Dresde Mai 2013 - Prendre une photo, c'est raconter aussi tout ce qu'il n'y a pas dans le cadre. Frühlings Markt, marché de printemps sur le Altmarkt platz. De nombreux stands comme sur les marchés de Noël d'Alsace. Produits locaux pour l'essentiel, mais on peut surtout y acheter de quoi boire et manger, d'ailleurs les pommes de terres rôties (Bratkartoffeln) y sont absolument délicieuses. Assise sur un banc en bois, bière polonaise posée sur la table également en bois, je regarde autour de moi. Ce trop de dentelles, de broderies, de fleurs m'attirent l’œil. J'aurais pu photographier la place sympathique, les étudiantes chinoises qui aiment la bière, le jeune couple qui s'ennuie - je l'ai d'ailleurs fait. Pourquoi je choisis ce trop de guipures ? Parce que cela correspond à mon ressenti depuis que je suis ici à Dresde, ville détruite par les bombardements et reconstruite à l'identique, pierre par pierre. Centre ville où l'on se tord les pieds sur les pavés devant les églises, les vieilles demeures, les musées où se ruent le touriste. Rénovation de l'après-guerre, mais aussi rénovation de l'après chute du mur où tout a été repeint à hauteur de touriste. Il m'a fallu prendre le tram (nombreux et très pratiques) pour rencontrer l'en dehors du guide. Ce qui n'est pas destiné au touriste qui VEUT VOIR CE QU'IL Y A VOIR. Il ne peut pas être déçu. Alors quand je reviens dans le centre après avoir photographié quelques friches industrielles et banalités , je cadre cette cabane à dentelles. Je veux cerner cet excès, cette boulimie de jolie et cela me ramène à mon hôte qui à force de m'offrir chocolats, biscuits et pralines pour m'accueillir m'a rendue malade la veille. Je photographie comment le trop peut nous filer la nausée.