[le site de Fabienne Swiatly ]
Le métallisé des eaux profondes, le bleu glacé des torrents.
28 - La Caboulotte. Il y aura eu cette chaleur oppressante qui m'aura clouée à l'intérieur de mes 9 mètres carrés, maudissant les dizaines de mouches agaçantes et voraces qui ne supportaient pas de me voir lire. Il y aura eu la baignade solitaire dans le Rubion, au lieu dit Le Virage, un début de pluie ayant chassé d'un seul coup tout le monde des rives. Nager seule est un de mes plaisirs préférés dont je pourrais dresser une vivifiante liste. Il y aura eu l'arrivée des uns et des autres sur le terrain, un peu embêté.es de déranger ma solitude et j'ai tenté de les rassurer. J'aime à les voir même si cela perturbe mon rythme de travail. Alors oui j'accepte de partager un verre, un repas, de jouer à la pétanque et j'y prends plaisir. Il y aura eu la pluie salvatrice même s'il a fallu dégager ensuite la boue des sanitaires à coups de pelle et de balai-brosse. Il y aura eu l'arrivée d'une chatte aux poils longs beige et blanc qui m'a choisie comme maitresse. Et déjà sa présence dans l'herbe haute est une attente de tous les jours, même si je ne l'emmènerai pas dans le fourgon de ma prochaine vie nomade. Les chats sont bien plus attachés aux lieux qu'aux personnes. Je l'ai surnommée Madame. Il y aura eu les répétitions avec l'altiste Chloé Parizot dans la modeste et superbe église Saint Pierre à Dieulefit pour préparer notre lecture Vivre pendant le festival Concertina. Il y aura eu la balade jusqu'au plateau de Vaire en compagnie d'un vieil épagneul breton qui m'a d'abord copieusement aboyé dessus puis suivie pendant près de 3 heures. Il a disparu d'un coup comme savent si bien faire les animaux. J'aime cette compagnie sans autre engagement que le plaisir de passer un bon moment ensemble. Je n'ai pas besoin de posséder un animal. Il y aura eu la sortie avec Maxime Roumazeilles, un passionné de botanique et d'écologie. Trois heures au bord du Jabron a parcourir moins de 500 mètres. Pourtant c'est tout un monde de plantes, d'insectes, d'éco-systèmes que nous aurons observé (ramassant quelques déchets plastiques et canettes en aluminium au passage). A quelques pas de chez soi le monde est déjà vaste, ne l'oublions jamais. Une suite de moments simples avant de faire face au rouleau compresseur d'actions liberticides que les informations additionnent. Le corps des femmes pris en otage que ce soit aux États-Unis ou encore en Turquie avec la condamnation de la sociologue, militante et écrivaine Pinar Selek à un emprisonnement à perpétuité (lire ici). Sans oublier les coupures de budget scélérates infligées à nombreuses manifestations culturelles par le président de la Région Auvergne - Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, dont l'égo froissé lui fait confondre la gestion de l'argent public avec son besoin d'assouvir une haine mesquine contre ceux et celles qui n'adhèrent pas à ses opinions. Toutes ces avancées d'une droite extrême et haineuse, phobique des étrangers, des gens de gauche ne pourront pas être arrêtées par une simple fleur même si la mythique photo de Marc Riboud nous aura fait espérer le contraire. Jamais je ne me suis sentie aussi en paix avec moi-même et, malheureusement, persuadée qu'à la violence qui est faite à nos libertés, seule la violence pourra répondre. Ces derniers mots ne traduisent pas un désir de ma part mais un terrible ressenti voir pressentiment.