Fut un temps où l'écriture et la lecture étaient, pour moi, des activités qui se suivaient l'une l'autre : lire le journal, avancer le chantier d'écriture, lire le courrier, reprendre le chantier d'écriture, lire un livre, regarder le journal télévisé, écrire dans les carnets (qui m’accompagnaient aussi dans mes déplacements), relire le chantier d'écriture, lire un livre avant de m'endormir. Depuis quelques années, c'est souvent tout en même temps ou presque. Sur l'écran plusieurs pages, fichiers, onglets ouverts en même temps et des traces écrites que je laisse en divers lieux : sur mon site, ma page facebook, les articles sur Remue.net, les publications de Publie.net et bien d'autres sites. L'écriture souvent associée à la photo. Occuper le terrain avec d'autres écrivains pour que littérature ne soit pas qu'une question de marque de liseuse ou de tablette, mais bien une affaire de contenu, de propos, de revendication, de réflexions qui permettent d'exister et de mieux comprendre le monde. Pour que celui qui tape le mot esprit sur Google se voit offrir autre chose que le site et les lieux de vente d'une marque de vêtement. Ces nouveaux modes de diffusion et d'échanges suscitent de nombreuses peurs qui viennent s'agglomérer autour d'une question qui, à mon avis, n'est pas la bonne : le livre survivra-t-il au numérique ? Car je suis certaine de leur cohabitation. Il serait préférable de s'interroger sur la mission des passeurs (bibliothécaires, libraires, enseignants, artistes etc) face à cette littérature contemporaine qui semblent nous échapper à ne pas vouloir se cantonner dans l'espace rassurant du livre papier. Il se trame de belles choses sur la toile, c'est parfois un peu désordre, c'est parfois chronophage, c'est parfois déconcertant, mais c'est souvent passionnant : et vous invite à écouter le propos de Lionel Pujol, bibliothécaire sur la médiaton numérique. Une histoire de pêche et de restaurant.