6 - Inscrit sur le carnet noir : lister pour neutraliser le mot usine. Et depuis des listes sur les lieux qui ont marqué : Port de bouc - Fos-sur-mer - Bolloré papier à Thonon - Le Tricastin - Vielle la Gironde - Elf Atochem - Cimenterie de Rombas (je retiens plus facilement le nom de la ville accolée que celui de l'entrepreneur). Souvenirs aussi des usines vues dans les films ou documentaires (l'usine Wonder avec l'ouvrière qui ne veut pas y retourner après la grève). Liste aussi des métiers qui me viennent à l'esprit : ajusteur, soudeur, électricien, chauffeur, fraiseur, ouvrier spécialisé, monteur...
Ingénieur et directeur qui ne parviennent pas à entrer dans la liste. En dehors de l'usine. Secrétaire non plus. Alors la question s'impose : de quelles usines je veux parler ? De quelles fonctions ? M'éloigner de l'usine familiale ?
Ouvrir mon champs de réflexion, alors une autre liste s'impose : quels lieux de travail peuvent de nos jours se rapprocher de l'idée d'une usine. Les hypermarchés ne sont-ils pas des usines à commerce ?
Tout l'intérêt des listes est de se confronter à ce que notre mémoire a gardé (a décidé de garder). Puis se rapprocher de son sujet et découvrir une nouvelle motivation à son écrit.
Nourrie des textes de Georges Perec et des Notes de chevet de Sei Shonagon, j'ai toujours trouvé reposant et très instructif, de faire des listes : des noms de rue de ma ville natale aux derniers instants vécus avec ceux qui sont morts.
31 - Cimenterie au bord du périphérique à Saint-Egrève, à l'entrée de Grenoble. Visible de la route, mais plus on s'en approche, plus elle nous échappe. Murs qui fondent dans les rangées d'arbres et totalement invisibles, on imagine, quand les feuilles recouvreront les branches. Dans cette zone industrielle où peu de monde habite, à qui l'usine doit échapper ? Paysage préservé pour le seul personnel et les quelques rares passants.