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La couleur absente de la Lorraine.

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Je ne parvenais pas à dire que j'étais fatiguée. Je ne parvenais pas à croire que j'avais besoin de silence, de ralentissement. Je continuais à dire il faut, il faut, il faut. L'écriture était une torture, l'écran me brûlait les yeux et aucun livre ne parvenait à me parler. Pourtant il faut. Aucune nuit ne réussissait à me donner tout le sommeil dont j'avais besoin. J'avais honte de ne plus pouvoir. Et il y a eu cet arbre. C'était à Saint Antoine de l'Abbaye, je venais de proposer une pérégrination poétique. J'avais lu et des gens m'avaient suivie. Et là j'étais dans la voiture à vouloir trouver un lieu où me connecter. Il me fallait répondre à mes mails. Et de la voiture, juste avant de démarrer, j'ai vu cet arbre, j'ai vu l'ombre sous l'arbre et je n'ai pas démarré la voiture. J'ai regardé l'arbre dans l'absence d'air de l'habitacle et je me suis décidée. J'ai été m'allonger dans le cercle d'ombre. Il y faisait bon. J'ai regardé un long moment les feuilles par en dessous, plus transparentes plus mouvantes vues d'en bas. C'est un plan très courant dans les films. Un plan qui semble vouloir dire : celui qui regarde ces feuilles ainsi par en dessous, pense à la mort mais il n'a pas peur. Je n'ai retrouvé aucun titre de film, juste la sensation de déjà vu. Puis je me suis endormie.