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Les bleus de l'enfance parce que jouer peut-être dangereux.

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24 La Caboulotte - isolement lyonnais car Covid il y a eu. Élections, il y a eu aussi. Fièvre et brouillard dans ma tête à la lecture de cette cartographie politique française où j'ai bien du mal à penser l'avenir. Mais je ne veux pas résumer ce qui s'exprime actuellement par la seule idée qu'il y a les cons et les autres. Une telle suffisance à se croire du bon côté et à mépriser ceux et celles qui tentent de dire quelque chose de leur monde, de leur vie, de leurs espérances et désespérances. Mais glissement de terrain idéologique il y a eu. Vertige. Puis repartir vers la Drôme puisque me voilà guérie. Et en quelques jours, le printemps a fait sérieusement son boulot. Tout verdoie, fleurit, s'agite, pollinise, féconde, bruisse, chante, criaille, stridule. Et à nouveau une sensation de vertige. Vais je retrouver mon rythme d'écriture ? Ma quiétude ? Des associés du lieu sont là pour le week-end. On parle, on mange ensemble, on commente ce lieu géré collectivement et vécu, individuellement, de manière très différente. La complexité du faire ensemble qui permet aussi beaucoup. Et je suis fière et heureuse de faire partie de cette expérience. Pourtant le blues m'étreint, j'ai la nostalgie de l'hiver. La nostalgie de quelque chose de plus rude, d'une situation plus contraignante. Quelque chose a changé. Tout autour de moi les genêts font exploser du jaune pendant que la radio bégaie la même info : le Rassemblement National ne participera d'aucune manière aux célébrations du 1er mai. Qu'ils aillent brouter le muguet ailleurs, me dis-je, un peu bougonne avant de me déplier les oreilles avec de la musique. Canzoniere delle Lame ! Des chants révolutionnaires italiens qui me donnent toujours de l'allant : Noï vogliamo l'uguaglianza. Quand les italiens chantent l'égalité des peuples. J'y crois à nouveau. Quelque chose dans le rythme, le phrasé me transmet du courage. Du possible. Pourtant aujourd'hui je ne parviendrai ni à écrire, ni à lire alors j'emporte les jumelles, l'appareil photo et une bouteille d'eau et vais marcher avant de me poser dans un pré qui est un foisonnement de fleurs et d'herbe haute. Je m'allonge, mâchonne un brin d'herbe et pense à  Walt Whitman : L'odeur de mes aisselles est un arôme plus subtil que la prière. Puis je m'endors en tout confiance avec le ciel par-dessus moi. La révolution, ce ne sera pas aujourd'hui mais, sous mes bras, la vie !