Un guide sur la Lorraine attire mon attention dans un Relay de la gare de l'Est. Ce guide je l'ouvre à la page d'Amnéville, car c'est la ville où je suis née, où j'ai vécu mon adolescence et elle traverse déjà quelques uns de mes livres. J'y ai vécu avant les thermes quand nous l'appelions encore Stalheim entre nous (foyer de l'acier), nom donné par l'occupant allemand. Dans le guide cette phrase est comme un trait tiré sur le passé : " On a du mal à imaginer qu'avant de devenir l'une des plus grandes stations thermales de Lorraine, cette terre était vierge de toute construction." Oui, ce lieu était la forêt où je jouais gamine. Effectivement, il n'y avait pas de construction, seulement des wagons abandonnés par les aciéries. Il y avait un crassier où on déversait le surplus des hauts-fourneaux. La ville n'était pas dans les hauteurs de la forêt mais dans son bas. Ville ouvrière où vivaient ceux qui donnaient leur corps et leur temps aux usines de la région. Il est vrai qu'il y a eu la crise des années 70, les licenciements et que ce fut étonnement de voir cette ville se transformer en un lieu dédié aux soins et aux jeux, alors que la jeunesse partait bosser dans les usines de Fos-sur-Mer. Le maire Jean Kiffer, celui qui souhaitait qu'Amnéville devienne principauté de Stalheim, déclarait aussi posséder des certificats psychiatriques comme quoi il n'était pas fou. Il était tristement célèbre pour avoir fait l'apologie du régime de l'apartheid après un voyage en Afrique du Sud. Ami de Charles Pasqua, il obtint facilement les autorisations pour l'ouverture d'un casino. La ville est proche des frontières luxembourgeoises, allemandes et belges. Rien de tel pour que l'argent circule généreusement. La ville ouvrière, n'a guère profité de cette exploitation commerciale. Ma sœur qui tenait un bar vers le temple protestant, a rarement vu entrer des curistes ou des touristes. D'ailleurs à la mort du maire, la ville a constaté (ou plutôt a été obligé de constater) que l'argent généré par le centre thermal allait dans la poche des privés et que la ville récoltait surtout des dettes. Jean Kiffer voyait les choses en grand, la ville possède le plus grand zoo d'Europe, malheureusement au cœur d'un récent scandale de maltraitance animale... etc. Ma sœur a fermé son bar couverte de dettes, et je me dis qu'il est peut-être temps de de reprendre le texte débuté il y a quelques années qui portait tout simplement comme titre : Amnéville. Une ville qui, après la première guerre mondiale a failli s'appeler Pétainville. Oui je crois que je tiens mon sujet. Les voeux du maire ici