[le site de Fabienne Swiatly ]

La fumée bleutée d'une Gitane ou d'une Gauloise, les cigarettes que je ne fume plus.

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Je m'étais levée tôt, lavé les cheveux, j'avais mis une robe en laine beige, conduit les 1h20 de trajet, trouvé une place de parking, souris au garde de l'entrée et puis je n'ai pas pu. J'ai salué l'auteur qui partageait ma table et que je ne connaissais pas, bu un café chaud, salué les organisateurs, lu la quatrième de couverture d'un livre édité chez Stock et puis je n'ai pas pu. J'ai attendu l'arrivée d'une amie auteure, j'ai dit ma difficulté à me tenir là, j'ai sorti un crayon de papier et le carnet, j'ai regardé les auteurs de BD qui s'affairaient déjà dos courbé sur le dessin dédicace, j'ai constaté que les têtes d'affiche étaient en retard et puis je n'ai pas pu. Malgré l'engagement donné, malgré la riche rencontre organisée quinze jours auparavant dans la médiathèque d'un petit village, je n'ai pas pu. Pas pu rester à attendre le chaland, pas pu rester avec mes deux pauvres livres posés sur le tissu noir et je suis partie. J'ai toujours souffert (c'est le mot juste) dans ces lieux du rassemblement de l'écriture qui pour moi ne sera jamais une mais toujours unique. Il est tant de lieux où j'aime rencontrer le lecteur, lire mes textes ou ceux des autres, partager l'écriture comme un outil pour interroger le monde. Il est tant de lieux où j'aime venir avec la littérature même si on ne l'attend pas : avec les enfants abimés par la vie, les privés de liberté, les tenus à distance des mots et des livres. Alors je suis partie. Chez moi, j'ai poursuivi mon texte Coudre des jours, j'ai relu la pièce de théâtre en cours, j'ai photographié l'Arclusaz enneigé, j'ai mangé avec ma famille, j'ai préparé l'atelier de lundi où je vais retrouver une vingtaine de jeunes qui m'attendent ou pas. Et cette phrase si juste de mon compagnon : Au travail, il faut toujours se respecter.