[le site de Fabienne Swiatly ]

C'est une trace venue s'installer en moi pour en faire de l'écriture.

20210901

La vie est une fiction est une série de photos que je partage sur les réseaux sociaux - parfois en m'interrogeant sur le sens de ce geste, de ce besoin de partager. Ces photos sont prises pendant mes déambulations. Je marche énormément. Pas de la randonnée, de la déambulation à pas rapide. Parfois une composition m'arrête et je la cadre. Le cadre engendre la fiction car je choisis ce qui restera dans le cadre et ce qui restera en dehors. Je compose avec le réel pour dire le ressenti ou plutôt le saisissement ressenti. Quelque chose m'a arrêté dans mon avancée. Fiction donc, car ce que je partage n'a peut-être rien avoir avec la réalité des sujets cadrés. La photo ne dit rien d'eux mais seulement de moi et, peut-être de l'époque. J'ai vu  de la douceur et comme j'en ai furieusement besoin en ce moment, j'ai photographié. J'ai pensé : Tiens, une mère et son enfant. Une mère qui se met au niveau de son enfant pour lui montrer un cygne et un pigeon. Supposition car la femme est peut-être une nourrice, une sœur, une amie des parents. L'instant est doux mais qui me dit que cette femme n'éprouve pas, parfois, de la haine pour cet enfant qui lui prend de son temps. En tout cas l'instant est doux, mais quelque chose penche un peu dans les traits horizontaux. Quelque chose est trop bleu dans le ciel. Quelque chose est trop joliment en place. Peut-être. Il est vrai que je penche pas mal ces derniers temps à ne plus savoir penser notre monde. Alors il faut bien composer avec le réel qui s'impose à nous chaque jour. Il faut faut bien l'absorber. Le digérer. L'intégrer à notre mémoire, puis l'oublier. L'art permet, peut-être, cette ingestion de l'instant présent. Si je creuse bien, cette photo réveille en moi une profonde tristesse. Celle de n'avoir jamais eu une mère qui se mette à ma hauteur. De n'avoir jamais eu une mère qui me montre des oiseaux. Alors pour ne pas en mourir, j'ai marché loin. J'ai regardé ailleurs et j'ai fait confiance à la fiction.