Je n'ai pas vu passer le 18 au 19, happée par la lecture d'une biographie de Zola. Quelques pétards peut-être... et de toute façon, je m'en fous. Des années que je me tiens à distance de ce moment festif parce que je ne supporte pas l'idée de démarrer la nouvelle année avec une gueule de bois ou de la fatigue dans le corps. Le 1er janvier, j'aime me lever tôt et si possible aller marcher. Ce jour-là le centre-ville était couvert de vomi et de tessons de bouteilles alors j'ai choisi de marcher dans les hauteurs de la colline qui prie (de moins en moins), pour regarder la ville de haut. La lumière était grise mais l'air vif. Comme souvent quand je suis du côté de Fourvière, mes pas me mènent au cimetière de Loyasse, le cimetière des riches. Grands noms de la bourgeoisie et de la franc-maçonnerie lyonnaise qui aiment à se retrouver même dans la mort. Des pyramides, des colonnes puissantes, des pleureuses aux bras accueillants ... jusqu'aux précisions qui étalent titres honorifiques, diplômes et médailles, le tout gravé dans la pierre. Les prêtres ont droit à des tombes individuelles avec leur nom dans un carré sponsorisé par les chanoines Joseph et Antoine Caille... les nonnes sont enterrées dans un même caveau sans précisions individuelles. Ce cimetière en dit long sur la ville et son histoire. Puis la cloche de fermeture a été sonnée par un joli jeune homme en costume. Il était l'heure de redescendre. Dévalant les escaliers (oui les cimetières me rendent joyeuse) j'ai pensé à la sonde New Horizons qui a survolé à l'aube Ultima Thulé, un astéroïde qui se balade dans la ceinture de Kuiper à quelques 6,4 milliards de kilomètres de la terre... Cette pensée m'a fait du bien en ce jour où le trop plein de réel finit par se dégueuler sur le trottoir. Se projeter loin car comment poursuivre, avancer, vivre sans un début de rêve. Aller voir ailleurs si j'y suis ...