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La trace bleue

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La caboulotte 16 - Ce banc est un endroit où je viens souvent m'asseoir pour profiter du soleil et du paysage. Idéal pour déguster un café ou se lancer dans quelques exercices de gym. Pendant que j'avale mon café, je constate que de nombreux oiseaux s'activent au sol, essentiellement des mésanges et des rouges-gorges. Plus de moineaux. L'oiseau si banal de mon enfance est en voie de disparition. Un léger redoux semble leur offrir de quoi manger (graines ? insectes ?). Ils sont presque invisibles et c'est leurs mouvements qui indiquent leur présence. Café fini, je pense au linge à étendre. Dans les sanitaires, une vieille machine à laver qui me pose pas mal de problèmes depuis quelques semaines et, aujourd'hui encore, je constate que l'eau n'a pas été évacuée. Je vérifie, dévisse, revisse, vide l'eau manuellement. Je tente un nouvel essorage. Rien. A l'ouverture du tambour, celui-ci tourne et finit par se coincer. Je tente de le débloquer. Rien. J'essaie de démonter la machine pour avoir accès à l'ouverture. Je prends mon temps et vais jusqu'à dessiner l'emplacement des vis pour faciliter le remontage. Mais impossible d'accéder au linge. La colère me prend. Je veux mon linge ! Alors je me saisis d'un marteau et je défonce, dézingue la machine. Grand coup dans la tôle, grand coup dans le plastique. Bien sûr la machine était à changer, mais je me surprends par ma hargne. Sur quoi je cogne exactement ? Sur qui ?  La liste est longue. Je finis par récupérer mon linge. Un grand calme prend place en moi. Je rassemble les débris, les trie puis je nettoie le sol. Je soigne aussi mes mains écorchées. J'étends le linge miraculé et retourne sur le banc. Je me dis qu'il vaut mieux dézinguer une machine à laver que des personnes vivantes. Mais tout de même, quelle est cette colère dont je suis capable :  frustration, honte, chagrin, peur, dégoût ? Un peu de tout. Un peu de trop. Il me faudra donc aller à la déchetterie, les gars se demanderont peut-être comment une machine à laver peut finir dans un tel état. Rien à voir avec l'obsolescence programmée.Ceci est bien l'œuvre de ma colère. Bon débarras ! En partant, je ferai un signe  à la benne des encombrants car elle est à l'origine du titre de mon prochain livre, puis il me faudra partir en quête d'une nouvelle machine à laver. Songer à un modèle avec hublot. Écouter un peu moins les infos. Mettre à distance LES ENCOMBRANTS de la vie !