Ateliers d'écriture à Crest, à Tinqueux, à Voiron, à Bourg en Bresse, à Lunéville, à Lyon ... Des enfants, des adolescents, de jeunes adultes et toujours le même constat : l'un ou l'autre écrivant pour qui c'est une révélation. Une déchirure lumineuse dans une journée de grisaille. " Je ne savais pas que j'aimais écrire" - Pas tous, mais le plus souvent pour ceux qui ont du mal avec la grammaire, l'orthographe et donc, bien entendu, (mal entendu ?) avec le sens. Mais aurais-je encore l'énergie pour embarquer une vingtaine d’élèves minimum vers l'écriture, la lecture ... Chaque année, je sens, sans parvenir à vraiment nommer, que l'ambiance s'alourdit. Est-ce moi qui fatigue ou l'institution ? Comme cette jeune professeure, si enthousiaste il y a deux ans, qui n'a plus que la maladie pour échapper au trop de pression, l'autre professeur qui me dit son absence de motivation, et celui-là qui me fait entrer dans la classe et passe son temps sur son téléphone portable, pas concerné. Et les portails comme des entrées de prison, et ceux qui ont les yeux embués de devoir s'exprimer sur leur avenir. Pas même quatorze ans et ils doivent décider de leur orientation. Et celle qui aurait aimé suivre une seconde générale et me dit que sa prof d'histoire lui a dit : "Toi, tu n'es pas apte pour le lycée général. Point barre". La liste est longue, grise et peu enthousiasmante. Alors il me faut retourner aux écrits de l'atelier et à cette élève de 6ème qui intitule son texte : Touche pas à mes rêves ! L'écriture qui crie. L'écriture qui exige. Tenir bon avec ses rêves.