[le site de Fabienne Swiatly ]

Le métallisé des eaux profondes, le bleu glacé des torrents.

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Après avoir emmené une amie aux urgences de l'hôpital militaire de Desgenettes le plus proche de son domicile, nous voilà quelques heures plus tard dans une chambre, rassurées sur son sort, à interroger chacun du personnel : médecins, infirmiers, soignants, administratifs... pour savoir s'ils sont des engagés et il s'avère que oui. Ils affirment avec fierté se sentir appartenir à une belle et grande famille. Notre étonnement et le souvenir qui nous revient de nos frères, compagnons et amis qui rivalisaient d'imagination et parfois d'inconscience pour échapper à l'armée alors encore obligatoire. Avec pour crainte suprême de se retrouver dans un régiment en Allemagne. Simuler une psychose ou la provoquer en avalant médicaments et excitants, parfois une vraie dépression à la clé qui obligeait à l'hospitalisation. Certains s'engageant dans des comités d'insoumis avec le risque de longs mois en prison ou de régiment disciplinaire. Ceux qui trouvaient une planque et profitaient alors pour passer le permis voiture et poids lourds. En tout cas cela occupait les têtes et certaines soirées où chacun racontait son parcours : réformé P4 ou P5 ? Notre soulagement au vote de la loi  en 1997 qui suspendait l'appel sous les drapeaux de tous les français, parce que nos fils ou ceux à venir ne connaitraient pas cette situation. Avec tout de même, certains qui pensent que l'armée était le lieu de la mixité sociale, du repérage de l'alphabétisation et que peut-être une armée de métier, à la solde du pouvoir en place, représente un danger en cas de dictature ou de guerre civile - ce qui bien sûr n'est pas envisageable dans le pays des droits de l'Homme.