en une brève érection. Une langue qui existerait en soi et dont eux seuls maîtriseraient l’usage. Comme si à l'origine du langage, il n'y avait pas des humains qui tentent avec les mots de fabriquer du bien commun. Leur Langue, c'est l'esprit qui vient directement s’exprimer dans leur bouche de sachant. Ils devraient pourtant se méfier, car il en est un qui a oublié de tourner sept fois sa langue dans la mangeoire avant d’avouer sa haine pour ceux qui viennent bâtardiser notre belle langue française, si lumineuse, si blanche. Il est parti langue pendante se faire oublier car même pas on lui a fait la grâce d'un bâillon. Il aimait pourtant bien délier sa Langue chez l'autre qui a obtenu voie libre sur la radio. Un gardien ou plutôt un châtelain, quelque peu solitaire et aigri, réfugié dans une forteresse de livres sérieux, car sa mère le priva, petit, d’accès aux bandes dessinées et à l'imagerie (que les mères peuvent être sottes parfois). Mais il lui arriva presque de sourire devant nos espoirs déçus d’une France black, blanc, beur et multi-langues. Alors quand je les entends avec leur Langue, j'ai l'impression qu'ils n'ont pas quitté le miroir, celui que j'embrassais gamine pour m'entraîner à rouler une pelle. J'avais si peur de me confronter à la langue des garçons que je préférais cet ersatz de baiser. Heureusement, j'ai osé aller vers l'autre, alors le mot langue me ramène à celles que j'ai invitées à rencontrer la mienne, les  joueuses et fines, les lentes et précises, les gourmandes et fouineuses et même celles qui savent se faire si délicieusement vulgaires. Des langues qui font oublier la mort. Alors ceux-là avec leur Langue en sauce, qu’ils se partagent la soupe car jamais, même les soirs de grande fatigue, ils ne m’ont donné envie de les inviter en moi, même pas à la lisière de mes fesses.

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Cet enfant ne dort pas, il écrit. Depuis quelques mois, pendant mes ateliers, je tente de donner à comprendre que l'écriture ne se limite pas à mettre des mots sur une feuille ou un écran. Qu'il y a l'étape du questionnement qui pour les uns se joue la nuit, pendant une randonnée, en faisant du vélo, en gérant son insomnie... puis vient celle du brouillon : noter, coller, chercher des infos sur internet, dans les livres, regarder des images, mettre à jour son blog (à écouter sur Remue.net : Les écrivains sont-ils brouillons ?). Le passage à l’écriture est chargé de ces moments où quelque chose flotte pour venir se préciser ensuite sur la page. Alors avec les enfants, je propose de fermer les yeux, de poser la tête sur ses bras ou la table et d'écouter un poème, puis les inviter à voir ... les yeux fermés. Après un quart d'heure ou plus, ils peuvent écrire. Constater que pour certains enfants, il est difficile de s'abandonner, alors je dois leur répéter plusieurs fois : Pas d'inquiétude, je surveille le monde. 
"Je vois les poèmes que Fabienne nous a racontés, puis je vois du noir, puis je vois des figures géométriques, puis je vois mon sang qui descend dans mon cœur, puis je vois ce que tu penses."

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Les poètes comptent leurs heures maintenant ? Et vous savez quoi ? Les poètes demandent même, parfois, des sous. C'est fou, cette absence de légèreté. Il parait qu'ils ont faim et soif. ça rime à quoi ? Poètes qui ne se contentent plus de garnir l'affiche mais veulent aussi garnir leur frigo. C'est con un poète si on y pense, ça bouffe comme les autres. Et même que certains ont des enfants qui ne se contentent pas de manger le blanc des livres, pourtant le meilleur morceau. Les poètes dédaigneraient-ils leur verre d'eau fraiche ? Les poètes ne se conteraient-ils plus des minima amoureux. Les poètes seraient-ils pénibles comme tous les autres laborieux ? Alors, mieux vaut peut-être inviter les poètes morts.                                                          Moulinage Textuel N°3

