[le site de Fabienne Swiatly ]

La trace bleue ce n'est presque jamais l'encre.

belley I

Dernière année en CAP électricité. Douze garçons entre 16 et 18 ans dans une petit commune de l'Ain. Lui, appelons-le Mourad, étale tout son corps sur la table et la feuille pendant l'atelier. N'écrit rien ou presque. Baille ostensiblement. Deux phrases qu'il aligne sans aucune faute : La feuille de papier est un oreiller. Là-bas c'est là-bas. Il lit ensuite la phrase au reste de la classe puis son long corps se replie sur la chaise. Pas une phrase de plus. Le reste du groupe est plutôt actif, même ceux arrivés en France, il y a un an, après avoir quitté l'Albanie. Mêlant leur langue d'origine avec des phrases en français. Cinq fois deux heures d'atelier. Cela se passe bien même s'il faut les secouer un peu. Ils aiment quand je leur lis des textes. Les miens, Charles Pennequin, Xavier Durringer... A la fin du dernier atelier, je montre les photos prises le tout premier jour pendant le cours d'EPS où ils préparaient un spectacle de cirque. Sur plusieurs photos on peut voir Mourad exécuter des salto avant et arrière. Je ne les connaissais pas encore alors j'avais oublié sa souplesse et son dynamisme dans la salle de sport. Donc ici la feuille de papier est un oreiller et là-bas c'est le lieu du mouvement. Je suis contente de l'avoir pris en photos. Il se regarde puis se redresse sur la chaise.