[le site de Fabienne Swiatly ]

Le métallisé des eaux profondes, le bleu glacé des torrents.

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Cambouis d’Antoine Emaz est un livre qui me porte en un période difficile avec l'écriture. Le sentiment de me traîner derrière les mots. De les supplier de dire. Alors ce livre qui me parle, expression que je n’aime pas utiliser d’habitude, mais comment dire autrement d’un livre qui entre en conversation avec ses questionnements les plus intimes. Un livre écrit sans emphase sur le travail d’écriture poétique.
Le livre ne me quitte pas. Je lis, souligne, relis et me dis : c’est ça oui c’est ça. Peu de livres dans la vie qui me collent ainsi : Le plaisir du texte de Roland Barthes, Ecrire de Marguerite Duras, Plume d’Henri Michaux, Frêle bruit de Michel Leiris,  La chasse à l’amour de Violette Leduc… si tout de même; les titres et les auteurs qui reviennent de suite.

Extraits de Cambouis : un poème, c’est de la langue sur une émotion qui rend muet. Il va contre ce mutisme, il est donc bien un exercice de lucidité, d’élucidation. Par les mots, je retrouve un peu prise sur ce qui oppresse. Par les mots, je me décale, je prends un peu de distance, je ne suis plus complètement dedans. On écrit sans doute moins pour ne plus avoir mal que pour comprendre de quoi on souffre exactement. […]

En simplifiant, on pourrait peut-être dire qu’en vers, il y a une saisie verticale du mot, alors qu’elle est horizontale en prose.  […]
La page reste une sorte de réplique à un choc ; elle travaille ce choc ; elle ne l’explique pas plus qu’elle ne l’efface ; elle pose ce choc, autant que possible.  […]

Pourquoi écrivez-vous ?
Parce qu’il faut.

Cambouis – Antoine Emaz,  Seuil-déplacements, 2009