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L'argent travaille. Loin de toi, mais il travaille. Silence. Pas déranger l'argent. Discret, l'argent. Très discret. Travaille à se doubler, travaille à se tripler, à se quadrupler. Alors toi, tais-toi, tu ne sais pas compter si loin avec tes pauvres petits doigts. Laisse faire. L’argent travaille. Silence. Pas poser de questions. Juste tu dois en donner un peu. De quoi ? De l'argent. Juste un peu, puis quitter les lieux. Laisse-toi distraire. Tout le monde a besoin de repos. Pas d’inquiétude. L’argent pris sera rendu au centuple. Plus tard. Après. En attendant, pas d’inquiétude. Laisse-toi distraire : jeux, films, musiques, shopping, produits culturels. Abonne-toi. On ne s’ennuie pas à attendre que l’argent soit rendu. Allez plus de questions, laisse l’argent travailler. Laisse l’argent travailler tranquillement. Loin de toi. T'inquiète pas ça ira. Ça ira.                       Moulinage textuel2

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Choisir d'être à Port Saint-Louis pour la nouvelle année. Je tourne dans la ville, autour de la ville ... Dans le plat du paysage camarguais, les cheminées des usines, les citernes et les tuyaux des raffineries échappent difficilement au regard ou alors il faut sérieusement leur tourner le dos, mais reviendront à la charge les odeurs soufrées. Si le port de plaisance tente de se donner des airs insouciants de marina, il semble surtout vouloir dissimuler les nombreux immeubles bon marché des autres quartiers. C'est cette cohabitation complexe de la mer, des marais salants, de la faune et de l'industrie qui me fascine et m'amène à venir ici régulièrement. Et je peux marcher avec une même exaltation le long des  routes soumises au trafic des camions que sur les chemins sableux qui mènent à la mer ou aux étangs. Ce matin dans le souffle du mistral et la lumière précise du soleil, j'ai pu mieux photographier l'imposante friche d'une ancienne rizerie. Sur une plaque, on peut lire : Uniriz - riz du soleil levant. FIC : compagnie franco-indochinoise. Le lieu est à l'abandon alors s'efface ici, lentement, les traces d'un passé du labeur. Je le vis avec une certaine violence. Comme si on envoyait aux remblais tous ceux qui ont donné leur temps, leurs corps à cette entreprise. Je ne cherche pas à magnifier le travail mais il faut pourtant bien raconter la vie des silencieux. Alors dans le désordre des pierres, des ordures, des portes arrachées, je me suis engouffrées appareil à la main. Le vent agitait bruyamment la carcasse du bâtiment et j'étais excitée et anxieuse à la fois. En Lorraine aussi, les traces ont été ensevelies, rasées et c'est sur un ancien crassier que les touristes viennent jouer aux machines à sous. 

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Rencontre avec Christophe Grange, soudeur - ferronnier que j'ai longuement interviewé pour mieux comprendre ce qui m'attire dans la soudure. Prochain livre dont le personnage principal exercera le métier de soudeur. Christophe m'explique le coup de foudre avec la matière, donne des détails, ralentit pour les termes techniques, s'autorise même un croquis sur le carnet où je note. Les yeux pétillants, il explique aussi la petite forge à la maison et le fils qui semble mordre à la chose. J'avais déjà interviewé Patrick Laurino, régisseur plateau sur Annette qui a exercé aussi le métier, et les mêmes images qui s'offrent : la fusion du métal, la beauté du cordon étanche, le précis du geste dans la puissance du feu, la respiration lente pour ne pas trembler et garder la pause. Histoire de forces et dilatation. Comme mon personnage sera originaire de Dresde, j'ai saisi sur le moteur de recherche : Schweisser (soudeur en allemand) et Dresde. Premier site qui s'impose : Falko Tischendorf. Il existe donc un Falko soudeur à Dresde. J'en suis tout excitée, celui-là ne sait pas encore qu'il aura droit à ma visite. Je peux débuter le roman et, pour l'heure, cet incipit : "Souder n'est pas coller. De la lenteur mais pas d’hésitation. Soumettre le métal. Le contraindre avant qu'il n'impose sa virulence." PhotoDanyJung

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