Il est des villes comme des rencontres amoureuses, parfois il y a coup de foudre. Sentiment inexplicable mais tangible. Physique. C'est là et on ne peut pas lutter contre. De retour du Haut Adige et des Dolomites, j'ai traversé la ville de Gênes. Je n'en savais pas grand chose hormis l'effondrement tragique du Viaduc Morandi en 2018. Je traverse la ville et je suis saisie. Prolifération d'immeubles (assez similaires au premier coup d’œil) singularité de la répétition de stores du même vert foncé. Une urbanisation qui donne à la fois un sentiment d'ordre et de chaos. Je traverse la ville et mes yeux sont happés, fascinés. Où est le centre ? Comment appréhender cette ville séduisante et inquiétante à la fois. Je m'imagine la conquérir à pied malgré son immensité, ses entrelacements de montées, d'escaliers, de recoins. J'hésite à m'y arrêter de suite car il fait très chaud. Lourd. L'air semble chargé de sable. Je voudrais me baigner, je longe la ville par sa côte plus de 40km de long, mais je n'arrive pas à trouver un endroit où me poser. Les plages privatisées où il faut louer transat et parasol me découragent. Trop de monde Trop de bruits. J'abandonne et repars dans l'autre sens, les avenues sont larges, ça circule bien. Je n'ai pas encore la bonne énergie pour rencontrer cette ville. Je reviendrai. Direction Sanremo et la frontière française. Mes yeux enregistrent, happent les dégradés d'ocre, les villas cossues et les maisons lépreuses, l'étonnant du port. Oui je reviendrai et Gênes viendra se déployer dans le texte que j'ai repris : Jusqu'où la ville ? Une évocation fragmentée et très subjective de Lyon, Marseille, Saint-Nazaire, Berlin et maintenant Gênes. Le livre de Benoit Vincent : GEnove, villes épuisées publié au Nouvel Attila sera mon guide. Oui y retourner et peut-être que soufflera la Maccaja, ce vent où se mêlent chaleur et humidité. Peut-être. Mon excitation est joyeuse et créative.