2 - Finir le boulot
Laboratoire avec le metteur en scène, les deux comédiennes et le musicien au NTH8 de Lyon. Je leur soumets le texte en cours d’écriture. Une vingtaine de fragments qui tentent de déplier une histoire vraie. Les comédiennes lisent, me rassurent, me demandent de ne pas défendre le texte. En rester au brouillon, à la tentative. J’écoute, j’ai mal au ventre. Je voudrais disparaître. J’ai honte de n’avoir écrit que cela. Heureusement, je constate que la lecture des comédiennes me permet d’entendre ce qui fonctionne déjà bien et ce qui demande à être retravaillé. Les improvisations m’aident à trouver de nouvelles pistes d’écriture. Pendant cinq jours nous passerons ainsi de la table de lecture au plateau... Lire la suite sur Remue.net
1- Rencontrer le désir
C'’est un soir, à la fin d’un repas. Au moment de se quitter on s’attarde encore un moment sur le pas de la porte. L’homme qui se tient debout devant moi, casque à la main, me parle de sa sœur. Il dit j’avais une sœur handicapée, elle avait une hypsarythmie, elle est morte à vingt-deux ans. Elle est née deux ans après moi. Je pose quelques questions sur cette sœur dont j’avais vaguement entendu parler. Il ajoute, elle s’appelait Annette et je voudrais que tu écrives un texte sur cette histoire. Écrire l’histoire d’une autre. Rencontrer le désir de création d’un autre. Je suis intimidée... Lire la suite sur Remue.net
3 - Ne savoir rien ou si peu
Noter avant d’entrer dans la longueur du texte. Dessiner aussi ou plutôt griffonner, mais comme souvent je n’aime pas le résultat alors je recouvre d’adhésif transparent. Avant d’ouvrir un territoire d’écriture, je dois continuer à me perdre et ne pas figer trop vite mes émotions avec des phrases. Alors dans le cahier rouge intitulé Annette 1, je mets en face à face un électroencéphalogramme, celui qui décela une hypsarythmie chez un bébé de quatre mois et des photos de prises de courant défectueuses, j’aligne mes notes de lecture de Figures du handicap écrit par Simone Korff-Sausse avec une série d’images de pieuvres ... Lire la suite sur Remue.net
13 - Finir le boulot
Nous avions dit le 30 juin et j’ai envoyé le texte le 3 juillet. Texte fini. Les comédiennes vont se l’approprier pendant l’été. Clic droit et le texte me quitte. Soulagement, je vais pouvoir penser à autre chose. Peur aussi, celle de ne pas avoir assez travaillé. De ne pas avoir assez sué. De retenir le meilleur. Que le texte à écrire viendrait seulement maintenant... Lire la suite sur Remue.net
12 - Sortie de chantier
Le spectacle n’existe pas encore, pourtant nous allons "devoir" en montrer quelque chose à du public. Sortie de laboratoire au Théâtre de Vénissieux. Je suis inquiète. Je trouve l’exercice périlleux, que peut-on montrer de ce qui se cherche encore, se fabrique à peine ? Que vaut-il le coup de montrer ? Ne risque-t-on pas de figer le spectacle ? En cas de réactions sceptiques, le doute peut envahir l’équipe, en cas de réactions positives, les territoires d’exploration pourraient se rétrécir prématurément... Lire la suite sur Remue.net
11 - Il a fallu
Il a fallu plusieurs jours sans énergie à croire que l’écriture avait disparu et se retrouver bien démunie à s’inventer encore du désir. Il a fallu jeter la télécommande loin de l’écran comme à chaque fois qu’il s’agit seulement d’oublier l’angoisse poisseuse. Il a fallu arrêter de regarder chaque message envoyé comme s’il avait le pouvoir de changer le cours de la journée. Il a fallu exiger un peu de silence au monde qui toujours veut vous raconter une histoire nouvelle. Il a fallu une longue marche dans le parc de Parilly avec la belle lignée de patineurs tous habillés d’un même rouge, le vieux couple de magrébins qui se donnaient si joliment la main et l’homme qui prenait en photos des oiseaux que lui seul voyait... Lire la suite sur Remue.net
10 - Dans la boue
Tristesse contemporaine. L’étrange nom d’un groupe dont la musique lancinante accompagne l’écriture. Nous sommes lundi. Il fait encore beau et la neige domine les élans du printemps, mais j’ai quitté le paysage. Derrière l’écran de l’ordinateur un mur blanc, ce dont j’ai besoin pour rester concentrée. Longtemps j’ai cru ou bien l’on m’a fait croire que l’écriture était une question d’inspiration. Foutaises inventées par ceux qui n’admettent pas que les Dieux sont une invention humaine... Lire la suite sur Remue.net
9 - Poursuivre
Salle Malraux à Chambéry qui nous accueille pour un nouveau laboratoire. Lecture à la table du texte qui prend forme. Les comédiennes disent. Je suis attentive, je dois repérer les facilités, les faiblesses, le mou du langage, l’alignement de blabla.
