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La trace bleue

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Lire. Tout un dimanche. Après une semaine chargée en trajets, rencontres, animations et aussi une gastroscopie. Examen où il m'a été dit plusieurs fois que ce n'était rien. Rien d'avaler une caméra qu'on vous fait glisser par le nez. Rien d'avaler une pâte anesthésiante, rien de respirer un spray également anesthésiant, rien de se laisser gonfler et inspecter l'estomac, rien de ne pouvoir déglutir. Rien de vous laisser seule ensuite sur un  brancard après vous avoir conseillé de ne rien boire, rien manger dans l'heure qui suit au risque de vous étouffer. Au revoir et n'oubliez pas de passer au secrétariat. Gestes intrusifs donc rien. Examens nécessaires mais quelques mots pour souligner que oui ce n'est pas rien, auraient suffi. Retour en voiture Lyon - Saint Claude. Je m'arrête vingt minutes avant d'arriver à destination. Épuisée. Je m'endors sur la banquette arrière pendant une heure. Rien ! Alors ce dimanche de pluie et surtout sans contraintes, je laisse l'ordinateur fermé et passe ma journée au lit ou presque. Lecture. Il pleut. Plusieurs livres ouverts et  entrouverts et ce sont les Neiges du Kilimandjaro d'Hemingway qui m'embarquent. Quelques nouvelles qui m'entrainent en des lieux qui me sont et me resteront définitivement étrangers  : chasse au lion, safari sous tente avec boissons presque fraiches, toréadors de seconde zone, boys et memsahib, buffets de gare comme il n'en existe plus. Et  des personnages féminins, un peu lointaines qui parlent au nom de toutes les femmes. Autre époque. Je tourne et me retourne dans les draps. Changer de position. Toute une journée au lit se peut être fatigant. Se lever pour se dégourdir. Un café. Une pomme. Retour dans le lit. J'écris vaguement quelque chose dans mon carnet. Puis Hemingway se saisit à nouveau de moi. Les taies d'oreillers tantôt bien raides dans le dos, tantôt pliées et repliées sous la tête. Livre en version poche aux pages jaunies, odeur désagréable (Rien à faire, pour moi les livres sentent la chimie donc aucune nostalgie par rapport à l'odeur du papier). La nuit s'installe. J'écoute le Masque et la Plume cinéma. Leur mauvaise fois me fait rire. Je n'écoute jamais les dimanches dédiés à la littérature car là je ne ris plus . Demain je me lèverai tôt.