[le site de Fabienne Swiatly ]

L'encre du tatouage qui bleuit avec le temps.

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24 élèves dont je ne sais rien. Une classe. Une classe en bac pro. Vénissieux, lycée professionnel Marc Séguin. Des hommes, des jeunes hommes, des élèves. Et le bruit. Leur bruit. Agitation. Avec moi leur professeur et la documentaliste. Dehors le brouillard. Dedans la classe. Mouvement des bras, des têtes, des bouches, des tables. Le mouvement de la vie ? S’asseoir – faire groupe. Se relever. Parler de moi. Parler de mon travail d’écrivain. Partager. Exister au milieu d’eux. Parfois ils m’écoutent, ils me suivent. Puis leurs yeux me quittent. Pas tous les yeux mais suffisamment pour que le mouvement redevienne agitation. Eux – moi – chacun d’eux. Une classe. Parler à la classe. Parler à chacun. Pas facile. Dire. Me dire. Leur dire. Raconter l’écriture. Raconter l’usine. Raconter le père, la mère, les frères, l’alcool. ça écoute. Ma vie n’est pas la leur, mais ma vie peut rencontrer la leur. Je veux croire au partage. Je crois au partage ! Envie d’en savoir plus. De eux. De la classe. De chacun. Agitation, mouvement, bavardages … où sont-ils ? Placer ma voix. Mon histoire. Moi une femme, écrivain.Écrire j’y crois. Écrire m’a ouvert les yeux, m’a ouvert le monde. Écrire pour échapper à ma condition. Écrire pour exister. Et eux, ils croient en  quoi ? Eux, la classe qui est un tout qui n’est pas chacun. Visages si différents et celui qui dit dans l’agitation : l’usine j’ai pas envie d’y travailler.  ça peut se comprendre. Le père non plus, les frères non plus ne voulaient pas travailler à l’usine. Eux que veulent-ils ? Que peuvent-ils ? Je ne sais pas. L’écriture pour élargir l’horizon.  Pour quitter l’entonnoir des préjugés.

Alors je leur dis Vous êtes mon avenir, mais savent-ils combien je prends cette phrase au sérieux ?