Classe de seconde dans un lycée généraliste de l'Ain. Cinq séances pour faire écrire une nouvelle, exercice très difficile mais j'ai dit oui. Pour des raisons financières et j'ai déjà tenté l'expérience plusieurs fois, j'ai une technique qui marche assez bien. Elle, je la repère de suite : des yeux qui m'évitent, les épaules rentrées et presque, elle me tourne le dos. La première proposition est une manière de se présenter. Elle n'écrit pas : Je n'ai rien à dire, c'est trop dur. Et j'ai cette réponse qui m'échappe : C'est parce que tout peut être dit que c'est dur. Pour la deuxième séance, je propose de décrire un lieu et une ambiance. Je l'aide, elle accepte et se débrouille plutôt bien avec les bruits et l'agitation d'une fête foraine. Elle me sourit. L'enseignante a voulu me raconter : son refus de l'école, la famille ... mais je n'ai pas voulu savoir. Je n'ai pas à savoir. A notre grand étonnement, elle lit un extrait de son texte à toute la classe. C'est peu. C'est beaucoup. Je suis certaine que la lecture du début de King Kong théorie écrit par Virginie Despentes y est pour quelque chose. Destin de femmes est le thème choisi pour l'ensemble des nouvelles.