Monologue du frère, du père, scène dite du masque... Sylvain Ferlay, le musicien propose des bruitages, improvise une chanson, accompagne les premières scènes du plateau. Certains passages de la pièce sont transformés en didascalies. Ma présence permet une utilisation plus souple du texte : enlever, ajouter, repérer des répétitions, transformer des mots en images, donner corps... Lire la suite sur Remue.net
8 - Partager le doute
Depuis quelques temps, j’ai accepté que mon manque de concentration ne soit pas forcément un signe d’impuissance, mais peut-être une certaine manière de m’approcher des territoires troubles d’un écrit.Quand je pense à autre chose, je vérifie la capacité de mon sujet à s’imposer dans mes pensées. A être là malgré tout.
Annette est en attente depuis quelques jours (semaines ?) dans un dossier nommé TXT en cours. Je ne l’oublie pas. Je mets à coin pour utiliser une expression du Sud-ouest.Annette est là sur la couverture du deuxième cahier de notes, dans les mails échangés avec le metteur en scène, le choix de livres à lire, les rêves qui parfois secouent le silence de la maison. Dans l’intranquillité de mes journées... Lire la suite sur Remue.net
7 - L'appel aux Dieux
Ouvrir le cahier de notes. Relire malgré l’écriture de plus en plus illisible, les doigts qui cherchent les touches de l’ordinateur. J’ai acheté un stylo à calligraphie mais le résultat est encore plus moche. Les traits partent dans tous les sens, le poignet fatigue vite et la plume résiste parfois au papier. Je ne sais plus écrire à la main !
6 - Justifier l'errance
La neige dehors et le ciel si bas que l’intérieur du bureau est un vaste refuge. Écrire. Se tenir loin de la messagerie, de Facebook et de Twitter, trop de bavardages. Écrire dans le flou des intentions. Répondre aux questions des futurs programmateurs qui ont oublié le saut dans le vide que représente la création. Surtout ne pas écrire ce que l’on sait déjà. Tenter autre chose. Suivre l’intuition. Ne pas chercher le chemin le plus court, la ligne droite. Pourtant, il faut expliquer ce que l’écriture du fragment permet pour que la confiance soit donnée. Dire où l’on va malgré la nécessaire errance. Rédiger des explications pour le dossier de présentation. Mettre au clair. L’exercice n’est pas forcément vain, simplement la crainte d’indiquer un chemin que l’on ne prendra peut-être pas ... Lire la suite sur Remue.net
5 - Retrouver du silence
Il y a eu l’expérience d’écrire ensemble sur le thème de l’empêchement avec le metteur en scène et les comédiens-compagnons du Geiq. Je me suis appuyée sur un interview de Valère Novarina paru dans le Matricule des anges pour nourrir une première proposition. Il explique son besoin d’écrire texte au mur et pourquoi il ne supporte plus le texte couché. Alors nous faisons de même, nous passons des notes sur la feuille couchée à l’écriture debout. Écrire dans la verticalité du corps, écrire sur le miroir, puis s’éloigner du texte pour relire. Puis interpréter le texte dans l’immédiateté de son invention... Lire la suite sur Remue.net
4 - La place des autres
La création d’un spectacle qui amène à la résidence et de la résidence à l’animation d’ateliers. Théâtre de Vénissieux. Des femmes et des enfants. Des femmes de tous les âges et le metteur en scène. On fait groupe, on se meut, on tente ensemble de jouer. Jouer sérieusement. Des corps en action, des corps qui sautent, des corps qui rejoignent le sol. Il y a de la joie en ce samedi après-midi malgré le froid. On est loin des files d’attente du supermarché où Noël est aussi lourd qu’un caddie.