[le site de Fabienne Swiatly ]

L'obstination du bleu Klein.

IMG 2882

Caboulotte 2 - Le week-end se sera déroulé ailleurs, au festival A l'ombre des arbres à Parignargues organisé par Jean-Paul Michallet. Ateliers, lectures, rencontres. Se dire, se lire, se parler. Faire son métier d'écrivaine. Puis le retour dans le calme et les incertitudes. Ce matin, une lumière jaune pèse sur le paysage - il devrait pleuvoir. Réveil lent, je dors mal. Ce n'est pas la crainte de la nuit malgré tous les bruits : chuintements, hululements, cris, cavalcades de pattes sur le toit, grognements dans les buissons, museaux curieux qui fouinent vers la bassine,.. cela ne m'effraie pas, j'ai seulement le sentiment de n'y connaître rien. Frustration de ne pas savoir nommer les animaux nocturnes, ni d'ailleurs diurnes. J'écoute mais je ne m'endors pas. Alors la lecture à se griller les yeux. Et le matin, il faut me bousculer, ne pas se lever trop tard car je préfère les promesses du jour aux incertitudes de la nuit. Dans le cahier où je note quotidiennement quelques phrases, j'ai dressé une liste des sujets d'écriture possibles : Manger seule / réparer / la mésange bleue et le pic-vert / les jours gris / pisser dehors/ s'asseoir sur les marches / se déconnecter / les temps morts / relire Le mur invisible / se taire / la peur des hommes / aujourd'hui ça n'écrit pas / la joie / le café du matin / garder la distance, etc. Liste que les saisons, le temps passé ici et les imprévus viendront enrichir. Le vertige de la liste comme écrivait Umberto Eco. Vertige de la solitude ? Non, je ne crois pas, même si j'ai parfois le sentiment que l'humeur est  fluctuante mais sereine pour l'essentiel. Et, sans vouloir être pompeuse, l'écriture est le territoire où je rencontre les autres, où je ne me sens jamais seule - Être à distance mais pas indifférente. La possibilité aussi de jouir de cette formidable pulsion de vie qui m'a mise au monde. Se sentir vivre. Au loin, le bruit entêtant d'un engin agricole. Ici ça travaille. Tous les jours.