Parfois. Rien. Parfois rien ne vient. On voudrait écrire quand même. On s'obstine. Écrire c'est notre métier. Notre mode d'expression. Mais rien. La barre verticale clignote sur l'écran blanc. Sans impatiente, sans dépit. On se dit à soi-même : si tu n'as rien à dire, tais-toi ! Va faire des photos ! Va marcher sur le chemin ! Lis un livre ! Mais, le problème est qu'on a rien envie de faire. On aligne tout de même quelques lignes pour le bruit familier des doigts sur le clavier. Pour l'alignement des phrases. On insiste. Contre l'écran, contre soi. La page blanche, l'écran vide c'est avant tout la peur de ce qui pourrait s'écrire. Ce qui pourrait surgir. Parce que ce serait trop violent, trop impudique. Pire ce serait mou. Le mou de son propre corps. Le mou de ses propres pensées. L'absence de courage. On voudrait secouer le cocotier. Ébranler la blogosphère (oui on utilise parfois des mots pareils ). Tirer sur la corde ou donner le coup de hache qui soit de la littérature. Mais non. C'est mou. On a cherché dans les mots des autres et on n'a pas trouvé de quoi pimenter sa prose. Alors on aligne. On relit. On hausse les épaules. Les yeux s'échappent vers la fenêtre mais les nuages gris rosé du ciel ne parviennent pas à électriser ni la phrase, ni le paragraphe. On a mis noir sur blanc l'absence de goût d'une journée. On espère que demain... et on flanque un point final au tout, ça au moins cela fait un peu de bruit.